Voisin direct des Echezeaux et de la Romanée Saint-Vivant, les Suchots constituent un premier cru qui pourrait légitimement prétendre au grade supérieur. Menée de main de maître par la famille Confuron père et fils, la plus grande parcelle du cru exprime avec intensité et race l’âme de ce cru unique.
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La viticulture
Le sol est travaillé avec des buttages et débuttages faits selon les règles traditionnelles, ce qui coupe l’herbe et explose les argiles par le froid, rendant le sol plus perméable et permettant un bon enfoncement des racines. L’ébourgeonnage serré, régularisant la charge des raisins, a toujours été pratiqué, même dans les terribles années 1970 et 1980 où la viticulture locale se laissait aller. Les vignes sont palissées haut (1,80 m) ce qui donne une belle surface foliaire, les traitements sont faits à partir de produits bios, et sans excès de cuivre (2 litres/ha) même si les deux frères émettent des réserves sur des effets pervers potentiels liés à la confusion sexuelle (déséquilibres écologiques avec remontée de populations dangereuses d’insectes auxiliaires, pyrales, cochenilles, cicadelles vertes, susukii) et sur la non bio-dégradabilité des diffuseurs.
La vinification
Par tradition familiale, les vendanges se font assez tard à maturité complète du raisin, malgré tous les risques climatiques, car les vendanges ne sont jamais égrappées. Le tri se fait à la vigne et sur table portative à la parcelle. Le raisin est apporté au cuvier en bacs, puis mis directement par gravité dans les cuves en bois où les raisins sont refroidis à 7/8 °C, sulfités à 1,5 litre par tonne de raisin (environ 10 à 12 grammes/hecto) comme Jacky l’avait toujours fait et son ancien conseiller Guy Accad, perfectionné par une meilleure homogénéisation de la solution. Cette protection en S02 que la fermentation éliminera permet une sélection des meilleures levures indigènes et rend l’hygiène de la phase de macération pré-fermentaire beaucoup plus efficace.[/col][col width=”six”] S’il le faut, on ajoute un peu de sucre de façon fractionnée pour allonger la phase fermentaire (jamais plus de 1° potentiel) et quelques levures neutres. L’ensemble de la pré-fermentation et de la fermentation allongée peut durer plus de trois semaines, mais les deux frères évitent toute phase de post-macération qui apporte des notes aromatiques qu’ils jugent vulgaires, ce que je confirme absolument par mes propres dégustations.La vendange entière et les pigeages intelligents maintiennent une température de fermentation modérée qui respecte ce qu’il y a de meilleur dans le potentiel du raisin, exalté par la phase pré-fermentaire. Le vin de presse (pressé verticalement) est systématiquement assemblé avant l’entonnage en fûts, avec une faible proportion volontaire de fûts neufs (15 à 25%). Ici, on n’aime pas l’aromatisation inévitable apportée par le bois neuf, au prix d’une plus grande rusticité de la texture pendant les cinq premières années de vieillissement du vin. Les fûts sont achetés à la tonnellerie François, avec chauffe moyenne et des origines alternant l’Allier et la Hongrie (Jean-Pierre ayant longtemps vinifié dans un grand domaine hongrois connait parfaitement la forêt locale et la qualité de ses merrains, coupés sur place par la filiale de François frères). Les élevages sont longs, toujours supérieurs à 20 mois, sans soutirage, puis mis en bouteille sans collage et sans filtrage, le long temps d’élevage ayant naturellement éclairci les vins.
Cette dégustation verticale s’est faite au domaine fin octobre 2014, mais pour le millésime 1978 j’ai ouvert une semaine plus tard une bouteille de ma cave, encore plus chanceuse, et le commentaire et la note se rapportent à cette bouteille.
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