Malgré une fiscalité lourde et la concurrence avec les vins du nouveau monde, le Brésil reste un marché attractif. Longtemps considéré comme « le pays de l’avenir », le destin de ce géant de 200 millions d’habitants semble s’être accompli. Le pays représente la plus grande économie de l’Amérique Latine et la 7e économie mondiale. Les taux de chômage sont à la baisse à des niveaux historiques et l’inégalité sociale régresse depuis 14 ans.
Le marché du vin est également en expansion. Le cabinet de consulting anglais, Wine Intelligence, classifie le Brésil comme un « marché émergent avec un fort potentiel de croissance », à l’opposé des marchés matures, comme la France et la grande majorité des pays européens, mais aussi le Chili et l’Argentine.
Entre 2008 et 2012, la vente de vin tranquille et effervescent a progressé de 35 % dans le pays. Selon l’Institut Brésilien du Vin (Ibravin), l’objectif est que la consommation se développe encore de 30 % en trois ans. Les importations de vins ont aussi beaucoup augmenté, et sont aujourd’hui dix fois plus importantes en valeur qu’il y a 25 ans.
Ce contexte a également profité aux vins français, dont le volume importé au Brésil a doublé ces dix dernières années. « Les exportations des vins français en direction du Brésil ont considérablement augmenté ces dernières années, dans le cadre d’un marché lui-même en pleine expansion. Les fondements économiques du Brésil étant bons et la culture du vin se développant également, on peut espérer que cette croissance se poursuive et qu’elle bénéficie toujours aux vins français », parie Pierre Genest, directeur général adjoint de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux de France (FEVS).
La France occupe aujourd’hui la 3e place en valeur et la 5e en volume, derrière le Chili, l’Argentine, l’Italie et le Portugal. Certes, les importations de vin français sont en augmentation, mais la France et les pays européens ont cédé leur place de premier pays importateurs aux pays du Nouveau monde et cette situation ne semble pas vouloir s’inverser dans un futur proche.
Le grand défi pour les vins français au Brésil aujourd’hui serait celui de transformer en consommation l’image positive dont il jouit dans le monde. Pour Adolar Leo Hermann, propriétaire de Decanter, l’un des plus grands importateurs de vin au Brésil, une alternative serait d’investir dans des produits avec un meilleur rapport qualité-prix, comme les vins du Languedoc-Roussillon. Mais pour cela, il faudra aussi investir en promotion et communication.
« Le Chili, l’Argentine et le Portugal le font depuis 15 ans. Sur les vins français, à part quelques évènements éparpillés par si et par là, on n’a pas grand chose au Brésil », regrette M. Coppelo. En attendant, la France pourrait toujours profiter d’une niche de marché certes restreint, mais toujours prometteur, celui d’un public d’amateurs éclairés et aisés, qui place les vins français largement au dessus de ses collègues du Nouveau monde.
Ana Carolina Dani