Le clos de Bèze est l’aîné des deux chambertins puisque fondé par les moines de Bèze au VIIe siècle. Mais paradoxalement il a fallu attendre plus de dix siècles pour que le champ de Bertin, son voisin, lui accorde l’honneur de le précéder de son nom.
Le vieux clos longtemps entouré comme il se doit d’une fière muraille (dont il ne reste hélas plus grand chose) étend ses 15 ha 38 a 87 ca au cœur de la côte, avec une exposition un peu plus tournée vers l’est et donc plus solaire que le Chambertin.
Comme ce dernier il repose sur des sols argilo-calcaires du Bajocien, un peu plus marneux et blancs dans sa partie haute, un peu plus bruns et ferrugineux dans sa partie basse, mais par chance presque tous les propriétaires possèdent des vignes s’étageant sur toute la longueur de la pente et bénéficiant donc de la diversité créée par l’érosion et par la nature. Ils sont donc en état de produire des vins porteurs de toute l’originalité du terroir.
La propriété est d’ailleurs moins divisée que celle du Chambertin : le principal propriétaire, le domaine Damoy, en possède le tiers. Contrairement à ce qu’on a souvent écrit et malgré leur proximité, le chambertin et le chambertin-clos-de-bèze (qui peut aussi porter l’appellation chambertin sans la mention de clos-de-bèze) se ressemblent peu.
Dans toutes les dégustations comparatives de vins jeunes, le clos-de-bèze apparaît plus souple, plus longiligne, plus raffiné dans sa texture que le chambertin.
Les notes caractéristiques de réglisse s’accompagnent de nuances florales plus nombreuses qui parfois rappellent le musigny. Il lui arrive de naître très discret et de désespérer ses producteurs par la lenteur de son évolution en cours d’élevage et sa timidité dans ses premières années de bouteille, mais son comportement au long vieillissement est sécurisant sauf comme ce fut le cas trop souvent dans les années 1970 et 1980 si les rendements n’ont pas été assez maîtrisés.
Michel Bettane
Crédit photo : BIVB / MONNIER H.