Depuis le mercredi 12 septembre, les tries successives ont commencé dans les parcelles de sauvignon du Domaine de Chevalier, grand cru classé de Graves. A l’issue d’une première sélection de raisins parvenus à maturité, les fruits s’avèrent savoureux, aromatiques et dotés de la belle acidité nécessaire aux grands vins blancs secs. Le rendement s’établit à seulement 40 hectolitres par hectare ce qui atteste d’une concentration naturelle élevée. L’excellente météo de septembre est venue parfaire des raisins blancs dont la maturation a été relativement étalée en raison de la longue floraison initiale. Le type de ramassage effectué au domaine est parfaitement adapté à cette situation : les vendangeurs ne cueillent que le matin, « à la fraîche », en ayant pour consigne de ne déposer dans leurs cagettes que les fruits parfaitement mûrs. L’analyse et la dégustation des baies comme celle des premiers jus confirment les espoirs autorisés par les très belles conditions climatiques offertes à la région bordelaise depuis le début du mois d’août. On retrouvera ces infos, et d’autres encore, sur le site du domaine.
Domaine de Chevalier 2012
Grands bourgognes (entre autres)
Demain à Paris, Christie’s organise une vente de vins fins de près de 480 lots estimés entre 1,4 et 1,8 million d’euros. Outre de grands vins de Bourgogne (Vosne-Romanée premier cru, Cros Parantoux 1985 de Henri Jayer, estimé à 30 000-40 000 euros le lot de cinq bouteilles ou encore une bouteille du Domaine de la Romanée-Conti 1989 estimée à 6 000-8 000 euros), les vins de Bordeaux sont également représentés avec de belles sélections de premiers grands crus dans d’excellents millésime (Château Lafite-Rothschild 1982, bouteille estimée à 4 000-5 000 euros, Château Mouton-Rothschild 1954, bouteille estimée à 1 000-1 400 euros ou Château Mouton-Rothschild 1955, un ensemble de 12 bouteilles estimé à 11 000-15 000 euros). La vente comprend aussi des vins très prestigieux comme une bouteille de Pétrus 1982 (2 000-3 000 euros), deux autres de 89 (4 000-5 000 euros) et une bouteille de Cheval Blanc 1947 estimée à 2 000-2 600 euros. Enfin, si tout cela ne suffisait pas à réjouir l’amateur, qui trouvera ici le lien vers le catalogue, l’une des pièces phares de la vente est une bouteille de Château Lafite-Rothschild 1799 estimée à 15 000-20 000 euros.
Fête irlandaise
Bon, je vais encore me faire appeler Arthur par ceux de nos lecteurs qui n’aiment pas qu’on parle de bière, ou de grande distribution, ou des deux. C’est pas grave, je serais dans le ton : c’est aujourd’hui l’Arthur Guinness Day, jour de célébration de la création de la marque, le 27 septembre 1759. Depuis la recette n’a jamais changé, et les amateurs de cette bière irlandaise au goût puissant, appréciée pour son amertume et son arôme de malt torréfié la trouveront mise en valeur aujourd’hui (comme l’année dernière) dans des centaines d’établissements en France. Si vous êtes en Irlande, alors là c’est carrément fête nationale, ambiance survoltée dans les pubs et concerts un peu partout. Chez nous, pas (encore) de site dédié, mais vous trouverez ici la liste des pubs concernés.
Pour la beauté du chiffre
Chez Balvenie, le maître de chai s’appelle David Stewart et c’est l’un des artisans les plus respectés et récompensés du monde du whisky. Dans la place depuis 50 ans, le monsieur a rejoint la distillerie à 17 ans, un an avant que le single malt ne soit officiellement exporté hors des frontières écossaises. Apprenti pendant douze ans avant de devenir le maître des lieux, David Stewart – son nez remarquable et son palais d’exception – s’est intéressé à plus de 400 000 fûts de whisky au long de sa belle carrière. Il est très admiré par ses pairs pour sa capacité à innover (révolutionner, même) tout en respectant et conservant les méthodes traditionnelles. Pour célébrer cette exceptionnelle longévité, Balvenie sort un rare single malt distillé en 1962. Quatre-vingt huit bouteilles seulement seront mises sur le marché, dont six en France. Confirmant avec humour que le fût 5576 et lui-même avaient « partagé les cinq dernières décennies ensemble à la distillerie » (voir photo ci-dessus) et précisant que « la création d’un single malt est autant art et alchimie que science exacte, l’interaction entre le bois et la maturation du whisky signifiant que chaque fût produira quelque chose d’absolument unique », le modeste David Stewart a fait part de son immense plaisir « de découvrir après un demi-siècle un malt d’exception. » La maturation particulièrement longue, dans un fût de chêne européen de xérès, rarement utilisé de nos jours dans le processus de fabrication du whisky, a permis de créer des arômes doux et floraux avec une belle combinaison équilibrée de notes légères de citron, de miel, d’épices et de chêne. The Balvenie 50 ans sera disponible à partir d’octobre 2012 au prix de vente conseillé (sic) de vingt-trois mille quatre cents euros.
Pour la beauté du chiffre (bis)
D’abord acquis en 2003 par un prestigieux groupe champenois qui souhaitait élaborer un grand bordeaux, les 26 hectares de Château Réaut, situés en surplomb de la Garonne à Rions, près de Cadillac, ont été largement revus aux critères des grands crus (arrachage et replantation dense à 5 500 pieds/ha, sélection des meilleurs plants de vigne, vendanges à la main, petites cuves) avant que le groupe ne change sa stratégie et n’abandonne son projet, en 2009, à l’heure d’un premier millésime excpetionnel. En 2011, Yannick Evenou (Château La Dominique, grand cru classé de Saint-Emilion) décide de reprendre le flambeau et rassemble des amis professionnels du vin et passionnés pour racheter la propriété. Ce groupe de six Bordelais et six Bourguignons, c’est unique, a ensuite décidé de proposer des parts (40 %) du domaine à des investisseurs particuliers, amateurs de bonnes bouteilles, via un groupement agricole foncier (GFA), système bourguignon peu usité dans le Bordelais. Sur mille candidats, quatre cent vingt-sept ont été retenus qui recevront chaque année trente-six bouteilles de « leur » vin. Samedi, ces nouveaux propriétaires viendront participer (enfin, la moitié d’entre eux, et c’est déjà beaucoup) à leur première récolte.
Gigondas à Bagatelle
Ce week-end, l’appellation Gigondas (représentée par son beau millésime 2007) accompagnera la comédie lyrique de la compagnie Opera du Jour qui sera donnée dans l’Orangerie des Jardins de Bagatelle, en partenariat avec la Ville de Paris. De l’Espagne jusqu’à Broadway, « Lyrique au vert » se présente comme un voyage musical en deux actes plein d’humour pour quatre chanteurs et un pianiste. Les quelques 500 spectateurs attendus se verront proposer cette dégustation au verre avant les représentations de samedi soir et dimanche après-midi. Informations et réservations ici
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Toute petite récolte
Du jamais vu de mémoire de vigneron, nous dit-on. Dans le Beaujolais, la baisse prévue se confirme de manière radicale. A mi-vendange, les rendements moyens constatés atteignent péniblement les 20-25 hectolitres à l’hectare quand les chiffres de l’appellation se situent plutôt autour de 52 hectolitres. Avec cette inédite demi-récolte,
le vignoble anticipe des tensions sur les approvisionnements. Heureusement, les raisins récoltés sont très sains,
les conditions climatiques de ces dernières semaines – relative fraîcheur matinale + belles journées ensoleillées avec un léger vent – ayant permis une bonne fin de maturation. Le millésime 2012 s’annonce donc de belle qualité. Pour le moment, la Bourgogne annonce quant à elle une baisse également historique de 15% par rapport à la moyenne de ces cinq dernières années et précise que le volume réel de la récolte devrait être connu fin février-début mars 2013.
Le TupperWine sous les ponts
En cette nuit de tempête, nous avons rendez-vous sur un bateau. Une péniche amarrée sous le Pont-Marie. C’est là que Fabrice Le Glatin reçoit le monde pour un énième TupperWine. Un TupperWine, au-delà du clin d’œil malin, c’est une réunion d’amateurs organisée par Fabrice le blogueur pour initier qui veut aux arcanes de la dégustation. Fabrice y ajoute un goût prononcé pour les vins les moins connus des régions les plus ignorées. Ce qui, forcément, provoque un intérêt accru. Ce soir-là, il affichait complet et nous voilà dans le grand carré d’une péniche doucement secouée par les vagues des bateaux-mouches. Il y a la petite foule habituelle des amateurs, on reconnaît ici et là des amis Facebook, c’est amusant, en moins réseau et plus social, on ne se parle pas trop, timides ? Il y a aussi Philippe Betschart, vigneron bordelais (Graves de Viaud), Bruno Besson, alter-caviste à Ermont venu sans son garde du corps rennais, Théophile fils d’Henri Milan, fameux vigneron provençal, un jeune blogueur vice-champion du monde de dégustation à l’aveugle lors du Concours Pol Roger (bref, une pointure, son blog ici). Pendant que la dégustation se met en place, nous parcourons la péniche. D’un côté, l’autoroute urbaine des voies sur berge, de l’autre les façades altières, historiques et un peu tristes de l’île Saint-Louis. Ce qui m’évoque les ferries du Dodécanèse, les Turcs regardent la côte (turque) et les Grecs regardent le large. Nous ne regardons rien, il pleut des cordes, on n’est pas en Grèce…lire la suite
Une grosse, grosse affaire !
Nuance et demi-teinte ne font plus partie depuis longtemps du principe même de la communication. « La viticulture bourguignonne est aux abois », c’est la première phrase d’un communiqué de presse émis par le CAVB. Bigre. Que se passe-t-il ? Les « naturistes » auraient-ils fait main basse sur les stocks de sulfites ? Un autre Chinois, annoncé par ses dollars, a-t-il l’intention d’acheter le clos de Vougeot ? Un orage de grêle installé à demeure dans le ciel clair de la côte, de Nuits à Beaune ?
Rien de tout ça. Voilà que des instances américaines ont demandé l’autorisation d’utiliser les mots « clos » et château », ce qui aux yeux des Bourguignons et de leurs collègues bordelais est une sorte de coup de poignard dans le dos. Je vous vois bailler d’ennui. Il y a de quoi…lire la suite
Les aventures de Pierre Seillan à Saint-Émilion
C’est tout de même extraordinaire cette soif de démultiplication. L’ubiquité du vigneron en marqueur des temps modernes. Sans nous attarder sur les flying winemakers à propos desquels tout a été dit, il y a d’autres spécialistes du je-suis-partout. Les grands collectionneurs de châteaux, de domaines, déjà. Ils ne sont pas à proprement parler des vignerons. Et il y a les grands vignerons qui ne sont pas vraiment des collectionneurs. Les uns partagent avec les autres un goût immodéré des vins qui portent leur signature. Et ce n’est pas une crise d’ego mal placée. Les uns vous parleront de stratégie, les autres de leur mission, un rapport à la terre d’essence quasi-divine. La vérité est ailleurs, mais bizarrement, ils ont tous du mal à l’avouer. Ils sont simplement passionnés dans des proportions inhabituelles au commun des mortels. Ils sont dévorés par la vigne, le vin, les mystères de la fermentation, cette envie d’épater le reste du monde avec des saveurs et des arômes exclusifs, la course à la reconnaissance.
C’est une drôle d’histoire, un engagement rare, une vocation, tout ceci est très humain. Et une étonnante envie de partager, très peu… partagée, justement. C’est aussi une manière de voyager, de posséder une poignée de portables, une carte Flying Blue Silver, une importance, il y a de l’impétuosité, là-dedans. Ces hommes auraient fait merveille à la tête d’un bataillon dans les guerres romantiques des livres d’histoire. Mais les guerres ne sont plus romantiques du tout et celles qu’ils mènent à coups de bouteilles ont à faire avec la conquête d’un monde qui n’est pas le grand monde. Un univers feutré de grands amateurs qui savent le prix de leurs gourmandises…lire la suite