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Alain Brumont, chroniques de la terre et du rêve

L’homme de Madiran appartient au groupe très fermé des vignerons d’élite de notre planète. En quarante ans, il a hissé ses propriétés au sommet et mis le Sud-Ouest sur la carte des grands vins. L’histoire est un roman, on la raconte

Cet article est paru dans Le Nouveau Bettane+Desseauve 2023. Vous pouvez l’acheter sur notre site ici. Ou en librairie

« On rêve de conquérir le monde et il arrive qu’on y réussisse. Alain Brumont a d’abord voulu montrer à son père qu’on pouvait, au fin fond du pays, dans une région qui ne l’avait jamais tenté, à partir de cépages qui passaient pour rustiques, produire des vins égalant les meilleurs de la planète. Une ambition démesurée, activée par une force de travail hors du commun, un sens de la communication et du commerce ravageurs, une adresse tactique qui l’a fait rebondir plusieurs fois d’un désastre annoncé aux sommets planétaires. »
Avec concision, Michel Bettane avait écrit un jour ces quelques justes mots sur celui qui est devenu l’un des plus grands vignerons de notre époque. Partout en France comme dans le monde, il est reconnu comme tel. Montus Prestige, Montus XL, La Tyre, Bouscassé, Bouscassé Vieilles Vignes, autant de vins devenus cultes. À la tête du seul domaine cinq étoiles du Sud-Ouest dans notre guide, l’homme est une référence absolue comme il y en a peu. Ou plutôt comme il n’y en a pas, dans son pays, à Madiran. C’est là, sur des terres vouées à la culture des céréales qu’il continue de forger, depuis quarante ans, sa légende et celle de son appellation.
Pendant près d’un demi-siècle, ce fils de paysan – de son vrai nom Marc Brumont – a construit à la sueur de son front la réputation mondiale d’un vin, emmenant dans ce sillage victorieux des terroirs fabuleux, un cépage singulier (le tannat) et tout un monde qui ne voulait pas de lui et de sa vision disruptive. Jalousies des voisins, railleries des instituts, moqueries, mises à l’écart et autres stigmatisations ont été nombreuses. La route du grand vin – son rêve absolu – a été longue, éprouvante, douloureuse. Pourtant, cette destinée digne d’un mythe a ses racines, profondément installées dans la personnalité de l’homme derrière Montus et Bouscassé, ses deux propriétés.
Dès son plus jeune âge, Brumont est passionné par la culture de la terre. Avec son père, il assiste du haut de ses 10 ans à toutes les réunions professionnelles où se décident l’agriculture et la viticulture de la région. L’école n’est pas son terrain de jeu. Il fait son lycée, mais la ferme familiale lui manque avec ses champs de céréales et de vignes. À 15 ans, son père lui annonce que l’ouvrier qui s’occupe du domaine est décédé. Il n’a pas les moyens de le remplacer. Alain doit rentrer à la maison, sans préavis, avec pour seule explication que « le lycée, ça ne sert pas à grand-chose pour faire un paysan ». L’occasion pour l’adolescent de faire ce qu’il aime. Rapidement, la volonté brûlante qui sommeille en lui vacille, éprouvée par le travail de titan qu’il faut abattre. Il découvre le quotidien de forçat des hommes de la terre, accomplissant par nécessité et par obligation le travail de trois hommes, sans rien obtenir en échange pour construire la vie à laquelle il aspire, celle des vignes. Jusqu’à ses 30 ans, c’est le bagne du maïs.

On le surnomme « Monsieur de la Romanée-Conti » parce qu’il parle tout le temps du grand cru bourguignon. Ou bien « Monsieur de la Tarière » parce qu’on le croise au début du printemps quand la terre est détrempée, outil de forage à la main, prêt à sonder les sols de l’appellation.

Tout ce temps-là, il nourrit à force d’observation, sa propre réflexion sur la viticulture, développe sa vision du bon vin, capable de refléter avec authenticité les terroirs de Madiran. Ambition rarissime pour l’époque dans ce secteur de la France viticole où l’on a pris l’habitude de faire « pisser la vigne » pour qu’elle donne du volume. Partout, on produit des hectolitres de vrac et l’on vend des litres de mauvais vin à des coopératives bien moins regardantes sur la qualité qu’elles ne le deviendront par la suite. On gagne sa vie comme ça. « Faire de la vigne » est une activité moins lucrative que d’« être dans le céréales ».
Sans économies, le jeune Brumont décide pourtant de passer à l’action. Pour financer ses projets, il vend à la fin des années 1970 un moulin qu’il restaure sur son rare temps libre. Le bâtiment a reçu le prix de la meilleure restauration de gîtes ruraux dans le grand Sud-Ouest. L’argent de la transaction lui permet d’emprunter le double à la banque, avec lequel il achète en 1980 le château Montus, situé dans la commune de Castelnau-Rivière-Basse, en plein pays gascon. À peu près à la même époque, il hérite de son père les 17 hectares de vignes du château Bouscassé, à Maumusson-Laguian. Ces deux terroirs deviennent le terrain de jeu de ses expériences et ses envies. À Bouscassé, il trouve des sols où la variété des types d’argile (blanche, brune, rouge, bigarrée) achève de le convaincre du potentiel des terroirs madiranais. À Montus, les sols de calcaire et de galets présents en nombre à la surface l’interpellent et ébranlent ses convictions en matière de profil de vin. Tout est désormais possible, il ne s’est pas trompé.

Tous contre un
Est-il devenu vigneron pour autant ? Il en doute. Dans ce pays de fermiers, la fonction n’existe pas. Certes, on coupe du raisin, mais seules deux ou trois exploitations vivent de la vigne. Surtout, on ramasse du grain. Le pays s’est spécialisé dans les semences hybrides, notamment celles de maïs, dont le taux de germination frôle la perfection. Un fleuron local, vanté dans les années 1970 par Edgar Pisani, ministre de l’Agriculture sous de Gaulle et architecte du remembrement des campagnes françaises, auprès, par exemple, de l’ancien chef de l’URSS, Nikita Khrouchtchev, lors d’une visite officielle en 1960. Au cours du déplacement, on sert à la délégation soviétique les vins de la région. Séduit par ce qu’il boit, le politique français décide d’octroyer au territoire environ mille hectares de droits de plantation de vignes. Un cas unique à l’époque et une aubaine pour les paysans qui plantent massivement avec l’argent du maïs. Trop vite, le vignoble nouvellement agrandi se retrouve dans une situation de surproduction. Les vins ne se vendent pas ou à bas prix. Les stocks s’accumulent.
Autre problème, lié à la question du goût. La plupart des vins sont durs, astringents, sans charme, voire imbuvables. Les viticulteurs de l’époque contournent le rendement décidé par le cahier des charges de l’appellation, limité à 60 hectolitres par hectare. Comme le vignoble est jeune, les plants sont productifs. On dépasse souvent les 120 hectolitres, le double de ce qui est autorisé. Pas question de se débarrasser du surplus. On l’utilise, on le vend. Les vins sont médiocres, indignes héritiers de ceux qui ont longtemps servi de vins médecins pour le vignoble de Bordeaux. Les guerres mondiales du XXe siècle ont meurtri la viticulture. Mille alambics armagnacais ont été réquisitionnés afin de produire de l’alcool pour les Alliés. Au lendemain de la Libération, la tendance était aux hybrides, miracle génétique productif et résistant aux maladies, dopé par l’utilisation conjointe de produits de synthèse (pesticides et engrais) redoutablement efficaces. Vingt après, échec total, obligation d’arracher. À Madiran, hormis quelques irréductibles, on enfouit profondément ses ambitions d’atteindre une viticulture qualitative et rentable. De toute manière, on gagne plus avec le maïs.

Mouton et Montus
Au début des années 1980 et dans ce contexte inamical, Brumont veut faire son grand vin. Il a rencontré Philippe de Rothschild au château Mouton-Rothschild, l’une des rares propriétés qui l’accueillent. Le baron le fascine, l’inspire. Rothschild le reçoit en poncho sous la pluie, confond madiran et minervois mais connaît bien l’Armagnac. Brumont repart avec quatre ou cinq barriques vides du grand cru pauillacais, pour ses élevages. Un déclic pour l’homme de Maumusson affublé de sobriquets moqueurs dans son propre village où la situation se tend. On le surnomme « Monsieur de la Romanée-Conti » parce qu’il parle tout le temps du grand cru bourguignon. Ou bien « Monsieur de la Tarière » parce qu’on le croise au début du printemps quand la terre est détrempée, outil de forage à la main, prêt à sonder les sols de l’appellation. Il agace. Les paysans deviennent hostiles à son égard. « Il les emmerde avec ses histoires de grand vin ». La situation leur va bien. Le vin se vend, même pas cher. On se débrouille, merci. Lui bouscule tout sur son passage, sans obliger personne à faire ce qu’il fait, mais tout de même en pointant du doigt ce qui ne va pas chez les autres. Pour ses vignobles, il adopte une densité de plantation inhabituelle, 8 000 pieds à l’hectare contre 3 000, pratique dominante dans l’aire d’appellation. ICI ? Autant d’agitation réveille l’Inao qui lui interdit de faire tomber des grappes pour permettre aux raisins de se concentrer naturellement. « Vous allez faire crever la vigne ! », tranchent les techniciens agricoles. « Et puis, il faut mettre une bonne quantité d’engrais quand vous plantez. »
Brumont ne veut pas toucher à la composition de la terre, se contente de mettre un peu de compost qu’il fabrique lui-même. Les on-dit s’amplifient quant à ses pratiques jugées loufoques. Ces rumeurs ne le quitteront plus.

Tout au long de sa carrière, c’est-à-dire toute sa vie, Alain Brumont a cherché à faire partir du cercle fermé des grands créateurs de vin. De ceux qui ne font pas de compromis avec la vérité du raisin et du terroir. De ceux qui risquent, innovent et suivent leur intuitions.

1982, premier millésime de Montus. On ne lui serre plus la main dans les réunions. On le jalouse parce que le vin est un succès qui intéresse une presse spécialisée friande de qualité, sevrée de nouveautés. Jamais aucun vigneron n’avait réussi l’exploit d’attirer la lumière sur Madiran. On le remercie en lui demandant de s’expliquer sur son attitude devant une assemblée de 300 personnes. Certains visitent ses parcelles, sectionnent les rameaux de ses vignes, vendangent ses raisins. Admettre que Brumont a raison et qu’il veut le meilleur pour Madiran, c’est reconnaître qu’on a tort, qu’on travaille mal aujourd’hui et, surtout, que les aînés faisaient mal hier. Pour un paysan français des années 1980, c’est du bavardage. Celui qui devient véritablement le premier vigneron de l’appellation doit se cacher, s’isoler. Quand le premier millésime du château Montus est présenté, on lui reproche de faire du bordeaux parce qu’il ne sait pas faire du madiran. On comprend mal la comparaison faite par la presse qui encense ce vin qui ne ressemble à aucun autre dans l’appellation. Très éloigné de l’astringence classique et de la forte réduction présente dans les madirans de l’époque, Montus doit sa singularité à son élevage en barriques. Une première. Le marché français réagit, celui de l’export s’emballe. Comme le vin est bon, les propriétaires étonnés des plus grands châteaux de Bordeaux se déplacent. Brumont se fait un nom. L’intéressé explique que les raisons de ce succès sont assez simples. Dans les années 1970, des techniciens viticoles peu qualifiés avaient demandé aux vignerons du Sud-Ouest de planter leur vignoble de manière très espacée, afin qu’ils puissent utiliser entre les ceps le tracteur qui servait à la culture du maïs. Récolter entre vingt-cinq et trente grappes par pieds, c’est beaucoup trop pour produire de la qualité. Lui n’en laisse, au maximum, que sept ou huit.
En 1985, sa seule vision vigneronne fait la différence, assurant à Montus et Bouscassé une place définitive dans l’univers des plus grands vins de la planète. Il réussit là où tout le monde échoue : dompter le tannat, le cépage local alors décrié pour sa rusticité. Lui adopte à la vigne des pratiques qui permettent à ses raisins d’atteindre leur maturité optimale, élève le vin pendant deux années dans 100 % de barriques neuves. Ses cuvées sont acclamées par la critique. Pas vraiment par ses confrères locaux qui ne reconnaissent toujours pas la supériorité du vin de Montus. Pour beaucoup d’entre eux, le tannat est juste bon à améliorer des assemblages où dominent cabernet-sauvignon et cabernet franc. Démenti triomphal, brutal. Brumont leur prouve que le cépage peut faire de grands vins. Attirés par son originalité, les chercheurs et les grands vignerons du pays viennent l’aider dans sa quête. On découvre que la résistance naturelle du tannat permet de limiter l’utilisation d’intrants. On travaille sur le sujet, on fouille dans les archives, on redécouvre que ce cépage a toujours été lié à l’histoire du madiran. La décennie des années 1990 voit Brumont continuer sa recherche inlassable de terroirs. En vendant un hectare de terres à maïs, il s’achète dix hectares de terroirs à l’abandon. C’est ce qui lui permet d’acquérir rapidement les meilleurs secteurs de l’appellation. Certains le lui reprocheront au début des années 2000. Le nouveau millénaire coïncide avec l’arrivée d’une nouvelle génération de vignerons. Certains fils de ses détracteurs rompent avec la vision paternelle et commencent à rechercher le conseil de celui qui fait désormais figure d’autorité, au sein de l’appellation, mais aussi sur la scène médiatique où il la représente et ne cesse de la défendre, quoi qu’il lui en coûte.

Un pour tous
L’homme n’a pas perdu de son esprit pionnier. Récemment, il a trouvé avec Antoine Veiry, son beau-fils qu’il forme à prendre sa succession, quatre nouveaux terroirs de premier ordre. Il continue d’acheter pour éviter la spéculation foncière, permettant ainsi aux jeunes de pouvoir s’installer. En matière de vinification, son équipe technique continue ses essais sur les élevages longs, notamment en foudres. Des investissements importants qu’il a consentis dans sa quête du grand vin de lieu. En faisant grossir sa superficie d’action dans l’appellation (et dans d’autres), Brumont se structure comme une entreprise.
Dans cette lutte quotidienne pour faire de son rêve une PME viable, il a pu compter sur Laurence Brumont. Ils se rencontrent pour la première fois à la fin des années 1980 lorsqu’Alain recherche des financement pour son projet pharaonique de construction de chai à barrique souterrain à Bouscassé, premier de ce type dans le Sud-Ouest. Il lui faut des subventions. Elle travaille au développement économique du territoire au sein de la chambre du commerce et de l’industrie du Gers. Conquise par son projet, Laurence l’accompagne dans ses démarches, porte son projet innovant. Et puis elle fait sa vie. Ils se retrouvent en 2003, finissent par ne plus se quitter. En 2009, elle intègre les vignobles Brumont où elle fait ce qu’elle sait faire en coordonnant le développement de l’entreprise. Elle lui donne un cadre, l’organise, aide chaque jour à la rendre performante. Fin 2017, elle endosse le costume de directrice générale. Brumont serait-il le vigneron qu’il est sans l’arrivée de Laurence dans sa vie ? En vingt ans de doutes, de passion et de succès, celle qui l’a connu à ses début s’est muée en une chef d’entreprise accomplie, infatigable ambassadrice des vins de son mari et de son fils Antoine, renforçant aussi bien la place des vignobles Brumont sur la scène internationale qu’au centre de leur territoire, en multipliant les liens avec le tissu associatif et économique local. Quelle énergie.
Aujourd’hui, cinquante personnes travaillent sur les domaines et mangent à la table des Brumont chaque midi, tous ensemble, dans un esprit de cohésion obligatoire. Depuis longtemps, les vins sont vendus en primeur, comme à Bordeaux, seule réponse possible pour satisfaire à la demande sans frustrer les acheteurs, tout en assurant une trésorerie bienvenue. Les prix n’augmentent pas vraiment, sont toujours bas. Ce qui est rare et difficilement tenable compte tenu de la concurrence impitoyable du marché des vins fins. La logique est d’être à la portée du plus grand nombre.

Aujourd’hui et demain
À Madiran, la relève n’a pas encore réussi à s’imposer. Est-ce une question de moyens ? Il en doute. On peut sortir de très grands vins en étant un tout petit domaine, sans compter sur la force d’une structure adossée à des capitaux importants. Le talent, c’est tout ce qui compte. Tout au long de sa carrière, c’est-à-dire toute sa vie, Alain Brumont a cherché à faire partir du cercle fermé des grands créateurs de vin. De ceux qui ne font pas de compromis avec la vérité du raisin et du terroir. De ceux qui risquent, innovent et suivent leur intuitions. Quarante ans après s’être auto-persuadé que madiran pouvait faire partie des plus grands vignobles français, il voit d’un œil un peu dubitatif les évolutions récentes du profil du vin qu’il a inventé pour l’appellation, jugeant superflu tout ce qui viendrait travestir un travail authentique et l’empirisme vigneron. À Madiran, le tannat peut faire des vins très différents, tantôt fruités et souples dans leur jeunesse, tantôt riches et racés. Dans tous les cas, le cépage s’est éloigné de sa réputation de vin capiteux et solide qu’on ne peut boire que l’hiver. Les nouvelles modes du vin l’inquiètent, comme le manque d’ouverture sur le monde des jeunes diplômés d’aujourd’hui. Lui veut transmettre le contraire à la jeune génération. Il la souhaite avant-gardiste et innovante, même s’il a conscience que le combat vers la modernité réclame des sacrifices et une volonté sans cesse renouvelée. Un grand vigneron, c’est avant tout un créateur. Sa création existe par la différence. Elle a inspiré plusieurs générations qui ont souhaité vivre un rêve similaire, tous unis dans une même vérité, celle de la terre et du travail.

Photo : Mathieu Garçon

Le Féret, deux siècles d’histoire, un pied dans le futur

L’incontournable guide Bordeaux et ses vins fait sa révolution. Elle est digitale. Un changement en profondeur à découvrir dès le mois de février

Le Féret à Bordeaux est une institution. Deux siècles de données et de connaissances lui donnent une expertise unique. Sa force a toujours été d’apporter des informations qualifiées, structurées et vérifiées. D’être précurseur aussi. Publié en 1850, cette somme encyclopédique de référence a préfiguré le classement de 1855. La nouvelle solution numérique, après trois ans de conception, poursuit sur cette lancée en allant toujours plus loin dans son offre de contenus et de service, mais aussi dans la fiabilité des informations (validées par le Badge Féret), des notes ou des médailles mentionnées. « En me portant acquéreur de la société Féret, j’avais à cœur de perpétuer la richesse de 200 ans d’histoire. Je voulais également la projeter sur une trajectoire solide et ambitieuse. La gestion de la data, l’optimisation des process et la fiabilité des informations nous permettent de penser que Bordeaux et ses Vins va devenir rapidement un outil numérique de référence pour la filière », assure Stéphane Zittoun, directeur général des Éditions Féret depuis 2019.

Des fiches techniques en huit langues.

L’info pour tous
Taillée sur mesure pour faciliter la communication des vignerons, cette solution complète, ergonomique, efficace et multilingue, est dotée d’un puissant gestionnaire des fiches techniques, ces indispensables cartes d’identité de chaque vin. Leur création est assistée et automatisée de leur conception jusqu’à leur diffusion en huit langues. Un gain de temps. Facilité et rapidité sont aussi de mise lorsqu’il s’agit de présenter la propriété, les équipes, les activités œnotouristiques. Il suffit de ne renseigner ces informations qu’une seule fois pour qu’elles soient centralisées et viennent alimenter des fiches à destination de publics différents de manière personnalisée et sans aucune nouvelle saisie. Cet outil permet en outre de suivre les téléchargements et les consultations des fiches par langue et par destinataire, pour un suivi commercial pertinent. Les abonnements sont modulables en fonction des besoins. De la formule gratuite limitée jusqu’à la formule premium à 2 000 euros par an. De leur côté, négociants, courtiers et cavistes bénéficieront d’une information à jour, validée et certifiée. Les acheteurs internationaux, au-delà de ces garanties, ont la possibilité de choisir la langue de leur choix. Pour l’amateur, le Féret reste cette bible d’informations exhaustives, désormais actualisées en temps réel et disponibles gracieusement en quelques clics.

Automatique, instantanée, la magie du digital
Partager en temps réel l’actualité des domaines, c’est aussi un atout majeur du numérique. Le Féret a établi des accords avec les concours nationaux ou internationaux ainsi que des critiques et des guides réputés, de manière à ce que soient ajoutées automatiquement les nouvelles médailles et notes (sous réserve de disposer des droits d’usage) obtenues. Le tout étant systématiquement traduit en huit langues. A cela, s’ajoute l’envoi hebdomadaire des mises à jour aux contacts (particuliers, cavistes, négociants, importateurs, etc.) via un carnet d’adresses personnel et sécurisé. À la pointe de l’actualité, Bordeaux et ses Vins intègre déjà les nouvelles obligations légales relatives à l’affichage des valeurs nutritionnelles. Bref, c’est tout ça le nouveau Féret.

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www.feret.com
Bordeaux et ses Vins
20e édition, parution prévue en 2024, 130 euros.

Disparition de Gilles Descôtes, ancien chef de caves de Bollinger

Présent depuis vingt ans dans la maison emblématique d’Aÿ, Gilles Descôtes fut jusqu’il y a peu son chef de caves, après avoir été directeur du vignoble. Ce dimanche, la maladie l’a emporté beaucoup trop tôt. L’homme a su moderniser, sans le trahir, le style si caractéristique de la maison et a participé avec conviction et précision, à la création de nouvelles cuvées qui ont marqué les esprits et les palais. Son successeur Denis Bunner nous racontait comment le choix d’un vin de pinot noir issu du vignoble de Verzenay qu’avait imaginé Gilles Descôtes s’était imposé comme le concept de la cuvée PN, créé à partir du millésime 2015, à la manière de Gilles, avec conviction, simplicité et gentillesse. À sa famille et à toute l’équipe de Bollinger, nous adressons nos plus sincères condoléances.

Véronique Dausse : « Le sommelier a le don de nous embarquer dans une histoire »

Pour le château Phélan-Ségur, cru incontournable de Saint-Estèphe, défendre l’excellence de la sommellerie française est une obligation morale. En pratique, cela passe par le concours du meilleur sommelier du monde et bien plus. Explications avec sa directrice

Phélan-Ségur apporte son soutien au concours du meilleur sommelier du monde. Pourquoi ?
Pour beaucoup de raisons. Les sommeliers sont la voix de nos vins, ils les transcendent. Nous avons un métier formidable, nous aimons notre terroir et mettons beaucoup de passion dans la création de nos vins. Un jour, ces vins nous échappent. Même si nous allons sur le terrain, à la rencontre des consommateurs, des restaurateurs et des cavistes, ceux qui en parlent le mieux, ce sont les sommeliers. C’est donc logique pour nous de les mettre en avant et d’apporter notre soutien à cette profession si précieuse. J’adore écouter les sommeliers parler de mes vins, même si je ne suis pas toujours d’accord avec ce qu’ils disent. Le sommelier est libre, c’est sa richesse. Il a le don de nous embarquer dans une histoire qui nous donne l’eau à la bouche. Il nous fait rêver. Quand je suis allé à Anvers lors de la dernière édition du concours, j’ai passé quatre jours avec eux et j’ai assisté à quelques épreuves. Ça a changé ma vie. Les sommeliers ont une vision transversale des boissons. Ils doivent tout connaître, c’est impressionnant.

La propriété a une histoire liée à la gastronomie et à la sommellerie.
Nous avons eu beaucoup de chance. J’ai vécu quelques années auprès de Thierry Gardinier. Son cœur est partagé entre la vigne et la gastronomie. Il nous a beaucoup appris sur cet univers, en nous donnant l’opportunité de côtoyer des élèves ou des sommeliers exceptionnels comme Philippe Jamesse ou Antoine Pétrus. Cette culture incroyable nous a ouvert les yeux et nous a appris plein de choses. Je me souviens de Thierry Gardinier lorsqu’il est arrivé à Phélan. La première chose qu’il a faite, c’est d’aller voir le chef. Depuis les années 1980 et grâce à eux, nous avons un chef à demeure.

Ce qui a changé votre manière de faire le vin ?
Le vin, c’est la mise en valeur de notre terroir, avec nos principes et ce qu’on aime, c’est-à-dire l’équilibre. C’est aussi une histoire de goût. Phélan a ce style classique d’équilibre et de finesse qui en fait un compagnon possible pour la gastronomie et vice-versa. Nous avons cherché l’équilibre, en étant hyper attentifs aux extractions, aux élevages, à ne pas avoir un bois prédominant.

Et avec le changement de propriétaire, cette culture-là est restée forte ?
Le nouveau propriétaire, Philippe Van de Vyver, est aussi un hédoniste qui a une passion incommensurable pour les vins de Bordeaux et un amour pour la gastronomie. Mais ce n’est pas un professionnel, ni de la table, ni du vin. Pour lui aussi, conserver un chef à Phélan était une évidence.

Concrètement, en quoi consiste le soutien que vous apportez au concours ?
Les sommeliers du monde sont présents au concours. C’est une opportunité de pouvoir les rencontrer en un seul lieu. L’organisation de ce genre de concours est très coûteuse. C’est la troisième fois que nous apportons un soutien financier et éducatif aux organisateurs. L’édition parisienne du concours a pris une dimension énorme et a besoin d’un financement en conséquence.
En plus du soutien financier, nous recevons des écoles de sommellerie à Phélan. De façon individuelle, avec l’Union des grands crus ou avec le Conseil des vins du Médoc. Nous avons fait beaucoup de choses sur ce sujet. Quand j’entends les étudiants parler de nos vins, je vois qu’ils sont pris par le voyage qu’ils racontent. Nous contribuons, à notre échelle, à leur formation, en leur faisant découvrir nos vins, y compris dans des millésimes anciens pour les aider à approfondir leurs connaissances. Nous apportons aussi notre soutien de manière locale avec la Commanderie de la Gironde puisque nous organisons trois à quatre fois par an « Les lundis de Phélan ». Ce sont des ateliers avec des thématiques différentes (vendanges, primeurs, etc.). C’est une immersion dans le quotidien des vignerons, ce qui permet d’être dans des situations différentes de celle la dégustation et de comprendre le processus de création du vin à des moments particuliers.

Un soutien particulier à Pascaline Lepeltier, la candidate française ?
Nous l’avons reçue pendant trois jours en novembre avec l’Union des grands crus. Elle a pu visiter une vingtaine de châteaux situés sur la Rive gauche et sur Rive droite et déguster les millésimes 2005 et 2015 de chaque propriété. Comme ça faisait longtemps qu’elle n’était pas venue à Bordeaux, elle a pu redécouvrir ce qui s’y passe, voir une viticulture qui bouge. Elle a été enchantée par ce qu’elle a pu voir et par cette nouvelle approche bordelaise. Ce passage lui a aussi permis d’actualiser ses repères sur les vins de notre région. Pascaline est assez incroyable. Elle a une approche du vin rafraîchissante et étonnante tout en ayant des connaissances académiques fortes. C’était un moment particulier. Je serai du 7 au 12 février à Paris pour assister aux différentes épreuves. J’invite l’ensemble des Français à venir assister à la finale le 12 février à La Défense Arena pour soutenir Pascaline.

Photo : Mathieu Garçon

Tout recommence toujours

Cet article est paru dans En Magnum #30. Vous pouvez l’acheter sur notre site ici. Ou sur cafeyn.co.

Je suis consterné par la désinformation sur le vin dans nos médias, alors qu’il faudrait se réjouir de l’augmentation des reportages le concernant. Il faut soutenir la place médiatique, écrasée par l’inique loi Evin, d’un produit phare de notre culture collective, capital pour la préservation des paysages ruraux et de leur attraction pour un large public planétaire. Sans parler des emplois et d’une présence habitée de zones qui deviendraient sans lui des landes ou des coteaux désertiques. Le sujet semblant secondaire et plus ludique que sérieux, les enquêtes sont souvent bâclées. Ou à charge, ce qui est plus grave, inspirées par l’idéologie au lieu de l’exactitude des faits.
Je passe sur le catastrophisme qui attire les badauds concernant les caprices de la météo et les malheurs de la production. Je n’oublie pas la mauvaise foi de pseudos-défenseurs de l’environnement qui rejettent sur l’agriculture, et sur la viticulture, la pollution de nos sols, de nos eaux, de nos habitations, quand elles jouxtent les vignes. C’est ce qui fait leur principal attrait commercial. Ils feraient mieux de s’occuper des vraies causes, qui relèvent de la démographie et de la distorsion entre notre pouvoir d’achat et le coût d’une production plus propre de notre alimentation. Mais en ce moment, la mode est à l’angoisse du réchauffement climatique. Faut-il changer l’origine des raisins ? Et nos anciens codes de culture et de consommation pour éviter à terme la disparition d’un produit que collectivement nous chérissons ? Celui-là même que l’étranger admire chez nous ? Le coq gaulois en danger ou en berne, voilà de la bonne dramaturgie avec des intervenants incompétents.
J’ai eu la chance récemment d’assister à un remarquable colloque scientifique, avec les meilleurs ampélographes lié à l’inscription des climats bourguignons au patrimoine mondial. Le sujet concernait nos cépages. Ce que nous pouvons savoir désormais grâce au déchiffrage rendu possible de l’ADN du végétal. Ce patrimoine concerne l’ensemble des vignobles de la planète plantés de ces mêmes cépages. On en sait plus (mais pas tout) sur la domestication de Vitis vinifera, sur leurs voyages et les relations génétiques complexes qui les ont fait se croiser, s’affiner, supporter d’innombrables changements climatiques et maladies de toutes sortes. Les hasards, les vents, les pluies, l’histoire ont joué leur rôle. On ne peut qu’admirer la résilience incroyable de ces cépages, à condition que l’homme permette à la vigne de développer son potentiel. On l’a vue cette année se replier sur elle-même, puis se refaire une brillante santé.
Oui, 2022 sera un des plus grands millésimes des cinquante dernières années, alors qu’on l’annonçait à grands renforts de pleurs télévisés ou radiophoniques comme perdu d’avance. On n’a pas vraiment besoin de créer des variétés hybrides. On n’a pas non plus à se montrer chauvin, à se méfier de petits cépages modestes et oubliés ou des cépages mieux reconnus et plantés dans d’autres régions. Il n’y a pas de plus édifiant exemple que le trousseau jurassien dont les Francs-Comtois se targuaient d’être les seuls producteurs au monde. Des milliers d’hectares espagnols ou portugais le mettent en valeur.
Pour ce qui est des vendanges et de la difficulté de trouver des vendangeurs, il y a un remède radical. La mécanisation de la vendange. Pour 90 % de notre production, les machines sont de plus en plus performantes et rendent ringarde l’opposition à leur usage. La haute couture manuelle restera l’apanage des vins coûteux, issus des meilleurs terroirs. La tragédie qui peut survenir concerne la main d’œuvre relevant du travail des sols et de la vigne. Des milliers d’emplois bien payés qui permettent aux régions de vivre et à ceux qui y vivent de ne pas avoir le stress des villes, ne trouvent plus preneurs. On refuse d’avoir un peu froid ou un peu chaud, de travailler à des heures ou des jours qui ne sont pas ceux des emplois urbains. Qui nous donnera à manger et à boire dans l’avenir ? Voilà la vraie inquiétude.
Je vois l’installation de jeunes vignerons venus de la ville, qui espèrent trouver dans les champs plus d’espace de liberté et de créativité. Et pour leurs enfants, un meilleur air, une meilleure concentration dans leurs études. Nous avons tous besoin d’eux. Acceptons de récompenser leurs efforts en payant le fruit de leur travail. Boire du vin à moins de cinq euros la bouteille est un mauvais geste envers notre propre avenir.

Photo : Mathieu Garçon

Le mondovino de la semaine #185 tourne à fond

65 pays, un seul meilleur sommelier du monde • Saint-Malo a sa distillerie • Camus X Human Academy • Bandol de charme • Délicatesse margalaise • Chaque jour du nouveau, en voici cinq

Dans le vignoble



Revivez les meilleurs moments de la dernière édition du concours qui s’est déroulée en 2019 à Anvers, en Belgique.

65 pays, un seul meilleur sommelier du monde

Nous avions annoncé ici l’ouverture de la billetterie pour assister à la finale du concours du Meilleur sommelier du monde (12 février) à la salle Paris La Défense Arena. On peut acheter ses places ici pour assister et encourager les 68 candidats venus de 65 pays différents. « Il s’agit non seulement du plus grand nombre de candidats à avoir jamais participé à un concours du Meilleur sommelier du monde de l’ASI, mais aussi, sans aucun doute, de l’un des plus talentueux que nous ayons jamais eu. Ayant eu le privilège d’assister aux performances de nombreux concurrents lors de nos concours continentaux de l’ASI, je peux affirmer sans équivoque que la qualité de la sommellerie dans le monde s’améliore chaque année. Le fossé entre les compétences des sommeliers des pays traditionnellement producteurs de vin, comme ceux d’Europe occidentale, et le reste du monde se réduit chaque année. Ce sera un concours intense, et je ne serais pas surpris de voir de nouveaux noms en demi-finale et en finale », précise William Wouters, président de l’Association de la Sommellerie Internationale (ASI). Pascaline Lepeltier représentera la France. Nous serons au rendez-vous pour la soutenir.
La liste des 68 candidats est disponible sur asi.info

Saint-Malo a sa distillerie

Depuis le 25 octobre 2022, la distillerie de Saint-Malo a pris ses quartiers dans un immeuble haussmannien à l’intérieur des remparts de la ville. Cet espace, né du rapprochement entre la marque de gin breton Malouin’s et la distillerie Naguelann, propose désormais une boutique et un espace de dégustation pour raconter le processus de fabrication des spiritueux. « La Distillerie de Saint-Malo a pour but de prôner une consommation locale. Elle présente donc des flacons enracinés dans le terroir et l’histoire de la Bretagne tels qu’une vodka à base de blé noir, un rhum distillé à Saint-Malo et un gin » explique le responsable des lieux. Autre particularité, la démarche éco-responsable de la distillerie qui propose des spiritueux en vrac. Ce service est proposé aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels.
Informations sur ladistilleriedesaintmalo.com

Camus X Human Academy

Le Festival de la BD d’Amboulème ouvre ses portes du 26 au 29 janvier. Pour cette 50e édition du festival, la maison de cognac Camus et la Human academy proposent une exposition de manga intitulée Tamashi. En japonais, Tamashi veut dire l’âme, l’esprit. Deux mots qui ont guidé les neuf lauréats du concours organisé par la maison familiale de cognac en collaboration avec l’école nippone de manga. « Les participants ont pu découvrir la maison, son histoire et ses savoir-faire et échanger avec les équipes lors d’une visite en immersion. S’inspirant de la personnalité de la maison, les étudiants ont créé de courtes histoires d’une quinzaine de planches, mettant en avant l’esprit Camus », précise Cyril Camus, directeur de la maison Camus. Un recueil de mangas sera réalisé ainsi qu’une pièce unique manufacturée par les artisans des Ateliers Camus. Cette œuvre fera partie de la collection « Arts majeurs » des Ateliers Camus.
L’exposition est à découvrir sur le campus de la Human Academy 121, rue de Bordeaux, Angoulême

Dans le verre


Bandol de charme

Cette bastide est menée de front par Michel Bronzo, soutenu par Stéphane Bourret, directeur technique et fin dégustateur. L’intensité de ses vins est le résultat d’efforts, de la vigne jusqu’au chai, complété d’une compréhension juste du terroir. La Bastide Blanche est installée sur des sols d’argile rouge où est réalisée la cuvée Fontanéou. Caractère terrien et typique, désormais à son apogée.
Domaine de la Bastide Blanche, cuvée Fontanéou 2011, 88 euros le magnum
bastide-blanche.fr

Délicatesse margalaise

Porté par une efficace direction et avec le plein soutien de la famille Sénéclauze, propriétaire des 40 hectares de vignes depuis 1935, le cru signe un très joli 2018 à la texture délicate et au fruité fin et respecté.
Château Marquis de Terme, margaux 2018, 55 euros
chateau-marquis-de-terme.com

Michel et Dany Rolland, la dernière interview

Michel, Dany, tout commence avec Marcel Dassault…
Michel : Oui, nous avions créé un laboratoire d’analyses œnologiques et le consulting n’existait pas. En 1973, alors que l’on venait juste d’enfiler nos blouses derrière le comptoir, un certain André Vergriette (ancien ingénieur aéronautique nommé par Marcel Dassault à la tête de Château Dassault à Saint-Émilion, NDLR) vient nous voir et nous propose de travailler ensemble. Il me confie ne rien connaître à la vinification. J’aurais pu être honnête et lui répondre « moi non plus », j’ai préféré ne rien dire. Pour ce tout premier client, j’ai offert le service ne sachant pas encore réellement définir ni l’activité de consultant ni mes capacités en la matière. En principe, nous n’allions pas chez les clients sauf en cas de catastrophe, exception faite du château Dassault dans lequel j’ai commencé à aller régulièrement. Je connais d’ailleurs les trois générations qui se sont succédé au poste de maître de chai, du grand-père en 1973 au petit-fils qui occupe ce siège aujourd’hui (Marcel, Serge et Laurent Dassault, NDLR). Il a donc fallu inventer ce métier. À nos débuts, les propriétaires ne connaissaient pas cette discipline et ne voyaient donc pas l’intérêt de venir nous consulter.

Dany : Ce métier n’existait ni dans le droit, ni dans la fiscalité, ni ailleurs. Les gens appelaient lorsqu’ils avaient un problème, il n’y avait pas de suivi régulier.

Michel : Au fil des années, des liens se sont créés avec

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Albert Bichot, des bourgognes à la mer

Si la grande maison beaunoise est enracinée dans son vignoble, elle a aussi le goût du voyage et de l’exploration. Certaines de ses meilleurs bouteilles viennent de faire le tour du monde, pour la bonne cause

Les grands crus de Bourgogne ont-ils le pied marin ? Certes, les terroirs bourguignons sont d’origine marine. Le calcaire est une roche sédimentaire de mer peu profonde. On ne peut pas non plus contester le rôle majeur joué par les bateaux pour répandre les bienfaits de la civilisation du vin, en Méditerranée pendant l’Antiquité, dans l’Atlantique plus récemment pour le développement des vins de Bordeaux, de Porto, etc. Rien ne prédisposait pourtant des magnums de clos-vougeot, corton-charlemagne, vosne-romanée Les Malconsorts et d’autres, tous de la maison Albert Bichot à parcourir 70 000 kilomètres dans la cale d’une goélette d’exploration océanographique. Le voyage a mené les flacons de la Terre de feu, jusqu’à Cancun, en remontant l’Amérique du Sud par sa façade pacifique pour redescendre une nouvelle fois, côté Atlantique, jusqu’à l’Antarctique. L’équipage et sa cargaison – les millésimes 2015 à 2018 – ont essuyé une belle tempête dans la mer de Weddell, dans l’océan Austral, avant de remonter les côtes africaines.

Ballotés en permanence, soumis à des variations de thermomètre allant de près de 30° à des températures à peine positives, que venaient faire ces vins dans cette galère ? Embarquées à Lorient, en décembre 2020, les bouteilles sont rentrées à bon port en octobre 2022. L’idée est née en marge de la vente aux enchères des Hospices de Beaune, édition 2017. La fondation Tara, qui organise des expéditions pour étudier les effets de la crise climatique et écologique sur les océans, est désignée pour bénéficier d’une partie de la vente de la pièce de charité. Le marin Romain Troublé (deux participations à la Coupe de l’America et directeur de la fondation) rencontre Albéric Bichot. Le courant passe. Le négociant entretien depuis longtemps un gout prononcé pour les grands espaces. Lycéen en région parisienne, il a fait la connaissance de Nicolas Vanier, futur cinéaste, écrivain et surtout explorateur, avant de partir, à trois reprises, dans les régions sauvages du grand nord canadien ou de la Terre Adélie.

Pour les deux hommes, le destin des terroirs viticoles et celui des océans ne font qu’un face au changement climatique. « Un réchauffement de l’eau, même de 0,1 degré, à un impact énorme sur les micro-organismes qui s’y trouvent et leur capacité à stocker du carbone », averti Romain Troublé. Le 9 janvier dernier, la maison présentait à la dégustation ces bouteilles voyageuses en les comparant comparer avec celles restées dans ses caves. Plutôt de bonnes surprises. Aucun vin oxydé ou déviant mais une évolution raisonnablement accélérée. Mention spéciale pour le chablis grand cru Moutonne et le vosne-romanée Les Malconsorts. En matière de résilience, les grands terroirs semblent, eux aussi, bénéficier de facultés hors du commun.

Jacques Sallé, l’esprit libre

Jacques Sallé, qui nous a quitté le 10 janvier dernier à l’âge de 73 ans, fit partager avec talent et élégance l’amour des bons vins aux amateurs et aux professionnels dans la période clé des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Il fut d’abord courtier en Angleterre, puis se mit à l’écriture avec des encyclopédies remarquées sous la signature fameuse du Larousse (des vins puis des alcools), et la création pleine de panache de deux beaux magazines, Amphore et Vintage. Avec ce même panache, il décida au tournant du millénaire de mettre en pratique son idée du grand vin : ce fut Silice, une magnifique expression d’une appellation qui lui était chère, Quincy. Un vin pur et droit, portant la minéralité de son nom en symbole d’expression. Là aussi, ce franc-tireur était en avance sur son temps et définissait les canons du vin blanc du XXIe siècle. Au-delà de cette carrière, il y avait l’homme : séduisant, attachant et surtout libre. Au revoir, Jacques, tu nous manqueras. (Photo : presse)

Le mondovino de la semaine #184 tourne à fond

Meilleur sommelier du monde, tous à Paris La Défense Arena • Eminente de retour • Lapin chinois • Demain en canette • Corbières plaisir • Chaque jour du nouveau, en voici cinq

Dans le vignoble


Meilleur sommelier du monde 2023, tous à Paris La Défense Arena

Dimanche 12 février 2023, dans la salle de Paris La Défense Arena, aura lieu la finale du concours ASI du Meilleur sommelier du monde 2023. Dès le 7 février et durant quatre jours d’épreuves, 68 candidats de 65 pays seront en lice pour obtenir le titre suprême. Pascaline Lepeltier (UMOF classe sommellerie 2018, MSF 2018) défendra la France. Le concours est « une occasion rare d’assister à une compétition de grande intensité, dans un cadre d’envergure, mettant en scène des finalistes de talent, des produits authentiques au service de l’excellence professionnelle et des chiffres qui annoncent la dimension de ce concours. C’est plus de 35 000 verres utilisés et près de 10 000 bouteilles servies ». La finale est ouverte au public. On peut désormais réserver ces places dès aujourd’hui pour venir assister à l’événement et encourager Pascaline Lepeltier qui sera soutenue par Benjamin Roffet, chef sommelier du restaurant Le Jules Verne à Paris et Philippe Faure-Brac président de l’Union de la sommellerie française.
Liste des candidats et informations sur asi.info
Réservations sur parisladefense-arena.com (25 euros par personne)

Eminente de retour

Bienvenue à la casa, concentré de l’île de Cuba en plein cœur du Marais et du Paris historique. Après avoir brillamment investi l’hôtel Monte Cristo dans le cinquième arrondissement, la marque de rhum Eminente ouvre les portes d’un nouveau lieu éphémère installé dans le quatrième arrondissement. À partir du 3 février et pour quelques mois, cette maison confidentielle sera un lieu dédié à la gastronomie et à l’art de vivre cubain et le corner store parisien des rhums Eminente. « Nous avons imaginé Casa Eminente dans l’esprit d’une casa particular (maison d’hôtes) entièrement empreinte de la culture cubaine, du rhum à la gastronomie en passant par l’art et la décoration. Le tout, au bout d’une impasse parisienne », explique Camille de Dominicis, cofondatrice d’Eminente. « Les œuvres d’art, créées pour l’occasion par des artistes cubains, témoignent de la richesse du pays », souligne par ailleurs Laura Salas Redondo, curatrice d’art. Au bar, le duo londonien multirécompensé Monica Berg et Alex Kratena a imaginé trois cocktails inédits : Pomelo Daïquiri, Eminente Canchánchara et Eminente sour. Jus de pamplemousse, citron vert, maraschino, marc de café, cordial de bois de cèdre, palette des senteurs de La Havane qui accompagnent le rhum Ambar Claro. Dans l’assiette et pour le plus grand plaisir de nos papilles, le chef Julien Sebbag présentera ses créations. Le taco de daurade sauvage en tartare, gambas snackées et crumble délicieux au café cubain.
Informations et réservations sur casaeminente.com

Dans le verre


Lapin chinois

Dans l’astrologie chinoise, le lapin est un animal porte-bonheur. Il symbolise la chance, l’harmonie, la prospérité et la créativité. Son année débutera le 22 janvier 2023 et pour l’occasion, Phélan-Ségur dévoile un nouvel étui qui habillera château-phélan-ségur et frank-phélan, dans le millésime 2017. Ce millésime est placé sous le signe de la finesse aromatique et de l’élégance.
45 euros sur boutique.phelansegur.com/fr et chez les cavistes

Demain en canette

Que ce soit pour des plaisirs immédiats, entre amis, à la plage, en pique-nique ou dans un festival, cette nouvelle collection signée par Brigitte Després et sa toute jeune start-up La Robe du vin offre une place de choix au vin et une alternative intéressante à d’autres boissons qui sont déjà proposées dans ce type de contenant. « La canette répond à une consommation nomade et éco-responsable. Nos canettes sont 100 % recyclables et nos contenants de 25 cl ludiques et connectés permettent à nos consommateurs de découvrir nos vignerons partenaires. Le QR code au dos de la canette permet de découvrir la provenance du vin complétée par l’interview du vigneron, une immersion dans le domaine et la dégustation de la sommelière accompagnée d’un chef de cuisine qui réalise une recette en accord avec le vin », affirme Brigitte Després, sommelière de formation. Un joli tour de France dans les trois couleurs (Vallée de la Loire, Bordeaux, Sud-Ouest, Provence et Vallée du Rhône).
Disponibles sur larobeduvin.com et chez METRO Île-de-France.

Corbières plaisir

45 % de carignan, 30 % de grenache et 25 % de syrah offrent un bel équilibre à cette nouvelle cuvée signée par les Vignerons de Cascastel. Cette cave coopérative, qui regroupe 130 adhérents pour 750 hectares de vignes situés principalement en terroir d’altitude pour la partie en appellation fitou, est l’une des plus dynamiques et performantes de la région. Ce col-de-roquelongue 2020 est éclatant sur sa jeunesse. Il met en avant un beau fruité et des tannins fondus.
Cascastel, Col-de-roquelongue, corbières 2020, 8 euros