Quel futur pour le vin ?
Pour les besoins d’un tournage, Michel Bettane et moi-même étions attablés il y a quelques semaines à la terrasse d’un café formidablement situé face au vieux bassin de Honfleur. La journaliste qui avait choisi de commencer son sujet sur cette image de carte postale avait logiquement pensé à nous faire servir deux verres de vin pour rappeler notre expertise. Heureusement nous n’étions pas obligés de les boire. Mais, par habitude professionnelle, nous avons humé les deux verres (petits, usés, mais tout de même en forme de tulipe) et goûté quelques centilitres. Deux purges. Un muscadet aux arômes de pamplemousse, avec du sucre résiduel en finale pour cacher une acidité à vous trouer l’estomac, et un chinon sans fruit et sans autre parfum qu’une tenace odeur d’oxydation, avec des tannins acerbes et une astringence d’une agressivité mémorable. Le tout facturé plus cher qu’un demi de bière, certes industrielle, mais équilibrée et sûrement buvable à en juger par la mine réjouie des touristes qui en éclusaient force pintes. À l’heure où l’on se lamente d’une baisse de la consommation de vin et du choix des jeunes, et pas seulement eux, pour d’autres catégories de boissons alcoolisées, tout était résumé par l’opposition caricaturale entre ce cadre idyllique et l’insigne nullité de ces produits. Sauf à prendre les consommateurs pour des accros à leur dose de pinard quotidienne, qui peut se désespérer de la fin programmée de ce commerce viticole oscillant entre l’à-peu-près et l’absolue médiocrité ? Le métier de vigneron, dans toutes ses acceptions possibles, est affaire d’exigence et de haute précision : quelle autre profession peut se targuer d’être à l’exact carrefour entre la terre, le végétal et le ciel, tout en effectuant une mission élaborée de transformation d’un fruit en un produit complexe, capable de défier les années en continuant à s’améliorer ? Qui doit savoir raconter son histoire, commercer dans le monde entier et être capable de transmettre à d’autres générations ce savoir-faire ? Ce métier-là a un avenir, n’en doutons pas. Nous avons choisi dans ce trente-huitième numéro d’En Magnum de dresser un portrait idéal des vignerons de cette nouvelle ère de la viticulture : quinze qualités, quinze valeurs fondamentales portées haut par quinze vigneronnes et vignerons de grand talent. Ceux-là, et beaucoup d’autres que nous saluons également dans ces pages, écrivent un futur du vin excitant et prometteur.
En Magnum 38 est disponible au Grand Tasting 2024 (29 et 30 novembre) en kiosque et sur notre site ici
Beaujolais nouveau : 2024 tout en légèreté
Quatre beaujolais nouveaux
Famille Chasselay, La Madurette
Les vins des Chasselay, installés à Chatillon dans le sud, sont labélisés bio depuis 2006. Robe presque trouble, notes délicates de fraise écrasée. Bonne tension en bouche, avec une acidité fine et perlante. Vin gracieux.
3 000 bouteilles
11 euros
Domaine Les Souriants, Sourire de Nouveau
Maxime Troncy conduit ce domaine conduit bio qui se distingue régulièrement dans nos dégustations à l’aveugle. Joli nez profond sur la cerise, bouche fruitée et élégante, avec de la rondeur.
3 000 bouteilles
13 euros
Maison Piron
Ce grand domaine (50 hectares) est mené par le vigneron Julien Revillon. Nez intense sur les notes de cerise noire et d’épices, la bouche dense et profonde est portée par un joli tannin.
50 000 bouteilles
8,50 euros
Domaine Romy, Le Mouflet
Ce domaine, labélisé Terra Vitis, appartient à la maison Jean Loron. Nez élégant, de la mâche en bouche, une texture caressante, avec un petit tannin présent. Belle réussite.
9,50 euros
Neuf beaujolais-villages nouveaux
Domaine de Bel Air, Cuvée 100
Jean-Marc et Annick Lafont sont aux manettes de ce domaine de 26 hectares depuis 1986. Nez sur la cerise noire avec des notes de fumé, bouche pleine, sérieuse avec du tannin. Plus proche dans le style d’un beaujolais classique que d’un beaujolais nouveau.
8 000 bouteilles
11,50 euros
Domaine Burnichon
Direction Quincié où Marie-Claude Burnichon dirige ce domaine qui propose ce nouveau au nez gourmand, avec des notes de réglisse. La bouche est pleine et caressante, sur des saveurs épicées. Prix attractif.
3 000 bouteilles
7,50 euros
Maison Coquard, Clochemerle
À la tête de ce petit domaine de quatre hectares situé à Theizé, dans le sud de la région, Christophe Coquard propose ce gamay au nez intense, sur des notes de cerise noire. La bouche est gourmande et pleine, avec un joli tannin. Il ne donne pas le sentiment que le millésime a été difficile.
15 000 bouteilles
7,50 euros
Jérôme Lacondemine, Cœur de Raisin
Issue d’une vieille famille de Beaujeu, Jérôme Lacondemine vinifie depuis vingt-cinq ans et continue d’être créatif. Cette cuvée vinifiée sans soufre ajouté affiche des arômes intenses de cerise noire, ainsi qu’une bouche dense, tannique, un peu sévère mais pleine.
3 200 bouteilles
8,50 euros
Château de Lavernette, Le Jeune
Cap au nord avec le vin de Kerrie et Xavier de Boissieu, un couple franco-américain installé entre Beaujolais et Bourgogne. Le domaine est certifié bio et en biodynamie (Demeter). Nez frais, avec une jolie aromatique sur les notes de fraise et des saveurs légèrement végétales en bouche. Le tannin est fin.
5 130 bouteilles
12,50 euros
Domaine Mélinon
Gaétan Mélinon est à la tête de ce domaine de Villié-Morgon qu’il convertit progressivement en bio. Nez gourmand et plaisant, sur les notes de cerise et de grillé, bouche en rondeur et avec de la tension, le tannin fin lui donne de la longueur.
6 000 bouteilles
8,50 euros
Les Vins du Penlois, À L’Ancienne
Installé à Lancié, Sébastien Besson produit plusieurs gammes, dont celle-ci issue d’une activité de négoce. Un nez intense (notes de fumé et de grillé) et une bouche marquée par un petit tannin franc.
5 000 bouteilles
9,50 euros
Domaine des Nugues, Sans Soufre
L’incontournable Gilles Gellin, actif dans les instances de la région, est un producteur fiable. Ce vin sans soufre présente un nez expressif avec une dominante de notes de cerise. Bouche pleine et assez généreuse pour le millésime, structurée par un bon tannin.
13 600 bouteilles
9,75 euros
Château de Vaux, Sans sulfites ajoutés
Yannick de Vermont dirige ce domaine labélisé Terra Vitis et commercialise également une gamme de négoce sous son nom. Robe étonnamment sombre, nez dense, avec des notes de feuille de vigne, bouche tannique et sérieuse.
8 000 bouteilles
8 euros
Les réflexions de Lallier…
À l’occasion de la sortie de sa dernière cuvée Réflexion R.021, Dominique Demarville, le chef de cave de la maison Lallier nous explique quelles idées se cachent dans cette démarche novatrice en Champagne. Entre innovation et authenticité, l’approche se veut aussi originale que fidèle au terroir.
Le podcast est également disponible sur Apple Podcasts ici ou sur Deezer ici .
Production : Jéroboam
Prise de son : Lucas Chaunay
Montage : Nicolas Guillaume
Musique originale : Arthur Boval
Paroles de Vignes est un podcast présenté par Bettane+Desseauve, à retrouver sur toutes les plateformes d’écoute et sur mybettanedesseauve.fr
En partenariat avec le champagne Lallier