Accueil Blog Page 34

Clicquot in the sea

Réservation ouverte pour un voyage en mer Baltique du 22 au 25 juin autour de la cave en mer de la maison Veuve Clicquot

Du principe d’Archimède à la gravité de Newton en passant par la tarte Tatin, les plus belles découvertes sont souvent le fruit du hasard. C’est dans la mer Baltique que la maison Veuve Clicquot a fait l’expérience de ce que l’on appelle la sérendipité. En 2010, la découverte inopinée de plusieurs bouteilles de champagne étonnamment bien conservées dans une épave (d’un bateau échoué en 1840) au large des iles finlandaises Åland, a poussé la maison à lancer une expérimentation œnologique unique au monde baptisée « Cellar in the Sea ».

L’expérimentation comparative est de grande ampleur, exposant deux lots de bouteilles identiques, à des conditions de stockage différentes. L’un est abrité dans les crayères de la maison, à Reims, l’autre plongé en mer Baltique, à 40 mètres de profondeur, dans une « Åland Vaut », un conteneur optimisé pour le stockage dans les fonds sous-marins qui reproduit les conditions de conservation des bouteilles repêchées dans l’épave quatre ans plus tôt. Au fond de la mer, ce deuxième lot bénéficie de la réunion de trois éléments essentiels au vieillissement du vin : l’absence de lumière, une température constante de 4 °C et l’équilibre de pression sur le bouchon. La mer Baltique se distingue en outre par une faible salinité – vingt fois moins forte que dans l’océan. Une sélection des cuvées Carte Jaune non millésimés (en 75 cl et en magnum), de Vintage rosé 2004 et de vins demi-secs a été retenue pour l’expérience. La maison a prévu de repêcher des vins à intervalles réguliers pour suivre leur évolution. En parallèle, des échantillons des vins seront envoyés aux universités d’œnologie de Reims et de Bordeaux pour réaliser des analyses scientifiques, afin d’approfondir un peu plus encore les connaissances sur le vieillissement.

Accessible au grand public
En juin 2023, le solstice d’été marquera la célébration de la deuxième dégustation comparative des cuvées immergées et de celles conservées dans les crayères rémoises. À cette occasion et pour la première fois, les amateurs pourront vivre cette expérience lors d’un « voyage solaire » dans les îles Åland en présence de Didier Mariotti, le chef de caves de la maison. L’expérience (et le voyage) débutera en Champagne (avec déjeuner au cœur des vignes et du potager de Verzy, visite des crayères, dîner de gala autour de la cuvée La Grande Dame), se poursuivra dans les airs, puis en mer à bord de la goélette Albanus. Ce bateau historique emmènera les hôtes jusqu’à l’île de Silverskår où ils seront initiés à la dégustation et découvriront les cuvées les plus rares de la maison. Des plats traditionnels, inspirés de la gastronomie locale, seront cuisinés par des chefs étoilés. Les hôtes iront également à la rencontre du plongeur-chasseur de trésors qui a découvert l’épave en 2010. Une plongée sous-marine en sa compagnie sera proposée aux plongeurs expérimentés, à la découverte du conteneur dans lequel sont immergées les bouteilles.

 « Cellar in the sea by Veuve Clicquot » du 22 au 25 juin 2023.
Nombre de places limité à 14 chambres doubles. Prix sur demande.

Pour plus d’informations et réserver : https://www.veuveclicquot.com/fr-int/cellar-in-the-sea-experience

Un prodige de la côte roannaise

Domaine Sérol,
Oudan, côte-roannaise 2021

Pourquoi lui
Je n’ai jamais croisé Stéphane Sérol ou alors une fois en passant. J’ai découvert ses vins grâce à mon excellent caviste d’Auray, dans le Morbihan, un garçon créatif. Je suis tombé sous le charme de sa production instantanément. De son entrée de gamme, Éclats de granite, à ses cuvées parcellaires, ses cuvées élevées en amphores et toutes ses idées modernes et intelligentes. Non content d’être pas cher, Stéphane Sérol est un champion du…

Lire la suite ici sur le blog bonvivant

Pari réussi pour l’aligoté

On le sait, la fraîcheur est un facteur clé en ce qui concerne l’équilibre des vins. En particulier pour les blancs. Dans ce contexte, le retour en grâce de l’aligoté en Bourgogne ne surprendra personne. On le doit à quelques vignerons qui ont décidé, un jour, de le faire sortir du placard

Le vent peut tourner rapidement, même dans le monde du vin. Cantonné à un rôle marginal – il représente environ 6 % du vignoble – l’aligoté a longtemps fait figure de souffre-douleur à côté du glorieux chardonnay, qui a fini par monopoliser les meilleurs terroirs bourguignons au fil des siècles. La création de l’appellation village bouzeron (ex-appellation bourgogne aligoté Bouzeron) en 1998 a marqué un premier tournant. Une nouvelle belle page de son histoire s’est ouverte, autour d’une belle tablée, un jour de 2017. Les vignerons Laurent Fournier, Sylvain Pataille et Jérôme Galeyrand s’étaient donné rendez-vous au restaurant Boisrouge (à Flagey-Echezeaux). À la carte du restaurant de Philippe Delacourcelle, pas moins d’une quinzaine d’aligotés. Conquis par leur qualité et leur diversité, ils décident avec le chef du restaurant de créer une association visant à promouvoir ce cépage susceptible, d’après eux, de donner des vins d’auteur. L’objectif est ambitieux : ancrer définitivement le cépage dans l’univers de la Bourgogne des terroirs et des climats.

Les raisons du succès
Quelques mois plus tard, l’association tient son premier salon qui rencontre un franc succès. Les Aligoteurs, c’est son nom, a rapidement pris de l’ampleur. Aujourd’hui, une grosse soixantaine de producteurs, de l’Yonne jusqu’au Mâconnais, a rejoint ses rangs après sélection. L’édition 2023 s’est tenue en côte de Nuits début mars. L’occasion de montrer une nouvelle fois que l’aligoté est capable, comme tous les grands cépages, de transmettre fidèlement les caractéristiques des terroirs sur lesquels il est planté, à condition d’être traité comme tel par des vignerons consciencieux. Les millésimes solaires devenus la norme (à l’exception de 2021) donnent aussi un coup de pouce dans la maturité de cépage assez tardif. Avec une mention particulière pour les bouzeron qui démontrent un surcroit de raffinement dans leurs textures. Bref, l’accession au rang d’AOC village était loin d’être usurpée.

Cette édition n’a pas manqué de faire briller des vignerons largement reconnus, ou d’autres qui mériteraient de l’être davantage encore. On citera dans le désordre : Vincent Dureuil-Janthial (Rully), Laurent Fournier (Marsannay), Laurent Lignier (Morey-Saint-Denis), les frères Chevrot (Maranges), Bernard Bouvier (Gevrey-Chambertin), le domaine Ponsot (Morey-Saint-Denis), Claude Maréchal (Bligny-lès-Beaune), Guilhem Goisot (Saint-Bris), les frères Fichet (Igé), le domaine Gouffier (Fontaines), Agnès Paquet (Auxey-Duresses), Grégory Patriat (Boisset à Nuits-Saint-Georges), Pierre-Louis Bersan (Saint-Bris), Julien Cruchandeau (Chaux), la maison Chanzy (Bouzeron), etc.

Laurent Fresnet par Guillaume Puzo, le dernier hommage

Ce début du printemps a été marqué par l’annonce de la disparition de Laurent Fresnet. Triste, brutale, soudaine, comme la maladie qui l’a emporté, en moins de trois mois, avec une évolution foudroyante qui a pris de court la plupart de ceux qui l’appréciaient. Laurent faisait partie de cette génération de chefs et de cheffes de caves décontractés, au parler franc, qui aiment s’amuser en travaillant, maîtrisent avec une grande rigueur toutes les facettes de son métier. Avec lui, toutes les questions pouvaient être posées, il n’y avait pas de sujet tabou. Je l’avais rencontré lorsqu’il exerçait chez Henriot en tant que chef de caves, entre 2006 et 2020. Nous avions passé de longs moments à passer en revue tous les projets qu’il comptait mener à bien pour cette maison qui avait depuis peu retrouvé sa pleine indépendance. C’est notamment lui qui avait lancé la fameuse Cuve 38, sur une idée de réserve perpétuelle qui commence maintenant à se généraliser en Champagne. Idée très novatrice à l’époque. Il avait également mis au point la cuvée Hemera, qui avait pour mission de succéder à l’iconique Cuvée des Enchanteleurs. Le style actuel de la maison, que l’on définit souvent comme lumineux, Laurent Fresnet en avait posé les jalons.

En 2020, il avait donné une nouvelle impulsion à sa carrière, partant exercer les fonctions de chefs de caves pour la maison Mumm, avec la même énergie et la même motivation.

Attaché à sa profession et reconnu par ses pairs, il présidait par ailleurs l’Amicale des chefs de cave de la Champagne. Laurent avait 56 ans.

À ses proches et à tous ses collaborateurs au sein de la maison Mumm, toute l’équipe Bettane+Desseauve présente ses sincères condoléances.

Le spot de la semaine : La Cave (rue Corvetto à Paris)

Trois questions à Elise Lemaire-Lanoe, la co-propriétaire de cette nouvelle cave. Son parcours nous passionne


Cet article a été publié dans En Magnum #31. Vous pouvez l’acheter en kiosque, sur notre site ici. Ou sur cafeyn.co.


Pourquoi créer une cave ?
Je suis née dans une famille de vignerons. Ma famille (famille Caslot) possède le domaine de la Chevalerie dans la Loire. J’ai fait des études de neuropsychologue. Avec le temps, je me suis rendu compte que ce n’est pas fait pour moi, même si dans ma famille on est neuropsychologue de mère en fille. Comme j’avais toujours fait un peu de restauration en parallèle de mes études, je suis retournée vers mon premier amour. J’ai longtemps travaillé dans un restaurant pas très loin d’ici dans l’espoir d’ouvrir un jour mon propre établissement ou une cave à vin. Je me suis entraînée en demandant aux clients de choisir un plat, me donner une couleur, un prix, pour leur suggérer un vin. J’ai fait ça pendant sept ans. Personne n’a été déçu de mes choix. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré mon associé, un passionné de vin avec qui j’ai ouvert cette cave juste après l’obtention d’un diplôme d’œnologie.

Comment avez-vous fait ?
J’avais déjà construit une bonne partie de ma clientèle. Essentiellement de bureau, des personnes qui travaillent dans la finance ou des professions libérales. Je voulais aussi apporter un renouveau dans le quartier avec une cave qui propose des bouteilles avec un bon rapport qualité-prix. L’endroit était une crêperie. Tout a été changé de A à Z en se posant beaucoup de questions. La déco ? L’aménagement ? Le choix des références ? Les activités à proposer ? Il s’agit de dissocier ce qu’on aime des goûts des clients et de proposer une gamme suffisamment large, à l’image de la demande. Je connaissais bien le quartier, mais je n’avais pas une idée précise des bouteilles appréciées par les clients, à part ceux qui fréquentaient le restaurant dans lequel je travaillais. Je me suis nourrie des recommandations de professionnels et j’ai fait ma propre enquête auprès des habitants et des commerçants des alentours. J’ai également fait appel à des petits agents qui mettent en avant le travail qualitatif d’une poignée de vignerons.

On trouve quoi chez vous ?
Les clients n’ont pas de région de prédilection. Ils veulent un vin pour un moment plaisir ou pour un accord gastronomique. Leurs attentes et mon amour pour mes racines m’ont finalement poussée à faire de la Loire la région fétiche de la cave. Grâce à la reconnaissance et à l’aide de ma famille, j’ai pu avoir beaucoup de vins en direct des producteurs. Ce focus sur la Loire est complété par une petite sélection de la vallée du Rhône, du Languedoc-Roussillon, de la Bourgogne, de Bordeaux et du Beaujolais avec, par exemple, le domaine de Mont Joly. Une bouteille vendue à 15 euros. Un vin très bien fait, joliment vinifié, à un prix intéressant. Une aromatique sur des fruits frais, sans acidité, tout ce qu’on attend d’un gamay. Il est représentatif des vins que je veux, que je peux vendre. Nous avons au total 450 références françaises, spiritueux compris. Quelques vignerons stars comme Jean-Louis Chave dans le Rhône donnent un coup d’éclat à l’ensemble.

Les prix ?
Il y a deux genres de budget. Celui des professionnels oscille entre 20 et 50 euros pour une bouteille alors que les habitants du quartier cherchent des références entre 10 et 20 euros.

D’autres activités ?
Nous avons la chance d’être dans un quartier avec d’excellents métiers de bouche. Un fromager-affineur, un traiteur italien, un primeur, une boulangerie, etc. Nous avons donc conçu un petit espace cosy avec des couleurs chaudes et une dizaine de tables, à l’image d’un bistrot. Les clients ont la possibilité de manger sur place et de se laisser guider pour le vin. Cet espace peut aussi être privatisé.

…………
Le + : Des pépites de la Loire, un accueil chaleureux.
Le choix de la caviste : L’anjou blanc Pavillon 2019, de Terra Vita Vinum, 38 euros.
« Un chenin précis, droit, linéaire, minéral. »

…………
6, rue Corvetto
01 40 17 08 93

Bandol et les défis de la couleur

Cédric Gravier, président des vins de Bandol et propriétaire du domaine de La Suffrène, connaît les atouts et les faiblesses de son appellation face aux nouveaux défis de consommation. Entretien et précisions

 

Vous insistez sur le fait que le vin rosé de Bandol n’est pas qu’un rosé de Provence. C’est-à-dire ?
Ce vignoble de Provence est construit autour de la ville de Bandol. Il faut adhérer à l’association pour produire du bandol. Une obligation qui implique des contraintes en termes de production et de contrôle produit. La communication est normalement assurée par une interprofession, mais comme l’appellation n’en a pas, nous nous occupons aussi de cette partie sans contrainte pour les adhérents. Bandol a une carte à jouer sur cette différenciation et les différents types de rosés que les amateurs veulent découvrir. Nous sommes avant tout un rosé de Provence, mais nous avons nos spécificités grâce notamment au mourvèdre et à l’offre de millésimes plus anciens. Nous avons là quelque chose de très fort et un style unique, c’est ce qu’il faut continuer à mettre avant.
Il n’y a aucune notion de couleur dans le cahier des charges de l’appellation. Ce qui explique la grande variabilité des couleurs d’un producteur à un autre. Dans l’ensemble, nous sommes quand même sur des rosés un peu plus colorés que la moyenne.

Tout en souhaitant mettre en avant le côté identitaire de vos rosés.
C’est un vin de repas et d’apéritif. Un mélange de finesse et d’élégance, avec du caractère en plus apporté par le cépage, son adaptation au terroir et le travail des vignerons. Sa particularité se caractérise par sa structure plus importante et par sa longueur en bouche. À table, nos rosés s’associent très bien aux plats simples comme les plus gastronomiques.

La mise sur le marché se fait au 1er mars, une date tardive par rapport aux rosés d’autres appellations. Nous essayons aussi de mettre en avant le grand potentiel de vieillissement de nos rosés. Un, deux, et même 10 ans. D’un à trois ans de vieillissement, il y a vraiment quelque chose à faire auprès du grand public. La consommation des rosés plus vieux reste très anecdotique. Mais nous tenons à démontrer que le bandol rosé est un vrai vin, très intéressant au-delà de trois ans de vieillissement.

Et les rouges ?
La proportion de rosé a augmenté ces dernières années. Ce n’est plus un effet de mode, il a une vraie place entre le blanc et le rouge. Il s’initie désormais une démarche de recherche de différents types de rosé comme nous avons différents types de blanc et de rouge. Dans ce cas, Bandol a une vraie carte à jouer avec sa spécificité. Le rosé représente 77 % de la production, le blanc reste très anecdotique avec 5 %. Le rouge (18 %), reste l’ADN de Bandol. La réputation de l’appellation s’est construite grâce à son vin rouge. Mais en produisant moins de rouges, nous obtenons des vins encore plus qualitatifs en pratiquant un choix plus précis sur les vignes. Le marché du rouge est aujourd’hui un peu plus difficile, moins dans l’air du temps, mais il y a une réelle volonté chez la plupart des vignerons de le remettre sur le devant de la scène. Nous continuons à faire des cuvaisons très longues, mais des extractions moins fortes pour obtenir des vins construits sur la longueur. Les tannins sont peut-être plus élégants qu’avant et donnent un potentiel de buvabilité sur la jeunesse que nous n’avions pas. Les rouges vieillissent toujours très bien et ils ont une expression aromatique et une structure qui fait que nous pouvons quand même les consommer très tôt.

Le mondovino de la semaine #193 tourne à fond

Des vignerons et des terroirs d’avenir, les lauréats 2023 du concours d’AdVini • 2022, des ventes aux enchères records sur iDealwine  • Un duo de sauternes de Rayne Vigneau • La tournée générale d’Ollier Taillefer • Le cocktail 100 % Bourgogne • Chaque jour du nouveau, en voici cinq

Dans le vignoble


De gauche à droite : Stéphane Derenoncourt, Benoit Périssé, Leila Lare, Hervé Hannin, Antoine Leccia, Bleuzen, David Michelis, Julien Fabrégat, Laura Balsan, Fabrice Pecqueur, Jacques Fournier, Laure Gasparotto, Stéphane Dardenne.

Des vignerons et des terroirs d’avenir, les lauréats 2023 du concours d’AdVini

La 7e édition du Concours Vignerons et Terroirs d’Avenir organisé par AdVini en partenariat avec l’Institut Agro Montpellier, l’Institut Agro Fondation et le Crédit Agricole s’est clôturée mardi 21 mars. Sept projets d’installation vigneronne ont été sélectionnés par les organisateurs du concours. Ils ont ensuite été accompagnés par sept groupes d’élèves-ingénieurs en option viticulture et œnologie de l’Institut Agro Montpellier. Les étudiants en dernière année d’études ont occupé un rôle de consultant et ont aidé les candidats à structurer leur projet tout au long du mois de février. « Pour départager les projets en lice, un jury composé de sept personnes représentatives des différents métiers de la filière vin, rejoint par le lauréat du Premier Prix de la sixième édition, s’est réuni mardi 21 mars 2022. Hélène Bleuzen, installée dans le Ventoux sur son domaine éponyme, remporte le Premier Prix du Concours Vignerons et Terroirs d’Avenir assorti d’une dotation de 50 000 euros. Le Deuxième Prix et la dotation de 20 000 euros ont été attribués à Leila Lare et Benoit Périssé de la Fontaine des Grives à Bergerac. Le jury composé d’éminents professionnels de la filière vin a décerné le Troisième Prix aux Languedociens Laura Balsan et Julien Fabregat du Mas Origine » détaille Antoine Leccia, président-directeur général d’AdVini.

2022, des ventes aux enchères records sur iDealwine

En 2022, 47 ventes aux enchères ont été organisées sur le site idealwine.com, dont neuf ventes de collections privées (cave d’un amateur et d’un montant minimum de 250 000 euros), soit 197 928 bouteilles vendues pour une valeur record de 38,3 millions d’euros frais d’adjudications inclus. Le prix moyen de la bouteille vendue est de 194 euros en moyenne. « Si le premier semestre a été marqué par une forte envolée des prix, le dernier trimestre de l’année a connu un net ralentissement, voire une baisse de cours pour un certain nombre de signatures qui s’étaient envolées – une baisse qui ne compense pas, toutefois, les augmentations du premier semestre. Le contexte est inédit puisque la plus forte envolée des prix se mesure habituellement sur le dernier trimestre de l’année. Cette situation résulte d’une conjonction de facteurs alliant une forte inflation, la hausse des taux et un contexte géopolitique international instable qui ont incité les amateurs à une plus grande prudence dans leurs achats », précise Angélique de Lencquesaing, directrice générale et co-fondatrice d’iDealwine.

Dans le verre


Un duo de sauternes de Rayne Vigneau

Le château de Rayne Vigneau, premier cru classé de Sauternes au terroir magnifique, propose un coffret de deux bouteilles : Monsieur & Madame de Rayne. Deux millésimes complémentaires – le 2012 et le 2016 – qui raviront les amateurs de sauternes jeunes et plus matures.

Château de Rayne Vigneau, « Monsieur & Madame », 42 euros le coffret.

La tournée générale d’Ollier Taillefer

Françoise Ollier et son frère Luc, cinquième génération, ont repris l’exploitation familiale en Languedoc. Les neveux de Françoise, Florent et Guilhem, ont imaginé ce vin composé de carignan, mourvèdre, syrah et cinsault,. Résultat : un vin de copain sans sulfites, jeune, sur le fruit et la fraîcheur, à prix d’ami.

Ollier Taillefer, Tournée Générale, 12,50 euros.

Le cocktail 100 % Bourgogne

Cette édition limitée de marc de Bourgogne est le fruit de l’association entre la cave de Lugny et la distillerie Jacoulot, toutes deux installée en Bourgogne. « Animés d’une vision moderne du spiritueux qu’ils souhaitaient créer, nous avons sélectionné ensemble un marc de Bourgogne, issu de pinot noir » précise Grégoire Pissot, œnologue de la cave. « Le marc choisi a été distillé en 2015 selon un procédé de distillation continu multiétagé à l’aide d’alambics constitués de vases de distillation et de colonnes de concentration. Il a ensuite connu deux vieillissements consécutifs », ajoute Philippe Vançon, œnologue de la maison Jacoulot. Ce spiritueux qui titre à 42 % peut être dégusté seul ou en cocktail.

La recette à réaliser directement dans un verre : disposez 3 à 4 glaçons. Versez 3 cl du marc de Bourgogne. Ajoutez 3 cl de crème de pêche, 2 cl de liqueur de fleur de sureau et 2cl de jus de citron. Mélangez et rajoutez l’eau gazeuse. Finir avec trois tours de poivre cinq baies et une rondelle de citron.

Marc de Bourgogne Cave de Lugny x Maison Jacoulot, Édition limitée à 800 bouteilles 29 euros (35cl)

Olivier Jullien, le sud illuminé

Il n’y a pas de train sans une locomotive puissante, brillante, innovante. Sans le vouloir vraiment, Olivier Jullien a endossé ce costume


Article paru dans Le Nouveau Bettane+Desseauve 2023, pages 226-227


Réunion d’une vingtaine de vignerons de l’appellation terrasses-du-larzac, avant la crise sanitaire. Il y a de l’ambiance, le millésime s’annonce bon, les discussions sont animées, bruyantes, la cacophonie s’installe. Au bout de cette tablée joyeuse, un vigneron commence à parler. Olivier Jullien expose sa vision du vin. Sa voix ne porte pas particulièrement, mais tout le monde se tait. Le maître parle. L’homme est celui par qui tout a commencé, quand tout le monde était encore persuadé que les vins du Languedoc ne servaient qu’à faire des sauces, quand personne ne savait situer les terrasses du Larzac. On le respecte pour ses vins, ses savoirs, son intelligence et surtout pour un humanisme presque d’un autre temps, pourtant si moderne tant il est nécessaire.
Tout commence au début des années 1980. Jullien n’a pas de vignes, juste un BTS viti-oeno en poche. Il loue quelques parcelles pour faire son vin, qu’il réussit à vendre en installant des panneaux publicitaires pour attirer les touristes de passage ou en posant des flyers photocopiés sur les pare-brises des voitures. Les premiers professionnels à acheter sont les Belges. Eux n’ont pas de préjugés sur les vins du Languedoc. Devant la flambée des prix des grands bordeaux, ils cherchent d’autres sources d’approvisionnement pour leur clientèle. Quelques restaurateurs, comme les patrons du Mimosa à Saint-Guiraud, envoient beaucoup de leurs clients chez Olivier. Lui reprend ses études afin de mieux comprendre ce qui se passe dans un raisin et dans un chai et obtient le diplôme d’œnologue. Curieusement, la tradition est allée ici de fils en père. Dix ans après le démarrage du mas Jullien, le père d’Olivier, viticulteur coopérateur de son état a créé son domaine, le mas Cal Demoura, dont l’aventure est aujourd’hui brillamment poursuivie par les Goumard.

Tout commence à Jonquières
Le terroir des débuts est celui de Jonquières, dont Olivier aime passionnément les calcaires. La terre se loue à qui veut bien la prendre, les prétendants sont rares. Ce terroir donne aux vins des arômes complexes, au-delà du seul fruit, avec des matières longues en goût, soutenues par des tannins plein de reliefs qui étirent la densité du vin. Assez vite, face au réchauffement climatique que les gens de la vigne constatent à chaque millésime, l’idée d’aller cultiver plus haut dans les terrasses devient une évidence. Abandonner une grande partie de ses vignes de Jonquières n’a pas été un crève-cœur. Il a l’impression d’avoir fait ce qu’il avait à faire, ne se sent plus utile au lieu. Tombé amoureux des terroirs d’altitude de Saint-Privat lors d’une balade à VTT, il décide d’y acheter des vignes puis d’y vivre.
Ces terroirs situés entre 300 et 450 mètres donnent des vins aux arômes précis avec des équilibres fluides, longs en saveurs, légers et aux tannins doux. Carlan est la première implantation avant d’autres comme Lous Rougeos, dont les vieux vignerons disaient que chaque famille de la commune voulait autrefois en posséder un lopin. La dégustation du millésime 2020 confirme les propos des anciens. Par acquisitions successives, Jullien réussit à constituer un vignoble largement en friche. Avec la régression du monde rural, le vigneron devient un fournisseur d’accès pour des citadins qui expriment un besoin vital pour l’énergie de la nature.
Olivier Jullien a toujours voulu faire du vin pour donner de la joie, du plaisir. C’est sa lutte épicurienne. Sans l’envie de faire un vin en particulier, sans idées précises et plutôt avec la somme de ses questions, il revisite régulièrement ses propres dogmes. Certifié bio, il pratique la biodynamie sans certification. Elle est pour lui une démarche intime, amoureuse, que l’on ne peut pas faire tamponner par un quelconque organisme étranger.

Accessible malgré la demande
Nous voyons régulièrement émerger de nouvelles cuvées, en Languedoc ou ailleurs, dont le prix est arbitrairement fixé cinq fois plus cher que le standard local, parfois dix fois, parfois plus. La loi de l’offre et de la demande aurait voulu que Mas Jullien domine par ses prix la production du Languedoc. Olivier souhaite un prix qui lui permette de bien vivre et d’investir malgré les faibles volumes produits, sans couper le lien avec l’amateur. Ce qui l’amène à relever le défi compliqué de se faire respecter, d’avoir une image hyper qualitative sans entrer dans le jeu de la spéculation.
Pour lui, tenir cette ligne est fondamental en termes de cohérence et de confiance avec sa clientèle sur la durée. En fonction des volumes disponibles, hélas faibles sur les derniers millésimes, les amateurs intéressés peuvent acheter les vins en répondant à ses offres de réservation chaque mois de mars. Longtemps inconnus, les terroirs de l’AOC terrasses-du-larzac doivent beaucoup à Olivier. La plupart des grands amateurs situent aujourd’hui l’appellation à la pointe qualitative d’un Languedoc qui ne traîne plus ses casseroles des années anciennes. « Ce qui manque le plus ici comme ailleurs est de trouver des personnes qui ont le sens de la vigne », explique Olivier. Peut-être ne se rend-il pas compte que le vignoble des Terrasses en est plutôt bien pourvu par rapport à d’autres zones du Languedoc. Nombre de néo-vignerons peuvent le remercier de ses conseils avisés. Il aide ceux qui s’installent dès lors qu’ils ont une ambition qualitative.

Nous vous recommandons la lecture de La Mécanique des vins (Grasset) de Laure Gasparotto et Olivier Jullien.

Noble Champagne, l’œuvre du temps de la maison Lanson

Cette maison chargée d’histoire fête le retour au premier plan de sa cuvée Noble Champagne, relookée pour l’occasion et déclinée en version brut et blanc de blancs. Ce 2004 de grande classe rappelle à tous la maîtrise de la marque en matière d’assemblage et de raffinement. Il met en lumière les fondamentaux de son style entre tension et élégance suprême, permis par un long vieillissement en cave. Un grand champagne de gastronomie.

Lanson, Noble Champagne 2004 blanc de blancs, 205 euros (disponible uniquement en coffret)