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Un beau pommard à conserver

Édouard Delaunay, pommard premier cru Les Chaponnières 2019

Pourquoi lui Laurent Delaunay a racheté la maison familiale vendue plus de vingt ans auparavant. En très peu d’années, il lui a rendu son lustre et plus encore. Averse de médailles et de notes avantageuses sur ses vins. Voilà maintenant qu’il est propulsé à la tête des…

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Coravin, dix ans et tout commence

Issu d’une formation en médecine, Greg Lambrecht, sorte de savant fou et bon vivant, a voulu mettre sa science académique au service du vin. Lancé aux États-Unis en 2013, Coravin fête ses dix ans, une entreprise mondiale et plusieurs inventions brillantes

« J’ai d’abord inventé Coravin pour moi-même. » C’est l’impatience et la frustration, en plus de beaucoup de curiosité, qui ont fait naître le système Coravin en 2013. L’idée ? Cesser de faire des compromis en matière de choix de vin grâce à un mécanisme révolutionnaire d’aiguille, inspiré des recherches sur le traitement du cancer. En perçant le bouchon de façon invisible, le Coravin permet d’extraire d’une bouteille de vin uniquement la quantité souhaitée. « Savourez votre verre, préservez votre bouteille » : c’est la promesse.

Plus besoin d’hésiter au moment de goûter un vin que l’on nous sermonne d’attendre, ni de se contraindre à boire selon les goûts de son partenaire, situation parfois critique. Une piqûre et le verre se remplit du vin de son choix. On peut faire ça pendant les trois années qui suivent. Greg Lambrecht est un inépuisable touche à tout. Il a lancé sur le marché un nouvel outil qu’il a mis huit ans à développer : un système dédié aux vins effervescents. Un de ses rêves. Perfectionniste, il a souhaité que l’appareil s’adapte à toutes les bouteilles de bulles existantes, quitte à se déplacer en Champagne à plusieurs reprises au-devant des quelques flacons retors. Pari gagné et la promesse de conserver toute bouteille ouverte intacte jusqu’à quatre semaines grâce à un stopper à encapsuler sur le col qui permet d’injecter une dose de CO2. « Le premier verre aura le même éclat que le dernier. »

Expérience faite, le système est plutôt bluffant
Goutés côte à côte à l’aveugle, les deux verres de champagne présentés, l’un ouvert à la date du 1er mars et l’autre à la date du 23 mars, sont indissociables. À l’œil, la différence de célérité des bulles est à peine perceptible. En bouche, le fruité onctueux du premier est tout aussi rayonnant dans le second et aucun des deux verres ne présente de notes fanées ou d’oxydation.

Bienvenue verre de blanc de blancs d’un soir, verre de blanc de noirs d’un autre, puis de crémant, du Jura, d’ailleurs. Nous ne finirons pas la bouteille ce soir pour célébrer rien d’autre que notre simple désir. Parfois, la dimension « gadget » du système Coravin est décriée par les puristes, reconnaissons-lui une ingéniosité brillante. Elle ne s’est pas départie de la vision originale de son inventeur, entre respect et amour du bon vin.

iDealwine, un coup d’avance sur les tendances

Leader mondial des enchères en ligne de vin et première maison française de vente de vin aux enchères (tous canaux confondus), iDealwine publie son traditionnel baromètre annuel. 160 pages d’analyse du marché des enchères de vins en 2022, de décryptage des tendances pour 2023. En bonus, les signatures à suivre dans 14 régions et vignobles. Un indispensable pour l’amateur et sa bonne gestion de cave

Premier enseignement de ce baromètre : 2022 a été une année record. 197 928 flacons vendus (équivalent bouteille de 75 cl). Bilan en hausse (+4 %). Les vins rouges arrivent en tête (73,1 %) lors de 47 ventes aux enchères organisées par iDealwine dans 60 pays acheteurs. Une valeur record de 37,1 M€ d’adjudications hors frais (38,3 M€ frais inclus soit un chiffre hausse de 40 %) et un prix moyen de bouteille adjugée qui s’élève à 194 euros (+ 39%). Si le trio Bordeaux, Bourgogne et vallée du Rhône concentre toujours l’essentiel des ventes (73 % en volume, 83,6 % en valeur), les 14 régions passées au crible regorgent de pépites et de stars, en devenir ou déjà établies. C’est d’ailleurs l’un des aspects les plus passionnants de ce baromètre, qui propose ce recensement, au sein des classements et dans les pages « signatures à suivre ».

Les légendes d’abord
Sans surprise, les premières places sont occupées par les vins iconiques. Le domaine de la Romanée-Conti se distingue pour le lot le plus cher de l’année, avec un assortiment de 12 grands crus dans le millésime 2018 (un corton, un montrachet, deux échézeaux, un grands-échézeaux, deux romanée-saint-vivant, un richebourg, trois la-tâche et un romanée-conti) adjugé à 84 320 euros.
La bouteille la plus chère de l’année est un musigny grand cru 2006 du domaine Leroy vendu à 34 100 euros. Bordeaux gagne le prix du flacon le plus cher avec un petrus 2015 en impériale adjugée à 62 000 euros. En Bourgogne, le domaine d’Auvenay est le plus échangé aux enchères en 2022– 386 bouteilles (75 cl) qui a totalisé plus de 2,1 M€ de montant adjugé, soit un prix moyen de 5 464 euros par bouteille. En un an, le deuxième domaine de la charismatique vigneronne Lalou Bize-Leroy (domaine Leroy) passe ainsi du 6e au 1e rang des propriétés les plus attractives et détrône le domaine de la Romanée-Conti.

Du beau temps et quelques nuages
Le premier semestre 2022 a été marqué par une forte envolée des prix, en particulier sur quelques signatures (Rayas, Bizot, Charles Lachaux, etc.), avec des variations de cours qui se mesurent à deux, voire trois chiffres. Sans doute liée aux premiers signes de l’inflation et des tensions géopolitiques qui ont pesé sur l’économie, la période a été suivie d’une accalmie au niveau des prix lors du dernier trimestre, en ce qui concerne le « Big 8 » : Rayas, Leroy, Auvenay, Rousseau, Roumier, Bizot, Lachaux, La Grange des Pères. Les huit signatures avaient vu leur côte flamber au cours des dernières années.
La Bourgogne, première région en valeur (45,3 % du total adjugé, +65 %) et deuxième en volume (22,8 %) derrière Bordeaux (36,6 %), jouit d’une hégémonie toujours grandissante. Le prix moyen de la bouteille de 75 cl – 384 euros – s’y est envolé (+ 59 %). Les vins de Bourgogne occupent 31 places sur les 50 correspondantes aux lots les plus chers. Ils composent aussi l’intégralité du Top 50 des flacons les plus chers, ainsi que la première place des palmarès bio et nature.

Ce qu’il faut aussi retenir
L’année 2022 se caractérise aussi par la forte inflation sur le prix des champagnes. Le prix moyen d’une bouteille de champagne est le deuxième le plus élevé et atteint 259 euros (+ 42 %) et par une présence toujours plus forte des vins bio, biodynamiques et nature. Parmi les vins les plus chers des enchères, les vins bios représentent au moins un quart des ventes aux enchères de vin et les vins nature environ 6 %. Au sommet des palmarès, les domaines de la Romanée-Conti, d’Auvenay, Leroy, Leflaive sont en biodynamie. Les vins natures progressent également en matière de prix de vente moyen. Certains d’entre eux ont franchi le seuil des 1 000 euros la bouteille (Bizot, Selosse, Prieuré Roch, Miroirs, Overnoy, Thierry Allemand, Jardins Esmeraldins de Xavier Caillard).
Notons aussi que six vins du Jura figurent dans le top 20 des flacons nature les plus chers. Enfin, autre tendance qui ne se dément pas, la rareté des vins demeure un critère essentiel dans l’envolée des prix. Les micro-domaines, les cuvées confidentielles hors des codes – 7 000 bouteilles vendues aux enchères en 2022 étaient étiquetées vin-de-France) et les très vieux millésimes attirent toujours les convoitises.
« Il reste une part de mystère dans ce qui définit le succès d’un vin, d’un homme, d’un domaine » analyse Angélique de Lencquesaing, co-fondatrice d’iDealwine. « C’est ce que, à sa manière, notre baromètre tente de percer. Au-delà des chiffres, des palmarès, des records, c’est l’état d’âme des amateurs, leur quête du Graal que nous touchons du doigt ».

Pour se procurer le Baromètre 2022 des enchères de vin, c’est par là : https://www.idealwine.com/fr/acheter-vin/B2110040-93638-1-Bouteille-Barometre-iDealwine-2023-des-encheres-de-vin-Divers.jsp

[Classe de Maître] Château Pichon Comtesse, le vin est une civilisation

Placé au plus haut niveau de Pauillac depuis plusieurs décennies, le Château Pichon Comtesse brille par une personnalité hors norme. Son directeur Nicolas Glumineau décrit chaque millésime du cru au travers d’une playlist ébouriffante et originale. Avec Thierry Desseauve, cinq grands millésimes de Pichon Comtesse décryptés en musique.

Vous pouvez retrouver l’intégralité de la playlist Pichon Comtesse sur www.pichon-comtesse.com

Crédits
Production Jeroboam
Productrice Juliette Desseauve
Image Lucas Chaunay
Montage Nicolas Guillaume
Motion Design Maxime Baile
Musique originale Arthur L. Jacquin
Traduction Alexandra Rendall

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Le mondovino de la semaine #194 tourne à fond

Le Bontemps au château Smith Haut Lafitte • Brouilly fête ses terres • Nouvelle synergie • À chaque champagne de vignerons son caractère • Le cuban Manhattan de la casa • Un sauvignon de mi-voies • Chaque jour du nouveau, en voici six

Dans le vignoble


Le Bontemps au château Smith Haut Lafitte

Cette année, la fête du Bontemps organisée par la Commanderie du Bontemps s’est tenue le jeudi 27 avril au château Smith Haut Lafitte, un grand cru classé des Graves. Elle marque la fin de la semaine des primeurs à Bordeaux. Environ 900 professionnels du vin (négociants, courtiers, importateurs, distributeurs, critiques de vin, journalistes) ainsi que des personnalités publiques ont été accueillis par Florence et Daniel Cathiard, les propriétaires. Le menu de la soirée, élaboré par le chef deux étoiles Nicolas Masse des Sources de Caudalie, était accompagné d’un verre d’Yquem (en vin d’honneur), des vins de Smith Haut Lafitte en rouge et blanc (au dîner) ainsi que Cos d’Estournel, Latour et Rieussec.

Brouilly fête ses terres

Pour la deuxième édition du Brouilly Festival, Brouilly donne rendez-vous le samedi 13 mai aux amateurs et aux professionnels au château des Ravatys. Une journée riche en temps forts et pleine de découvertes : dégustations professionnelles et grand public, balade dans les vignes pour découvrir la biodiversité, marché artisanal, bar à vins et concert pop rock, etc.

Plus d’informations et réservations sur www.terredesbrouilly.com

Nouvelle synergie

« Synergie » est la nouvelle cellule de l’agence PWP agence spécialisée dans le On Trade. A l’origine de cette création, Franck Penard, fondateur de PWP Agence et Stéphane Dago, ambassadeur polyvalent de marques d’alcool et stratège en communication et au réseau ultra-connecté. Son but ? « Révéler toutes les facettes d’une marque, détecter l’opportunité de communication en totale adéquation avec son ADN et l’associe à un grand nom du secteur de la mode, de l’art, de l’horlogerie, de la musique, etc., le temps d’un événement. Synergie se positionne comme un accélérateur de croissance pour les marques de vins et spiritueux » précise Franck Penard.

Plus d’informations sur www.pwpagence.fr

À chaque champagne de vignerons son caractère

Fruité, intense, vif, ce sont les trois grandes familles de caractère que proposent désormais les Champagnes de Vignerons, la bannière collective qui regroupe près de 4 000 vignerons et coopératives. Pour faciliter la lecture de leurs champagnes par les consommateurs et les guider dans leur choix, ils ont créé cette classification simple. Chaque profil est ensuite expliqué en dix nuances.

Fruité (des champagnes marqués par la générosité) : charnu, généreux, gourmand, moelleux, opulent, rond, soyeux, suave, tendre, velouté, dix facettes marquées par la générosité.

Intense (des champagnes gastronomiques) : ample, boisé, charpenté, corsé, épicé, évolué, mature, onctueux, patiné, vineux.

Vif (des champagnes marqués par la fraîcheur) : dynamique, iodé, floral, frais, franc, minéral, pulpeux, salin, tendu, tonique.

Dans le verre


Le cuban Manhattan de la casa

C’est au sein de la Casa Eminente, installée au 6 impasse Guéménée dans le IVe arrondissement de Paris que ce Cuban Manhattan a été élaboré avec le rhum Eminente Reserva. Il a été vieilli pendant six mois dans un ancien fût de chêne de 200 litres ayant contenu du whisky au sein de la distillerie et sa casa (maison) installée en plein cœur de Paris. Depuis plusieurs mois, cette marque de Rhum cubain a ouvert une maison cubaine dans laquelle le rhum est roi. Ateliers de dégustations, mixologie et gastronomie sont proposés dans cette casa au charme incontestable.

Eminente Cuban Manhattan, www.casaeminente.com

Un sauvignon de mi-voies

Le domaine de Bertrand Minchin est l’une des valeurs sûres de Valençay. Au fil des millésimes, les blancs gagnent en précision. Ce 100 % sauvignon au nez d’agrumes, à la bouche fraîche et aux notes de citron vert un vin de plaisir d’été.

Domaines Minchin, Le Claux Delorme, Mi-Voies 2022, 9,90 euros

Un pinot noir de Sancerre, la bonne alternative

Domaine Denizot,
Biorga, sancerre 2020

Pourquoi lui
Il nous a conquis avec son pinot noir d’une folle élégance. Thibauld Denizot représente la sixième génération aux commandes de ce vignoble du Sancerrois qui compte aujourd’hui plus de 18 hectares dont le quart destiné à ses vins rouges. Ce qu’il y a de bien avec ces pinots de Loire…

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Les nouvelles portes de la Bourgogne

Après plusieurs années de conception et de travaux, la Cité des climats et vins de Bourgogne va ouvrir ses portes dans trois lieux du vignoble et en trois temps. À Mâcon, le mercredi 3 mai, à Chablis, le mercredi 17 mai et à Beaune, le samedi 17 juin

Trois sites pensés en réseau. Il n’en fallait pas moins pour découvrir au mieux, du nord au sud, ce vignoble si complexe et morcelé. 3 577 domaines viticoles (autour de six hectares en moyenne), 16 caves coopératives, 266 maisons de négoce répartis sur 84 appellations. Sans oublier une multitude de « climats » qui font de la viticulture de terroir « à la bourguignonne » un modèle singulier et unique au monde. Si les vignerons bourguignons rêvaient depuis longtemps d’un tel lieu touristique et culturel, c’est l’inscription par l’Unesco des Climats de Bourgogne sur la liste du patrimoine mondial en 2015 qui a véritablement lancé le projet. Celui-ci arrive aujourd’hui à maturité sous la forme de trois lieux de vie et de partage, parfaits compléments de la cité de la gastronomie de Dijon. Trois villes retenues : Beaune, capitale des vins de Bourgogne, Chablis, où vibre l’héritage monastique de la Bourgogne viticole et Mâcon, berceau du chardonnay. « Toute cité est un état d’âme » dit le poète Georges Rodenbach. Et l’âme profonde de la Bourgogne s’exprime dans le partage, l’échange, la convivialité, une certaine « gaité pensive » évoquée par l’écrivain Friedrich Sieburg. Ce sont les maîtres-mots de cette cité en trois lieux dont la vocation est de révéler aux visiteurs toute la singularité du modèle de viticulture bourguignon, avec pertinence et pédagogie.

Voyager des terroirs jusqu’au verre
Si chaque site se distingue par une architecture et des parcours scénographiques spécifiques dédiés aux vignobles qui les entourent, les trois partagent un même programme de fond : des expériences immersives et sensorielles, une déambulation guidée par les voix de vignerons (Jean-François Bordet du domaine Séguinot-Bordet à Chablis, Véronique Drouhin de la maison Joseph Drouhin à Beaune et Jérôme Chevalier, de la coopérative Les Orfèvres du vin à Charnay-les-Mâcon), des contenus audiovisuels (autour de l’origine des sous-sols, la mosaïque des paysages et des climats, le travail de la vigne, la vinification, les tradition, etc.) et, pour les échanges et la convivialité, une librairie-boutique, un bar avec terrasse panoramique sur les vignes, des ateliers de dégustation et d’accords mets et vins. Pour aller plus loin, des conférences et des expositions rythmeront l’année, et des formations (dans des formats allant de 45 minutes à plusieurs journées) y seront également délivrées par les spécialistes de l’École des Vins de Bourgogne.

Les + : chaque parcours de visite comprend une dégustation commentée. Citons également le parcours spécialement conçu pour les plus jeunes visiteurs avec initiation aux fossiles ou à la diversité des animaux du vignoble, et activités multisensorielles autour du cycle de la vigne et de la grappe de raisin.
Programme et activités à découvrir ici www.citeclimatsvins-bourgogne.com

Les adresses
Beaune
Rue du Moulin Noizé
Tarif d’entrée 14 euros par personne, deux verres de dégustation inclus

Chablis
1 rue de Chichée
Tarif d’entrée 9 euros par personne, 2 verres de dégustation inclus

Mâcon
520 Avenue Maréchal de Lattre de Tassigny
Tarif d’entrée 9 euros par personne, 2 verres de dégustation inclus
Tarifs non contractuels

Châteauneuf-du-Pape, le futur droit dans les yeux

Le grand vignoble du sud du Rhône a depuis longtemps conquis la planète. Longtemps rude avec elle, la défendre est désormais sa priorité, sa mission. La feuille de route est complète. Les actes suivent la parole


Cet article est paru dans En Magnum #31. Vous pouvez l’acheter en kiosque, sur notre site ici. Ou sur cafeyn.co.


« En France, la qualité des vins est reconnue selon un système établi qui vise à contrôler leur origine et ses spécificités, via un cahier des charges respecté. Ces appellations ont beaucoup fait pour la réputation de nos terroirs. Ce fonctionnement presque centenaire est aujourd’hui remis en question. D’aucuns l’estiment incompatible avec les sujets de notre époque, notamment celui du changement climatique. Quelle réponse à ces critiques ? Adoption d’une charte paysagère, labellisation spécifique des pratiques vertueuses, préservation des paysages et des faunes locales, lutte contre l’érosion, développement de l’écopâturage, plan global contre la flavescence dorée, sauvegarde du patrimoine ampélographique, etc. En pionnière et en modèle, la vieille appellation châteauneuf-du-pape (1936) s’est mise en ordre de bataille pour les combats du siècle. »
Il y a quelques semaines, nous écrivions dans notre Nouveau Bettane+Desseauve 2023 ce texte court pour accompagner la nomination du vignoble vauclusien au rang de génie de la planète. Quelques lignes trop courtes qui tentaient de résumer sommairement la démarche de cette AOC en matière de développement durable. Célébré dans le monde pour ses vins, en bonne santé économique grâce à des stratégies successives de valorisation et une défense farouche de son patrimoine foncier, Châteauneuf-du-Pape avait besoin d’un chantier de taille pour rendre durable cette situation. Préoccupation majeure de notre société, la protection des territoires et des terroirs a longtemps été reléguée au second plan. Depuis peu, ces thématiques environnementales ont abouti à un engagement spectaculaire exprimé par la grande majorité des producteurs châteauneuvois. Il s’organise autour de trois points clefs : protection, observation, anticipation.

Protéger
« L’idée de notre programme est d’avancer collectivement, en laissant chaque producteur aller à son rythme dans cette voie vertueuse. Tous ces enjeux sont de taille et on ne pourra pas se défiler devant nos responsabilités. » Directeur du pôle projets et développement de la maison des vins de l’appellation et élément moteur de cet ambitieux programme, Michel Blanc sait que la pertinence de ce projet n’a de sens que s’il fédère l’ensemble des actifs de ce large territoire. Producteurs, collectivités locales, administrations, institutions, élus, organismes professionnels et techniques, tissu associatif ont un rôle à jouer dans la défense et la protection de l’aire d’appellation et de ses terroirs. « Le programme est une feuille de route et un outil d’amélioration de nos connaissances, c’est aussi un vecteur de cohésion entre tous ces acteurs. »
Il s’inscrit dans la lignée de l’adhésion de l’AOC à la charte environnementale et paysagère des côtes du Rhône, liste d’engagements susceptibles de mieux valoriser les pratiques culturales et leur durabilité. Au sein de cet ensemble de mesures très complet, on retiendra le maintien de la faune locale aux abords du vignoble, le choix d’un matériel agricole adapté aux pratiques, la mise en avant et la sauvegarde des petits bâtiments viticoles, etc. Pertinente, cette to-do list insiste aussi sur la nécessité d’inscrire ces démarches dans une vision pédagogique auprès des consommateurs (et des nombreux touristes de passage dans la région), mais également auprès d’un public professionnel, d’élus et de techniciens, premiers relais d’influence de cette bonne parole. Plus concrètement, l’appellation lutte par exemple pour la sauvegarde du massif du Lampourdier. La surexploitation industrielle de sa roche calcaire menace directement la biodiversité locale et risque à terme de dérégler le microclimat propre à ce secteur.
Bien sûr, beaucoup de ces actions sont menées depuis longtemps par certaines exploitations. Dans un souci d’aller plus loin dans son combat, la réflexion individuelle a pris une dimension collective plus forte avec les propositions d’évolution et de modification du cahier des charges de l’AOC et par la volonté d’y intégrer des mesures agro-environnementales impactantes. Largement soutenue, la première de ces modifications consiste à conserver et entretenir les « éléments structurants du paysage » comme les nombreux murets, terrasses, cabanons mais aussi arbres, bois et bosquets déjà présents – en de rares endroits – dans la zone plantée de l’appellation. Plus coercitive, l’autre mesure phare du programme vise à abandonner le désherbage chimique en précisant dans le cahier des charges l’obligation d’assurer par des moyens mécaniques ou physiques la maîtrise de la végétation, semée ou spontanée. Cette anticipation de ce qui sera peut-être un jour une norme pour de nombreux vignobles de France pourrait d’ailleurs s’étendre à l’usage des insecticides. Décidées au printemps 2022, ces mesures fortes en disent long sur les ambitions locales.

L’éco-pâturage, alternative durable et efficace, est de plus en plus plébiscité par les vignerons de l’appellation.

Observer
Autant de mesures capables de préserver la biodiversité n’ont pas été prises sans une bonne dose d’observation. Pour l’organiser de la manière la plus efficace, une dizaine de vignerons s’est proposée d’évaluer quantitativement la faune présente sur ce territoire. Ce recensement des vers de terre, papillons, abeilles solitaires et autres chauve-souris doit permettre d’adapter au mieux les solutions techniques et les aménagements paysagers à mettre en place. Hélas réputé pour ses « mers de vignes », le territoire châteauneuvois avait perdu sa diversité paysagère après plusieurs décennies d’exploitation viticole plus ou moins intensive. En mettant en place son « marathon de la biodiversité » (la plantation de 42 kilomètres d’arbres et d’arbustes dans des endroits stratégiques), l’appellation cherche à recréer des corridors de biodiversité propices à l’implantation durable de la faune locale. Les objectifs sont multiples, outre l’embellissement des paysages. L’apport de biomasse permet en effet de lutter contre l’érosion des sols nus soumis à de forts phénomènes de ruissellement. Élément moteur de l’initiative, le jeune Victor Coulon du domaine de Beaurenard précise : « C’est un pari qu’on fait sur l’avenir. Aujourd’hui, on voit bien que certains secteurs de l’appellation sont des déserts organiques. Planter des haies, des arbres, profite à tous. On ne le fait pas qu’en pensant aux résultats pour son propre domaine. Et puis, c’est notre environnement de travail, le lieu de vie de nombreuses familles. Autant faire en sorte de le rendre plus agréable ». Une vingtaine de domaines s’est engagée dans le projet, porté par les jeunes vignerons. « L’idée n’est pas de tout faire seul. On s’entraide, on partage nos expériences, on évalue les résultats chez les uns et les autres pour adapter au mieux. Certaines actions fonctionnent bien, d’autres n’aboutiront jamais. » Pas question non plus de supplanter la flore locale par des apports étrangers. Les essences indigènes sont privilégiées et la chambre d’agriculture apporte son soutien technique.
Sujet d’avenir, le matériel végétal est aussi au cœur des débats et des réflexions. Le patrimoine ampélographique de l’appellation fait l’objet de tous les soins de la part des producteurs. La grande liberté du cahier des charges – rare chance parmi les AOC viticoles – permet l’utilisation de dix-huit cépages, utilisés seuls ou en assemblage. La protection de cette mémoire végétale a commencé par un travail de recensement des ceps jugés les plus intéressants et les plus aptes à s’adapter au changement climatique.

Innover
L’une des grandes questions concerne la menace que ce dérèglement planétaire fait peser sur les équilibres et les profils aromatiques des châteauneuf-du-pape. Parfois boudée des consommateurs pour le haut degré d’alcool de ses vins et leur profil solaire, l’appellation entrevoit son salut dans la diversité génétique de ses cépages. Thierry Sabon, vigneron au clos du Mont-Olivet, suit ce projet de près : « Nous avons besoin d’accumuler des données sur ce sujet. Pour la vigne, il n’y a pas de secret, il faut la planter, attendre et voir comment elle réagit. Ce schéma classique ne permet pas d’anticiper. On plante parfois pour deux ou trois générations. Il ne faut pas se tromper ». Une dégustation des cuvées issues de ces cépages minoritaires permet de se rendre compte des nombreuses alternatives à disposition des vignerons pour ne rien perdre de la typicité du grand vin de Châteauneuf-du-Pape, en rouge comme en blanc. On la retrouvera sur enmagnum.com.
Presque partout, chez les producteurs les plus réputés comme les nouveaux venus, on ressent le même dynamisme collectif. Au domaine Mayard, par exemple, un trio de jeunes hommes a mis son nom sur ses bouteilles pour la première fois en 2022. En plus d’avoir complètement réaménagé leur installation technique, ils ont longuement réfléchi à l’impact de leur activité sur les vignes, notamment au sujet de la taille d’hiver qu’ils souhaitent la moins traumatisante possible. Ailleurs, Élodie Jaume a créé son propre domaine, adossé à la structure familiale. Sur son vignoble de seulement quelques hectares, elle s’occupe de chacun de ses pieds de vigne, faisant tout à la main pour avoir le plus de lien possible avec son environnement, le comprendre et avoir une idée précise des changements à l’œuvre. Cette exigence vigneronne incarnée par la jeune génération est aussi souvent le résultat d’une transmission et d’un enseignement. Comme au domaine de Marcoux, grand classique de Châteauneuf, ou la famille Armenier mère et fils travaille de concert avec un même sens du vin, intransigeante sur la qualité et animée par une solide éthique intérieure.
La liste des actions mises en place par l’appellation force l’admiration. Stations météo connectés, confusion sexuelle renforcée, réseau de fermes pilotes pour réduire l’usage de produits phytosanitaires, partage et mutualisation des connaissances, plan d’action collectif pour lutter contre la flavescence dorée, auxquels s’ajoutent les initiatives personnelles et des pratiques culturales très diverses. Sur ce point précis, la démarche ne prévoit aucun validation par un label spécifique, ce qui laisse les chapelles de côté et une liberté intacte et encourageante pour tout essayer, tout tenter.
Reste le difficile sujet de l’irrigation. Tout n’est pas parfait et beaucoup de travail reste à faire sur le sujet. Au moins pour faire changer quelques pratiques aberrantes solidement installées dans la panoplie d’outils de certains producteurs. Les épisodes de sécheresse des derniers millésimes, extrêmes par leur intensité, proposent un sérieux défi à l’appellation. Si la gestion des ressources en eau est la principale préoccupation d’une grande partie de la viticulture actuelle, elle devient peu à peu une angoisse pour les exploitations rhodaniennes. Pour irriguer, le vignoble châteauneuvois a le droit de prélever son eau dans le Rhône. Le réseau de canaux vétuste qui permet cet arrosage contrôlé doit faire l’objet d’importantes rénovations. Mais d’autres solutions sont possibles. L’observation et la mise en place de ce large plan de développement durable devrait permettre d’améliorer encore la connaissance des terroirs et du vignoble, d’ajuster sur mesure les pratiques culturales à mettre en place pour abriter le vivant et, de fait, de protéger l’eau qui permet à celui-ci d’exister. Dans les secteurs les plus chauds, comme sur le plateau exposé de la Crau, des bassins de rétention d’eau de pluie constituent déjà une alternative solide à la mise en place d’un système d’irrigation par pompage.
Dans notre suivi des grandes régions viticoles françaises, nous n’avons pas rencontré, ces dernières années, un aussi fort foisonnement d’idées et d’initiatives que celui à l’œuvre dans l’appellation des papes. Pour réussir, elle s’est appuyée sur le travail fédérateur d’une poignée et s’est nourrie des ambitions entrepreneuriales d’exploitations concurrentes. Cette situation ambivalente est le propre d’une appellation d’origine contrôlée. Sa chance aussi de continuer à exister.

En bref
33 % des surfaces en agriculture biologique certifiée, soit 48 domaines
+57 %, c’est l’évolution des surfaces certifiés bio entre 2012 et 2020
34 domaines sont certifiés Haute valeur environnementale
13 domaines sont certifiés en biodynamie

Le dîner de saison Palmer & Co (Paris)

En Magnum vous ouvre les portes de trois dîners réservés aux seuls lecteurs du Jour du Lebey et signés par de jeunes chefs prometteurs sont prévus cette année pour révéler tout leur potentiel à table

Le mardi 16 mai prochain au bistrot Le Flaubert à Paris, c’est au tour de Flavio Lucarini de mettre sa cuisine apprise auprès de ses maîtres Banctel et Passerini au service des champagnes de la célèbre maison. Depuis le réussi Blanc de Blancs jusqu’au Rosé Solera, les champagnes Palmer & Co se distinguent par leur élégance, leur précision et leur équilibre. La Maison propose également des cuvées millésimées vieillissant à la perfection.

Le menu :

Canapés
Palmer Rosé Solera
*
Asperge verte, laitue de mer, sauce citron poivron vert
Palmer Blanc de Blancs
*
Morilles farcies
Moutardes, anguille, émulsion froide au pollen, stracciatella maison
Palmer Blanc de Noirs
*
Saint-Pierre, sauce relevée aux cornichons et livèche, agretti
Palmer Grands Terroirs 2015
*
Noisettes du Piémont, poire en pickles, bourgeons de sapin
Palmer Nectar Réserve
*
Mignardises

En pratique : mardi 16 mai, dîner à 65 euros, vins (champagnes) et café compris.
Pour réserver : billetterie sur www.lebey.com

Adresse : Le Flaubert, 10 rue Gustave Flaubert, 75017 (métro : Ternes – Wagram)

Ruinart, bientôt, 300 ans fait peau neuve

En route vers son tricentenaire, la maison Ruinart fait évoluer le look de son site historique sur la colline Saint-Nicaise. Elle vient de poser la première pierre de son futur pavillon Nicolas Ruinart, du nom son fondateur en 1729. Un bâtiment lumineux, léger et transparent dont l’inauguration est prévue en septembre 2024

Situé à côté des crayères du XIIIe siècle – inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco – cet écrin design de 1 200 m² permettra d’accueillir un plus grand nombre de visiteurs en leur proposant des expériences personnalisées. « La grande spécificité de ce site est de réunir sur un même lieu, au sein de crayères millénaires et d’un parc boisé classé, une grande partie de l’élaboration de nos produits cohabitant avec notre vision de l’hospitalité. Notre ambition est de créer un lieu expérientiel où nous pouvons exprimer toutes les facettes de notre univers. L’expérience Ruinart en Champagne doit incarner la vision du fondateur : créative et symbole d’excellence » commente Frédéric Dufour, président de la maison, propriété du groupe LVMH. Pour concevoir cet édifice, en harmonie avec la nature et les espaces historiques avoisinants, et en mode « bas carbone labellisé HQE » (niveau exceptionnel), la maison a fait appel à l’architecte japonais Sou Fujimoto. Celui-ci a imaginé une forme inspirée de l’emblématique flacon Ruinart, entre rondeur et transparence à la manière d’une bulle de champagne. Deux autres créateurs de renom sont aux manettes, Gwenaël Nicolas, en charge du design d’intérieur, et Christophe Gautrand qui va composer le parc paysager (NDLR, l’un des premiers projets en France à bénéficier du label BiodiverCity Life) comme une expérience artistique à part entière.

Expériences augmentées
On y retrouvera aussi salons, bar, espace boutique et vaste terrasse à l’ombre des arbres, pour prendre un verre, découvrir des cuvées exclusives, goûter un accord mets et vin, partager un brunch, découvrir le parc, visiter les crayères, s’initier à la dégustation, etc. Un espace intime sera également réservé aux collectionneurs pour découvrir la série complète des dom-ruinart ou une sélection de millésimes anciens uniquement disponibles à Reims. On y trouvera par exemple un flacon de R de Ruinart 1926, premier millésime de cette cuvée, retrouvé en 2022 dans les caves du restaurant Paul Bocuse de Collonges. Côté cuisine, Arnaud Donckele, le chef triplement étoilé de La Vague d’Or – Cheval Blanc Saint-Tropez et du Plénitude – Cheval Blanc Paris, y signera une offre gastronomique exécutée par la cheffe en résidence, Valérie Radou. Rendez-vous en 2024.