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Entre-deux-Mers : déferlante d’idées neuves


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5 raisons de croire en l’Entre-deux-Mers

Le bonheur de la lenteur
C’est la campagne aux portes de Bordeaux. Elle débute à la pointe du Bec d’Ambès, où se rejoignent Garonne et Dordogne, et s’étend jusqu’à Castillon au nord et La Réole au sud. On y trouve une concentration exceptionnelle de vignobles en management environnemental et en bio. « Notre territoire s’y prête particulièrement », souligne Aurore Dalla Santa, directrice de l’office de tourisme de l’Entre-deux-Mers. « Une majorité de nos vignerons sont engagés dans des démarches HVE 3, en bio et en biodynamie. Dans cet esprit, ils développent un œnotourisme toujours plus vert. Beaucoup proposent notamment la découverte du vignoble à vélo ou à pied. » La région est propice à cette mobilité douce. À la piste cyclable Roger Lapébie qui débute à Latresne et suit l’ancienne voie ferrée jusqu’à Sauveterre-de-Guyenne s’ajoutent un riche maillage de petites routes et l’itinéraire du canal des Deux-Mers. Pour les randonnées, les petits chemins croisent les grands itinéraires comme celui d’Amadour (de Soulac à Rocamadour) qui compte 98 kilomètres en Entre-deux-Mers sur les 500 de son parcours.

L’histoire s’écrit ici
Au détour de ces chemins verts, on s’émerveille des trésors d’architecture. Comme ces villages médiévaux. Comme La Réole et ses maisons à pans de bois, ou Castelmoron d’Albret, plus petit village de France enserré dans ses remparts et posé sur un éperon rocheux dominant l’étroit vallon de Ségur. C’est le pays des bastides, Blasimon, Cadillac, Créon, Libourne, Monségur, Pellegrue, Sainte-Foy-la-Grande, Sauveterre-de-Guyenne. L’Entre-deux-Mers compte aussi deux monuments nationaux : l’abbaye de la Sauve-Majeure, chef-d’œuvre de l’art roman classé au patrimoine mondial, et le château de Cadillac, palais du duc d’Épernon, puissant favori d’Henri III, transformé en prison pour femmes après la Révolution. Terre d’histoire, mais aussi d’inspiration avec ses maisons des Illustres entourées de vignes toujours bien cultivées qui nous invitent à nous plonger dans l’intimité d’artistes majeurs, Toulouse Lautrec à Malromé et François Mauriac sur les hauteurs de Saint-Maixant.

Toutes les routes y mènent
Pour nous orienter dans cette région viticole, dix itinéraires ont été lancés en 2016. Le premier, route des bordeaux en bord de Dordogne, part du syndicat des appellations bordeaux et bordeaux supérieur à Beychac-et-Caillau. On peut aussi suivre la route des bâtisseurs à travers bastides, abbayes et moulins à grains fortifiés, la route panoramique des côteaux de Garonne ou encore s’élancer « entre seigneurs et châtelains » à la découverte du Haut Benauge dominé par les vestiges du puissant château fort d’Arbis. Chacun de ces circuits passe par des maisons des vins dynamiques, dont celle de l’appellation entre-deux-mers qui organisera mi-juin la deuxième édition de sa fête des vins.

Bordeaux En Primeur 2023

Bordeaux : innover pour mieux régner


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Tous les vignobles français sont désormais concernés par leur futur. Adaptation agronomique au réchauffement du climat, adaptation à l’avenir des marchés et donc des attentes du public et, hélas, adaptation aux manœuvres du lobby hygiéniste qui aimerait condamner à mort tout produit contenant de l’alcool. Je parcours régulièrement notre vignoble et je ne vois pas partout naître des réponses intelligentes : les idéologies politiques ou catégorielles et géographiques ne sont pas vraiment compétentes en la matière. Bordeaux sur ce point alterne le meilleur et le pire. Le pire, c’est l’ineptie de la réponse concernant la production la plus fragile, celle qui à force d’avoir abaissé ses prix, en mettant en péril la pérennité de son existence et en refusant de modifier un style qui ne convient plus au goût du public, aboutit à des arrachages massifs, un vrai drame pour la préservation du territoire et l’emploi local. Le meilleur, ce sont les atouts qui ont fait la force et la réputation des vins de qualité. Je peux témoigner de l’étonnante transformation d’une agronomie naguère conservatrice, routinière, productiviste et insouciante des enjeux écologiques. Celle qui est pratiquée aujourd’hui dans des centaines de châteaux, sur les deux rives de la Garonne, est sans doute la plus intelligente que je connaisse dans notre pays. Tout ce qui sépare encore les pratiques des propriétés certifiées en bio ou en biodynamie des autres tend à s’amenuiser même si les disputes de vocabulaire ou l’amour pour les normes et les certificats – nous sommes en Gaule – persistent. Quelques crus illustres sont désormais certifiés et leur nombre augmente régulièrement. Rien que pour le Médoc, Sauternes et leurs grands crus classés en 1855, six châteaux sont certifiés en biodynamie, neuf en bio et treize sont en conversion. Soixante-trois autres sont au niveau 3 (le plus élevé) de la norme Haute valeur environnementale (HVE). Beaucoup d’autres sont encore sur certains points plus avancés, mais les pesanteurs de l’évolution des critères de certification leur interdisent la labellisation ou une fierté parfaitement justifiée les détourne de la demander. Après tout, on ne doit pas faire commerce de vertu, et dans la vie courante les contrôles sont assez nombreux pour ne pas en rajouter de supplémentaires.
Viticulture modèle
Les désherbants chimiques ont pratiquement disparu dans tous les crus classés, comme dans les meilleurs non classés, et l’utilisation de décoctions de plantes pour aider la vigne à se protéger elle-même davantage contre les champignons parasites, au prix de quelques pertes de récoltes inévitables, se généralise. Des essais de couverts végétaux qui refroidissent les sols et, paradoxalement, régulent mieux leur hygrométrie se multiplient. La taille et le palissage sont de plus en plus réfléchis avec comme seule limite l’insuffisance en nombre et en formation des ouvriers agricoles, malgré des salaires plus que compétitifs. L’aisance financière aide naturellement au renouvellement des équipements qui permettent de travailler avec plus de précision et d’économie de produits et d’énergie. Le château Montrose, par exemple, a fait le choix de tracteurs électriques qui ne rejettent pas de CO2, tandis que les châteaux Pontet-Canet, Latour et quelques autres, qui se font de plus en plus nombreux, font revenir le cheval, éventuellement les moutons et les vaches (comme au château Palmer) et donc la vie animale dans le travail du sol. Les sols sont de moins en moins tassés et la parcellisation du vignoble, encouragée par la multiplication des cuves de vinification, oblige à mieux comprendre le détail des terroirs et à adapter de façon rationnelle la conduite de la vigne à chaque cas particulier. Car l’œnologie continue de progresser dans la connaissance de toutes les interactions qui permettent de retrouver dans le vin tout le potentiel du raisin. Les anciennes pratiques énergiques dans la réception du raisin disparaissent. Les vendanges mécaniques se font de plus en plus rares dans les meilleurs crus, les conquets de réception musclée à vis sans fin ont fait place à l’usage de la gravité pour des raisins qui arrivent en petites caisses ajourées et sont minutieusement triés. On contrôle ainsi non seulement l’état sanitaire, mais aussi la maturité de chaque baie et on envoie dans les cuves – grâce au progrès des égrappoirs – ces même baies intactes qui ressemblent à des beaux grains de caviar…