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« French Cancan, c’est l’état d’esprit d’une France joyeuse »

French Cancan est votre dernière création, qu’est-ce que c’est ?
C’est l’aboutissement d’un travail mené par mes équipes depuis plusieurs années. Nous avons commencé par sélectionner des vins de réserve. Nous avons ensuite associé les techniques de vinification traditionnelle et ancestrale avec celles modernes d’aujourd’hui. Pour aboutir à ce résultat, nous avons aussi sélectionné des vignes et des terroirs cultivés en agriculture biologique et nous avons retenu des vignobles situés dans des terroirs propices à la production de vins effervescents, notamment ceux situés aux pieds des Pyrénées et dans les Cévennes.

Avec quels cépages ?
Nous avons utilisé des cépages intéressants pour les effervescents comme le chardonnay et le pinot noir. Et pour donner une certaine typicité, nous avons choisi quelques cépages locaux et méditerranéens indigènes comme le grenache blanc, le viognier et le cinsault. La gamme French Cancan est élaborée à partir du cœur de cuvée ou de la première presse, là où se trouvent la noblesse et la pureté d’un vin. Ensuite, nous avons fait un élevage sur lie pendant plusieurs mois pour parfaire la texture et affiner les arômes avant d’opter pour un dosage zéro afin de mettre en valeur la qualité des raisins sélectionnés.

Pourquoi ce nom ?
Charles Trenet qui est de Narbonne et Toulouse-Lautrec qui a vécu vingt ans au château de Sevran à côté de Narbonne étaient aussi amoureux de Montmartre. Ces grands artistes français et leurs parcours nous ont inspirés dans nos choix.

Et pourquoi maintenant ?

Dans les temps un peu difficiles que l’on vit en France et dans le monde, il est important de se rappeler d’où l’on vient. L’esprit de cette gamme French Cancan est celui d’une France joyeuse, sûre d’elle, insouciante et impertinente. L’incarnation aussi du sud de la France avec cette volonté de pouvoir simultanément régaler les gens et être dans l’excellence. En bref, l’art de vivre comme nous le pensons et comme nous l’aimons.

La gamme French Cancan
19,90 euros (la bouteille)
Disponibles chez les cavistes Nicolas, les Bateaux Parisiens, les brasseries du groupe Bertrand, les restaurants Hippopotamus, au terminal 2 de l’aéroport de Roissy ainsi qu’en grande distribution.

Les piliers de la terre de Cantenac-Brown

Photo Mathieu Garçon

Permettons-nous d’émettre un jugement personnel, partagé d’ailleurs par l’ensemble de notre équipe, à propos des nouvelles infrastructures du château Cantenac-Brown : il s’agit peut-être du plus beau chai au monde. Cette propriété de Margaux n’en avait pas besoin pour être considérée comme l’une des plus remarquables du Médoc. Il y avait déjà ce magnifique château de style Tudor, témoin des origines écossaises de John Lewis Brown, le fondateur de ce cru classé en 1855. Il y avait aussi ce parc à l’anglaise datant de 1806, exceptionnel par ses dimensions et sa beauté, avec ses grands arbres majestueux, son petit étang plein de charme et ses nombreuses dépendances qui forment un petit hameau à l’extrême nord du plateau de Cantenac, l’un des plus qualitatifs parmi les terroirs margalais. On comprend bien que la famille Le Lous, propriétaire du château depuis 2019 ne s’est pas lancée dans un chantier aussi monumental pour des raisons esthétiques. En 2021, pour le supplément vins et spiritueux du Journal du Dimanche, Tristan Le Lous, ingénieur agronome et passionné de vins qui représente sa famille dans la gestion de la propriété, nous détaillait ses ambitions : « L’idée est de viser le plus haut niveau possible en termes de qualité environnementale. L’un des éléments importants à prendre en compte (…) était de ne pas utiliser de ciment dans la construction. À lui seul, le ciment est responsable de 20 % de la production de gaz à effet de serre dans le monde. Nous sommes donc obligés de construire avec des matériaux alternatifs, en l’occurrence de la terre, avec une construction en pisé qui consiste à piler à la main de la terre pour la solidifier ». L’annonce de ce chantier inédit avait attiré la lumière sur un cru qui avait pour habitude d’être plutôt discret et suscité de nombreuses attentes envers cette marque qui évolue dans un univers de concurrence très fort. Trois ans plus tard, en prenant la mesure de ce qui a été réalisé, l’effet escompté est sans doute décuplé tant ce chai entièrement construit en bois brut et en terre crue est une merveille architecturale.

Un travail d’équipe
Pour la réaliser, la famille Le Lous a pu compter sur deux grands artisans. D’abord, Philippe Madec, architecte pionnier en matière de projets écoresponsables. La contrainte donnée par la famille était de taille : réaliser ce nouveau chai uniquement avec des matériaux biosourcés, naturels et non traités, en provenance de la région Nouvelle-Aquitaine afin de limiter le bilan carbone d’une telle construction. Pour se passer de ciment, il a donc eu recours à la technique du pisé qui consiste à compresser de la terre afin de la solidifier. L’inertie thermique donnée par ces nouveaux murs d’enceinte larges d’un mètre par endroits permet aussi d’éviter le recours à la climatisation. « Faire mieux avec moins », résume Tristan Le Lous. L’autre grand monsieur de cette réussite s’appelle José Sanfins. Ce Médocain d’origine portugaise a passé son enfance sur une île de l’estuaire. Il aime la presqu’île, sa lumière, ses habitants. Fils de vignerons (il a encore un peu de vignes au Portugal en plus d’une jolie propriété à Margaux, le château Chantelune), l’homme est la mémoire de Cantenac-Brown, présent sur place depuis 1989. S’il a connu plusieurs gouvernances, dont celles d’Axa Millésimes, le projet de la famille Le Lous a trouvé en lui de quoi s’enrichir. Avec son expérience, son bon sens et son humilité, José Sanfins a suivi chaque étape du chantier et accompagné les différents corps de métiers et les ouvriers souvent locaux qui ont participé à la construction. Vinificateur de talent, il a aussi insisté pour avoir un outil technique ultra performant afin de pouvoir donner le meilleur du potentiel du terroir et révéler avec encore plus de panache et plus immédiatement la force des grands cabernet-sauvignon, ce qui est le cas avec l’excellent vin du millésime 2023 présenté cette année en primeur. Concrètement, l’outil a complètement été revu. Cantenac-Brown s’est d’abord doté d’un nouvel espace de réception de la vendange, récemment agrandie avec les acquisitions du château Charmant et du château La Galiane, lui permettant de trier avec plus de soin les raisins issus de ses 75 hectares de vignes.

Une charpente pour l’avenir
Tout l’itinéraire technique s’effectue ensuite par gravité, comme l’acheminement des baies jusqu’aux nouvelles cuves tronconiques, dont l’intérieur est recouvert d’une couche d’inox poli miroir, nécessitant deux fois moins d’eau lors de leur nettoyage. Soixante-dix cuves de 50 à 120 hectolitres contre trente-trois auparavant permettent à l’équipe technique de vinifier séparément chaque parcelle. Moments décisifs dans la vinification, remontages et écoulages ne nécessitent plus aucune pompe grâce à quatre cuves élévatrices qui assurent tous les transferts de vin. Enfin, que dire du au chai à barriques ? Qui le découvre ne peut rester indifférent devant le spectacle de sa charpente majestueuse en bois massif, digne des plus belles forêts de cathédrale. En forme de coque de bateau renversé, elle a été assemblée par des Compagnons du Devoir. Une fierté pour José Sanfins que « cet ouvrage qui, en plus de profiter au vin de Cantenac-Brown, montre aussi la qualité et le savoir-faire de l’artisanat français ». Tout, par ailleurs, dans ce nouveau chai silencieux, a été pensé avec soin en gardant à l’esprit qu’il s’agissait d’un endroit de travail et qu’il devait répondre aux défis exigeants posés par l’élaboration des grands vins, notamment en ce qui concerne les conditions de ceux qui y travaillent. La propriété, qui produit trois vins (en plus de son grand vin, un deuxième nommé Brio et le blanc Alto), a vu les choses en grand pour basculer dans une autre dimension sans renier son identité ni s’éloigner des objectifs du projet initial : s’engager vers l’avenir via une voie d’excellence à la hauteur des attentes des consommateurs en matière de développement durable. Sans aucun doute, le projet inspirera d’autres vignobles, partout dans le monde. Tant mieux, c’est tout Bordeaux qui en sort grandi et plus brillant que jamais.

Ostiane Icard, le visage du mythe


Retrouvez cet article dans En Magnum #36. Vous pouvez l’acheter en kiosque, sur notre site ici, ou sur cafeyn.co.


Importateurs, cavistes, bien d’autres encore, voient Éloi dans son visage. Il est là, dans les traits sans doute, dans cette rondeur pouponne dégagée par une queue de cheval et égayée par deux grands yeux couleur noisette. Dans les expressions bien sûr, comme toutes les filles qui ressemblent terriblement à leur papa. Pour Ostiane, Éloi n’est jamais vraiment parti. Le créateur du domaine de Trévallon est là, comme il était là avant sa mort soudaine entre la cave et la fontaine de la cour, en novembre 2021. « On n’avait pas besoin de parler », raconte-t-elle, loquace et enjouée. « J’ai appris en l’écoutant parler aux clients, au banquier, aux employés. Je crois que j’ai pris une partie de sa personnalité. » Une relation exceptionnelle, faite de silences complices et de confiance mutuelle : « Je m’en suis rendu compte après l’avoir perdu. Il disait qu’il fallait accepter les choses que l’on ne maîtrise pas ». Dans le mas entouré de platanes vit désormais seule sa mère, Floriane. Ostiane s’est installée avec son mari et ses deux enfants, Lauriane, 12 ans, et Lilian, 9 ans, dans un cocon à quelques kilomètres de là. Des trois enfants des Dürrbach, c’est elle qui a mordu à l’hameçon, très jeune, même si Isoline et Antoine restent très attachés au domaine familial. Elle goûtait volontiers, passait son temps à la cave, étiquetait et enveloppait les bouteilles du précieux papier de soie. Elle s’est formée en commerce et en jobs variés qui lui ont donné de l’expérience pour ce métier multitâche. En 2009, elle a 24 ans, elle se sent mûre : « Papa était ravi que je revienne. Il venait de rompre avec son importateur américain, Kermit Lynch, et avait besoin d’aide ». Elle est habitée par ses grands-parents, les artistes René et Jacqueline Dürrbach, qui avaient donné la terre où tout a commencé, dans les années 1970. « Ils m’ont transmis la patience, l’écoute, la connexion de l’art à la nature, à la matière, aux éléments naturels, au mariage plante, terre, bois. » Nous faisons le tour du domaine. Les treize hectares sont morcelés entre trente-cinq parcelles que la jeune femme me décrit par le menu. À chaque tournant se trouve une nouvelle vigne avec son cépage, sa personnalité propre, chaque pied unique issu d’une sélection massale orchestrée par le pépiniériste Lilian Bérillon.

Une simplicité biblique
Le Gaudre, ruisseau qui court entre les communes de Saint-Etienne-du-Grès et de Saint-Rémy-de-Provence, sépare aussi le mas Chabert – où se dore essentiellement la syrah – des vignes de Trévallon. Là s’enchaînent des poches de calcaire plantées de cabernet-sauvignon, mais aussi une parcelle de cinsault car « c’est le moment de ce cépage », déclare Ostiane, trois cents pieds de muscat, « la touche d’épice pour le blanc », jubilait Éloi, et plus loin encore, le chardonnay. La vigneronne est soucieuse du réchauffement climatique qui menace Trévallon malgré la fraîcheur naturelle apportée par la pinède et les chênes blancs des Alpilles. Elle veille sur chaque cep, surveille la moindre faiblesse ou signe d’esca. Plus le temps avance, plus elle arpente les rangs et s’adonne à la taille, là où « tout se passe ». Dans la fraîcheur de la cave, elle aime aussi s’immiscer et décider, épaulée par son frère Antoine. Elle a, là aussi, gardé la philosophie paternelle, celle qui gagne et qui a fait la force de Trévallon dès ses débuts, en 1973. Un seul vin rouge, un seul, ni second vin, ni cuvée spéciale. Tout dans 45 000 bouteilles bon an mal an, 3 000 magnums dès les années 1980, 300 jéroboams (3 litres), 60 impériales (6 litres) depuis 1995. Syrah et cabernet-sauvignon à parité, envers et contre l’AOC baux-de-provence qui interdit, depuis sa création en 1995, l’utilisation de plus de 25 % du cépage bordelais. Passé de la dénomination vin de pays des Bouches-du-Rhône à celle d’IGP alpilles aujourd’hui, le vin se fiche de ces querelles imbéciles. Il s’offre, grandiose, dans ce terroir magique taillé à coup de dynamite et de convictions pour donner vie à des rouges subtils, d’un rare équilibre et qui se savourent après des années de garde. Elaboré dans une simplicité biblique, il ne connaît ni égrappage, ni soufre (sauf après malo et à l’embouteillage), à peine un contrôle de température, une lampée de soutirage, un long vieillissement en foudre, une clarification au blanc d’œuf, pas de filtration. Changera-t-elle le style des vins d’Éloi ? « Les vignes évoluent, le climat change », reconnaît-elle. « Inévitablement, on fait moins d’extraction qu’avant, les vins gagnent en finesse et élégance. » Est-ce dû à l’âge des vignes ?, questionne-t-elle avec raison. Il est encore tôt pour le dire.
Le 2012 se livre, très élégant, à point, nourri de patience et de réserve, ciselé par le calcaire et la garrigue. Quant au blanc 2022, confidentiel, il mêle agrumes, fleurs et verveine dans un bouquet puissant et bougrement rafraîchissant.

Un peu de folie au Clos de Vougeot


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« Il subsiste une bicoque dans le Clos de Vougeot (…) qui devrait être démolie depuis longtemps », écrivait Jean-François Bazin dans son Dictionnaire universel du vin de Bourgogne (2010). L’édifice, en ligne de mire du château restauré, était à l’abandon depuis des décennies dans l’indifférence de la majorité de ses nombreux copropriétaires. Deux d’entre eux pourtant ne supportaient plus de voir cette ruine à quelques grains de raisins du fleuron le plus célèbre du patrimoine bourguignon : Frédéric Drouhin, président du directoire de la maison Joseph Drouhin, et Étienne de Montille, propriétaire du domaine de Montille. Ils sont devenus les actionnaires principaux de ce nouveau lieu qu’est La Folie de Vougeot. Avec l’assentiment de la Confrérie, de l’édile local et le soutien financier du Canadien Greg Pelling, œnophile et mécène (du festival Musique & Vin au Clos de Vougeot, notamment), ils ont tirée cette petite bâtisse remarquable de l’oubli. Parquet Versailles et pièces d’Art nouveau français d’origine ont été restaurés et l’endroit a été paré de nouveaux atours à la faveur de la vague d’œnotourisme de luxe qui gagne la Bourgogne depuis l’inscription de ses climats au patrimoine mondial et les ouvertures de la cité de la Gastronomie (Dijon) et des cités des Climats (à Dijon, Beaune et Chablis), sans oublier les beaux hôtels. Cette folie qui fut parfois appelée chalet et même châtelet de Vougeot se distingue d’emblée par son architecture, ni Belle Époque, ni Art nouveau, ni régionale. Elle est curieusement flanquée d’une tour, « d’où l’on peut voir toute la côte de Nuits et la côte de Beaune, Les Echézeaux, Musigny, le Clos et même le Mont-Blanc par temps clair », s’enthousiasme Frédéric Drouhin. Bref, elle est résolument unique en Bourgogne.
C’est le négociant Paul Martini-Rosé, acquérant des parcelles du clos de Vougeot en 1890, qui la fit construire. On ne connaît ni la date exacte, c’était entre 1891 et 1901, ni l’architecte. Lovée au sein du plus grand clos viticole de Bourgogne, offrant des vues spectaculaires, disposant d’entrées séparées pour le personnel et les invités, elle garantissait à ces derniers « une intimité discrète sans que personne ne puisse savoir qui se trouvait réellement là ». Ou ce qui s’y passait. Frédéric Drouhin a mandaté un historien pour lever le voile sur son histoire. Pas trop cependant. Il faut, dit-il, « comme pour nos vins, garder une part de mystère ». Celui qui a grandi et qui travaille dans des lieux historiques (la maison Joseph Drouhin est assise sur les caves du parlement des Ducs de Bourgogne, à Beaune, et a acquis notamment un joyau architectural en Saône-et-Loire, le château de Chasselas, l’an dernier, NDLR) dit aimer les vieilles pierres. « Je suis depuis toujours sensibilisé au patrimoine, je voyage beaucoup et immanquablement lorsque je rentre, je m’émerveille encore de toutes les beautés de la Bourgogne », confie-t-il. C’est toujours une expérience rare que de pouvoir déguster, déjeuner, dîner au cœur d’un grand cru. À La Folie de Vougeot, les vins proposés sont issus d’une cave aux références prestigieuses en partie alimentée par la maison Drouhin et le domaine de Montille. Les clients pourront également apporter leurs flacons préférés. Les passionnés pourront consulter la plus grande collection privée de livres et de littérature sur le vin et la gastronomie de Bourgogne et, privilège des privilèges, passer une nuit à la folie. En Bourgogne, dormir au sein d’un grand cru est encore inédit. Il faudra montrer patte blanche et un portefeuille bien garni.

Renseignements et réservations : [email protected]

Cinq raisons de découvrir le Roussillon cet été


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Le sens de la fête
Tout au long des heures les plus longues de l’été, jamais la fête ne cesse. Elle court le long des rues, des plages, mais aussi des domaines viticoles. Du 6 au 9 juin, le Bacchus Festival, « 100 % épicurien et circuit court », ouvre le bal au château de Valmy (Argelès-sur-Mer). Trois concerts par soir (Manu Chao, Etienne Daho, Olivia Ruiz, etc.) se succèderont sur fond de vignes et de mer. Les 14 et 15 juin, place à Maury et à son festival Voix de femmes. Côté bar, il sera rythmé par plus de vingt cuvées issues de la haute vallée de l’Agly. Le 22 juin, au château l’Esparrou (Canet), l’événement Bouteilles à la mer mettra en avant des millésimes vieillis dans l’étang de Leucate à plus de trois mètres de profondeur pendant huit mois. Un repas signé Ruben Gomez, Toque blanche du Roussillon, sera servi au coucher de soleil entre mer et étang. Autre rendez-vous haut en saveurs le 30 juin avec Les Caminades. Le principe ? Cheminer dans les collines de Collioure et Banyuls à la rencontre de huit chefs, dont Laurent Lemal (La Balette) et Aurélien Laget (Le Quintessence), et vingt-et-un vignerons, muni de son kit de dégustateur : plan, chapeau, verre et couverts.

Découvrir une architecture de vignoble unique
S’il faut attendre l’Antiquité pour que Vitis vinifera soit exploitée sur les pentes de schistes dévalant vers la Méditerranée de Collioure à Banyuls-sur-Mer, c’est au Moyen Âge que les Templiers lui donnent sa structure en terrasses si caractéristique avec ses murets en pierre sèche et ses canaux d’irrigation en peus de gall (pieds de coq). Une véritable œuvre humaine, « sculptée » et entretenue, depuis, par des générations de vignerons. Ces moines-soldats auraient aussi rapporté du Moyen-Orient la technique du mutage (parachevée et popularisée vers 1300 par le médecin Arnaud de Villeneuve) et découvert les vertus d’un élevage en plein soleil. Autant de techniques toujours utilisées, dévoilées chez Terres des Templiers (Cave coopérative de Banyuls regroupant plus de 800 vignerons exploitant 700 hectares plantés essentiellement de grenache).

Faire un grand bond dans le temps
À quelques minutes du « centre du monde » (dalien), on se rapproche aussi des premiers hommes. En 2019, l’année où Perpignan était capitale du vin, le célèbre musée de Tautavel consacrait une exposition aux origines de la vigne. On y apprenait notamment que dans la caune de l’Arago, « des pollens de vigne sauvage ont été identifiés, permettant d’affirmer que la vigne s’épanouissait déjà ici, il y a 700 000 ans », explique Anne-Sophie Lartigot-Campin, palynologue au Centre européen de recherches préhistoriques de Tautavel. Bien plus tôt que ce que l’on avait imaginé jusque-là !

Ne pas choisir entre mer et montagne
Ce n’est pas pour rien que de nombreux artistes sont venus trouver l’inspiration ici, sur la côte comme dans les reliefs de l’arrière-pays. « Les paysages du Roussillon sont à couper le souffle, un cadre terre et mer idyllique pour la dégustation de vins », nous confie Anne-Laure Pellet, directrice du conseil interprofessionnel des vins du Roussillon (CIVR). « La diversité géographique est mise en avant par douze itinéraires qui arpentent les trois vallées viticoles de l’Agly, de la Têt et du Tech. » Ils sont jalonnés de moments de partage et d’échanges qui se multiplient, comme s’en réjouit Vincent Garel, le président du comité régional du Tourisme et des Loisirs d’Occitanie. « Une expérience œnotouristique fait presque toujours partie de la to-do list du vacancier dans le Roussillon, qu’il soit néophyte ou connaisseur. Outre les visites classiques, on peut dormir dans une cuve comme à l’ancienne coopérative de Bélesta, participer à des ateliers autour de cocktails à l’objectif assumé de rajeunir l’image des vins doux naturels, voire participer à des fêtes typiques comme celle des vendanges de Banyuls, avec une arrivée spectaculaire du raisin en barque, depuis la mer. »

Mettre un peu d’art dans son vin
« Il n’y a pas en France de ciel plus bleu que celui de Collioure. Je n’ai qu’à fermer les volets de ma chambre et j’ai toutes les couleurs de la Méditerranée chez moi », confiait Matisse, qui ne fut pas le seul grand maître à s’émerveiller dans cet extrême sud de la France. La cité des peintres fourmille aujourd’hui de galeries d’art et son musée d’art moderne (Du 8 juin au 29 septembre, exposition Plein soleil, Collioure 1945-1985. Autre haut lieu artistique, Céret, dont le musée inaugure le 29 juin l’exposition Max Jacob, le cubisme fantasque) est l’occasion de savourer le vin sous un autre angle, à travers une aquarelle de Valentine Prax (Vendanges à Collioure, 1927) ou une installation contemporaine de verres à pied d’Amandine Artaud. À Banyuls, c’est Maillol qui nous fait signe avec un musée situé à 700 mètres du domaine familial Berta-Maillol, aujourd’hui conduit par les fils d’Yvon Berta. Celui-ci, arrière-petit-neveu de l’artiste, n’est jamais à court d’anecdotes. « Débarqué à Paris, Maillol voulait entrer aux Beaux-Arts. N’étant pas inscrit, il s’est débrouillé pour y entrer en auditeur libre en offrant une bonne bouteille de banyuls au gardien ! D’ailleurs, en catalan ancien, une jeune vigne se dit malhol. »