Volcan, le réveil de la téquila

Moët-Hennessy crée une nouvelle marque de téquila. Bonne nouvelle pour les amateurs de la catégorie. La tendance vient des états-Unis. Comme souvent

Inutile de s’étendre sur les aptitudes de Moët-Hennessy en matière de construction de marque. Ni d’ailleurs sur ses ambitions quant à l’excellence de ses produits. Sur le marché des vins comme des spiritueux, au regard de ses résultats, la division de LVMH aux vingt-cinq maisons maîtrise son sujet. Loin du vignoble, l’aventure a commencé par une longue phase d’acquisition de marques premium bien établies dans leurs univers respectifs. Le cognac en Charente (Hennessy), les whiskys en Écosse (Ardbeg et Glenmorangie), la vodka en Pologne (Belvedere), le bourbon aux États-Unis (Woodinville), etc. Elle a pris un autre chemin avec la création ex nihilo de marques dans des univers de prime abord assez éloignés du périmètre initial de la branche. Eminente, sa création cubaine, avait concrétisé cette ambition et ce besoin de créer, dans un univers où l’innovation est la norme. Fort du succès de ce rhum, Moët-Hennessy s’est intéressé à l’univers de la téquila, en pleine révolution outre-Atlantique depuis une petite dizaine d’années, notamment du fait de l’émergence du craft making et du cobranding entres marques et célébrités. Longtemps dominée en volume par des alcools de qualité moyenne, voire médiocre, la catégorie semble tendre vers une « premiumisation », signe d’un marché arrivé à maturité. Fidèle à ses convictions, le groupe de luxe s’est positionné directement au sommet en s’appuyant, comme à son habitude, sur un artisanat remarquable et un produit de qualité.

On pourrait croire qu’on se trouve dans une cave d’un grand cru bordelais. Dans ces barriques, la téquila évolue lentement. Une histoire de temps, aussi.

Vieillir
Produite dans le sud-ouest du Mexique, dans la région volcanique de Jalisco, cette téquila élaborée au pied du bien nommé volcan Tequila est née d’un « partenariat entrepreneurial solide entre la famille Galado et le groupe ». Ce dernier a été immédiatement séduit par « l’artisanat exigeant de cette famille passionnée par le produit », explique Julien Morel, président directeur-général de la marque. « Nous avons décidé de nous donner les moyens de nos ambitions tout en gardant notre identité et notre savoir-faire. » Autrement dit, la maîtrise du vieillissement et de l’assemblage, propre au cognac mais aussi au champagne, spécialités du groupe.

Il faut attendre sept ans avant de récolter des agaves de qualité. Julien Morel est patient. Au fond, le volcan Tequila endormi.

Le projet n’a pas perdu de temps. D’abord, la construction d’une nouvelle cave. Sans équivalent dans la production de téquila au Mexique, ce chai à barriques situé à huit mètres de profondeur permet un vieillissement lent et en douceur. Ensuite, une vision neuve – et aboutie avec le lancement de la téquila X.A – basée sur un assemblage de différentes « qualités », 100 % issu d’agave bleu et vieilli sous bois. « Progressivement, nous aurons nos propres agaves. Aujourd’hui, nous faisons appel à des familles de fermiers autour de l’hacienda. » La plante est récoltée à la main tous les sept ans, attente incompressible pour créer des vins de qualité avant distillation. « Jusqu’ici, dans cet univers de production, personne ne parlait de terroir. On fait tout du début à la fin avec la conviction que cette notion est essentielle pour créer des téquilas de goût. Nous avons notre propre distillerie et nous n’y produisons que notre marque, c’est finalement assez peu répandu. »

Exister
Une base de reposado pour l’intensité et la saveur, complétée par une anejo et extra-anejo pour la complexité. « Volcan X.A est pensé comme un assemblage d’âges qui doit illustrer tout le potentiel en termes de goût et de qualité. C’est l’expression ultime de ce que nous voulions faire. Après des années d’essais et de travail sur des assemblages différents, nous sommes arrivés là où nous voulions être. » Éloignée du profil classique de la téquila, il faut reconnaître que celle-ci surprend par sa complexité et sa finesse aromatique. Dans cette eau-de-vie où le goût de l’alcool peut parfois prendre le dessus sur le goût de l’agave, la dernière création de Volcan séduit par son premier nez élégant, sa bouche nerveuse et sa finale ronde et délicate. Reste à assurer la distribution de ce produit haut de gamme – lié par sa nature au monde de la nuit et de la mixologie – élaboré et pensé pour être dégusté presque comme un vin.

L’hacienda traditionnelle de la famille abrite ce projet innovant.

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