Vous faites votre première vinification chez Denis Dubourdieu en 2002. Deux ans plus tard, vous prenez les commandes d’un grand cru classé en haut-médoc, le château La Lagune. Quel est votre état d’esprit à ce moment-là ?
Avec le recul, je me dis que j’étais complètement inconsciente. J’étais jeune, je n’ai pas réalisé les enjeux, c’est sûrement pour ça que tout s’est très bien passé. L’enthousiasme avait pris le pas sur le reste. J’ai géré les vinifications de A à Z, ce ne sont que d’excellents souvenirs. Denis Dubourdieu, qui savait ce qui m’attendait, m’avait bien préparé à cette prise de fonctions. Il consultait pour La Lagune à ce moment-là.
En 2006, votre père acquiert Paul Jaboulet Aîné. Avec seulement deux ans d’expérience et en plus du château La Lagune, vous dirigez ce grand négociant du Rhône avec un patrimoine de vignes important.
En arrivant au pied de la colline de l’Hermitage, j’ai ressenti une certaine intimidation, j’étais mieux consciente de l’enjeu qu’en 2004. Un univers de vignes et de cépages dont j’ignorais tout. Comme toujours, j’étais motivée par l’envie de bien faire, de me rapprocher des vignerons locaux, l’écoute et le respect. Les changements n’ont jamais été rapides ou brutaux, je préfère laisser le temps. Je n’étais pas seule, j’ai toujours gardé le lien avec Denis et il m’a rejoint dès le début.
Pourtant Denis Dubourdieu n’a pas été très bien accueilli sur les collines de l’Hermitage.
Oui. À l’époque, on nous reprochait de…