[LE PARFUM] Dans un livre fameux nommé comme cet éditorial, l’auteur Patrick Süskind raconte avec verve les terrifiants meurtres commis par un orphelin du XVIIIe siècle pour créer le parfum absolu. Le sinistre héros du livre, Jean-Baptiste Grenouille, aurait pourtant pu épargner les vingt-deux jeunes vierges qu’il trucide en faisant une halte sur la route qui le mène des bas-fonds parisiens jusqu’au laboratoire d’un parfumeur célèbre de Grasse. Quelques jours entre Nuits-Saint-Georges et Beaune auraient suffi à le convaincre que les vins issus du cépage pinot noir, à l’époque déjà maître des vignobles bourguignons, possédaient un parfum capable d’envoûter le monde entier. Grenouille ne s’est pas arrêté, le pinot de Bourgogne a continué son chemin et a construit une success story aujourd’hui sans frontière. Dans un registre différent, les grands blancs de Bourgogne ont tracé la même voie. On apprécie les vins de Bordeaux ou du Rhône, on est amoureux du vin de Bourgogne. Ses arômes, sa finesse, le velouté de sa texture, ses nuances, sa rareté aussi, tout cela le rend unique. On lui concède même, sans lui en tenir grief, de faire preuve d’une irrégularité gustative quasi systématique, de ne garantir en rien le niveau de qualité minimal que l’on est en droit d’attendre de bouteilles souvent chères et difficiles à dénicher et de n’avoir pas toujours été, au cours de sa longue histoire, à la hauteur de son mythe. L’amour oublie vite et pardonne beaucoup. Pourtant, si la Bourgogne joue en solo une partition qui ne ressemble à aucune autre, elle mérite d’être observée sereinement et à hauteur de vignes, de chais et de vignerons. C’est cela que s’est attaché à faire, passionnément et objectivement, ce vingt-neuvième numéro de En Magnum.
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