Alain Graillot nous a quitté brutalement hier. Avec une passion, un courage et un entêtement qu’il revendiquait fièrement, il avait lâché une première vie professionnelle pour créer son propre domaine à Crozes-Hermitage au milieu des années quatre-vingt, à une période où rares étaient les néophytes qui s’engageaient dans le métier de vigneron. Avec un immense respect pour son terroir, il avait pourtant innové sans relâche pour créer une vision originale et sincère du crozes moderne, loin des caricatures fatiguées que l’on trouvait à l’époque dans les mâchons lyonnais et les bistrots parisiens. Sa cuvée La Guiraude, vite devenue un must have,a surtout donné envie à d’innombrables jeunes vignerons, en vallée du Rhône et ailleurs, de se lancer à leur tour et de maitriser comme lui la totalité de ce métier multiple sans jamais lâcher l’essentiel, la recherche inlassable de la qualité optimale. Inspirateur plus que guide, l’obstiné Alain ne s’est jamais endormi sur ses lauriers, affinant encore et encore son travail avant de transmettre la destinée de son domaine à son fils Maxime (qui a également créé Equis et le Domaine des Lises) tandis que lui s’amusait à conseiller quelques domaines comme le Château la Cavale de Paul Dubrule ou le domaine Ouled Thaleb au Maroc et sa cuvée Tandem. Attaché à la valeur des terroirs et à une véritable éthique du vin, il était devenu le président de la vénérable Académie Internationale du Vin et, avec notre consœur Laure Gasparotto, avait écrit et publié chez Glénat un livre d’échanges avec d’autres grands vignerons, justement baptisé « Éloge de l’entêtement ». Ce grand sportif était aussi, simplement, un honnête homme, un homme de cœur.
Nous transmettons à sa famille nos plus sincères condoléances.