L’expression la plus minérale du gamay
Bon, faute de Rochegrès, j’ai quand même trouvé un Rochelle, récolté à cent mètres de chez moi. Rochelle, c’est un terroir qui, pour moi, fait partie d’un triangle d’or avec Rochegrès et les Caves, pointe sud des moulin-à-vent de chénas, côté fleurie. Pas d’argile, du granit et du soleil compensé par une altitude de trente à quarante mètres au-dessus du Moulin. Et, sans doute, l’expression la plus minérale du gamay de tout le Beaujolais avec une longévité comparable à celle d’un beau chambertin, trente ans ou plus n’épuisant pas les vins les mieux faits des bons millésimes et, même, les mettant encore plus en valeur.
Merveilleux 2018
Ma chère voisine Anita Kuhnel, la reine du lieu-dit les Caves, cent mètres plus au sud, juste sous ma fenêtre, vendait la production de sa petite parcelle à un autre ami et remarquable producteur. Elle préfère désormais, on la comprend, la vinifier elle- même avec la simplicité, l’honnêteté et le talent qu’on commence à lui reconnaître et une viticulture pas encore idéale, mais en constant progrès. Il est en effet très difficile de retravailler des sols trop longtemps désherbés ; par petites touches on y arrive tout en respectant les vieilles souches si fragiles sous les griffes du tracteur.
Le climat merveilleux de 2018 lui a permis de surpasser encore ses remarquables 2016 et 2017 : magnifique couleur, fruit idéal, équilibre chaleureux mais sans lourdeur, et surtout magnifique expression du sol, avec disparition de tous les clichés aromatiques habituels (fruits rouges, vernis à ongle, bonbon anglais, etc.) qui ont abâtardi tant de vins de la région. Bref, un vrai beau vin qui vivra longtemps et qui se différencie de celui des Caves par une tension minérale plus vive, un peu moins de chair, peut-être plus de finesse. Si l’on survit à ce maudit virus, ce qui ne semble statistiquement pas trop ambitieux, on le suivra patiemment dans son évolution.
Domaine Anita, Rochelle, moulin-à-vent 2018
https://www.domaine-anita.com/