Les 9 et 10 janvier s’est tenu à Beaune le séminaire du Plan National Dépérissement du Vignoble. 150 chercheurs, scientifiques, conseillers techniques de toutes les régions réunis par une même cause. Explications.
En 2016, trois interprofessions, celles de Bordeaux, de Bourgogne et de Champagne, bientôt rejointes par d’autres, ont décidé de mettre leurs efforts en commun pour lutter contre le dépérissement, fléau qui voit les vignes mourir prématurément sans qu’on sache exactement pourquoi. Trois ans et 24 sujets de recherche plus tard, le Bastion de Beaune accueillait des participants de toute la France pour présenter les premiers résultats de recherches. Les causes du dépérissement sont multifactorielles, comme dit le jargon de nos scientifiques. Les axes de recherches sont aussi multiples : sols, matériel végétal, greffe, viroses, champignons, maladies du bois, flavescence dorée, climat, etc. Tout est passé en revue, sans qu’on parvienne, pour le moment, à déterminer l’origine du mal. L’explication la plus logique étant que 50 ans de viticulture intensive, les changements climatiques, et des gestes malheureux au quotidien mettent les pieds de vigne et leurs greffes à rude épreuve.
10 millions par an pour lutter contre le dépérissement
Jean-Philippe Gervais, directeur du pôle technique du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne était très enthousiaste à l’issue de ce séminaire. Il faut dire que convaincre l’état et plusieurs interprofessions de travailler ensemble et de consacrer 10 millions par an au sujet n’est pas une mince affaire au pays des rivalités régionales. L’enjeu est de fédérer autour du sujet et de partager les informations pour lutter plus efficacement contre ce dépérissement. La première phase a consisté à travailler scientifiquement sur les causes. La suite c’est évidemment de convaincre tous les partenaires de poursuivre leurs efforts afin d’identifier des facteurs clefs de dépérissement et de transférer. Dans le vocable de notre petite communauté, cela veut dire faire en sorte que les recherches effectuées soient transmises au vignoble et débouchent sur des solutions concrètes. En clair, que les vignerons qui financent ce plan via leur Contribution Volontaire Obligatoire aux interprofessions bénéficient de résultats concrets sur le terrain. Car la mortalité prématurée des vignes pèse sur les rendements et coûte en replantation. Comme l’a expliqué Laurent Charlier du Comité Interprofessionnel des Vins de Bordeaux, il faut développer un génie écologique comme il existe un génie civil, de façon à innover et à changer notre rapport au vivant. Une perspective stimulante.