Le temps ne fait pas peur au cognac. Quand les chefs de cave savent se montrer patients, des trésors sont mis en bouteille. Petite sélection de grandes maisons, et d’autres acteurs plus confidentiels. Le cognac est pluriel.
Delamain Millésime 1979
LA MAISON
Cette belle maison, longtemps réputée pour ses achats d’eaux-de-vie, a repris en fermage en début d’année vingt hectares de Grande Champagne, sur la bien nommée commune de Bellevigne. Cependant, si les canons de la maison ne changent pas, on ne devrait rien déguster en bouteille avant une vingtaine d’années. Patience.
LA COUPE
Avec une eau-de-vie de 40 ans, au premier nez, les épices et les notes boisées sont puissantes, à la rétro-olfaction un fruité agrumes revient en délicatesse. Il s’agit d’une seconde édition de ce millésime 1979 commercialisé voici 10 ans, à l’âge de 30 ans.
535 euros
Frapin Multimillésime n°7
LA MAISON
Un cas assez rare dans les Charentes, la maison s’appuie exclusivement sur l’approvisionnement de son vignoble en propre : 240 hectares, au coeur des meilleurs secteurs de la Grande Champagne. Ici, les belles cuvées prennent leur temps.
LA COUPE
La nouvelle édition (en l’occurrence, la coupe n°7) de cette brillante idée qui consiste à assembler les millésimes, réunit les années 1989, 1991 et 1993. Robe orangée, légèrement foncée, de puissants parfums d’épices douces et poivrées, d’agrumes et d’abricots confits. En bouche, son charme glisse et persiste longtemps.
230 euros
Ragnaud-Sabourin Florilège
LA MAISON
Un amour de petite maison «à l’ancienne», couvée avec passion par madame Annie Ragnaud-Sabourin, 84 ans, et en première ligne pour raconter l’histoire de ce vignoble resté familial à 100%. Un cognac de vigneron, en quelque sorte. Un must-have, toute la gamme est hautement recommandable.
LA COUPE
Il titre 46°, ce qui est rare pour un cognac, et pourtant ce brut de fût est tellement vieux qu’on ne le remarque pas. On se délecte de son délicieux rancio, ses notes d’épices et de havane, avec une fraîcheur mentholée qui supporte la longueur.
150 euros
Hine Antique
LA MAISON
Petite maison de Jarnac dont une partie de la réputation est assisse sur un fantastique patrimoine de cognacs millésimés. Éric Forget, maître de chai depuis 1999, veille patiemment sur ses vieilles eaux-de-vie dont près de la moitié proviennent d’un vignoble en propre.
LA COUPE
La coupe fêtera ses 100 ans l’an prochain, mais pour un presque centenaire (les eaux-de-vie sont âgées d’une vingtaine d’années en moyenne), ce cognac opulent, complexe et long en bouche offre un corps appréciable et une personnalité certaine.
178 euros
Rémy Martin XO Fine Champagne
LA MAISON
Forte de ses succès à l’export, notamment en Chine, la maison avait quelque peu délaissé le marché français. Il est vrai que pour le cognac en général, celui-ci ne pèse plus que 3% des ventes environ, selon les années. Elle se rattrape en proposant un coffret pour son XO à l’occasion des fêtes de fin d’année.
LA COUPE
Puissants parfums de fleurs et d’agrumes confits, une bouche moelleuse sur le même registre de puissance, avec une profonde persistance.
190 euros
Martell Chanteloup XXO
LA MAISON
La plus ancienne des grandes maisons de cognac est décidément très active en cette fin d’année. Après le lancement en France du nouveau spiritueux Blue Swift, voilà la cuvée Chanteloup qui monte en gamme avec la toute nouvelle catégorie des XXO, pour extra-extra-old (14 ans minimum pour les 450 eaux-de-vie qui entrent dans sa composition).
LA COUPE
Un bel équilibre pour cette nouvelle cuvée, où les notes boisées et vanillées laissent progressivement la place à la mandarine et l’écorce d’orange, la banane flambée aussi. En bouche, le moelleux soutient la puissance, sans aucune sensation de chaleur.
390 euros
Cet article est paru dans En Magnum #18, actuellement en kiosque.