A trois semaines de Noël, une première sélection de huit champagnes dont le format, l’âge, le coffret ou le bel habillage méritent qu’on leur fasse une place au pied du sapin.
Hypernature
Le geste de la cueillette d’une grappe de raisin et la générosité du terroir champenois, voilà ce qu’illustre le rituel de dégustation visible ci-dessus. Signé Bethan Lauren Wood il accompagne la cuvée Grand Brut de la maison Perrier-Jouët en cette fin d’année après avoir fait l’objet d’une création spectaculaire à Paris au printemps dernier (nous vous en avions parlé là). « Aussi libre dans sa forme qu’intense dans ses couleurs », cette œuvre poursuit le dialogue entre art et nature que la maison entretient depuis sa création en 1811, notamment à travers le mouvement Art nouveau (ses cuvées Belle Epoque en sont les témoins). Dans cet arbre coloré, on vient cueillir son verre de champagne comme le fruit de la vigne qu’il est. Outre cette création originale, le coffret Hypernature contient deux verres ornés des anémones emblématiques de la maison et le nouveau flacon de sa cuvée Grand Brut, « celle sur laquelle Perrier-Jouët a bâti sa réputation », comme le rappelle son chef de cave, Hervé Deschamps.
Champagne Perrier-Jouët, coffret HyperNature, 300 euros (prix conseillé)
Tenue de soirée exigée
Façon smoking, c’est en noir et blanc que la maison Cattier envisage les fêtes de fin d’année. Deux coffrets graphiques habillent un duo de cuvées formé par le brut premier cru Clos du Moulin, assemblage de trois millésimes doté d’une étiquette numérotée et sérigraphiée et d’un coffret en bois laqué de noir, et par l’emblématique champagne blanc de blancs premier cru de la maison.
Champagne Cattier, coffrets Clos du Moulin et Blanc de blancs, 96 euros et 125 euros (prix conseillé)
Le pouvoir du temps
Odilon de Varine, le chef de cave de la maison Gosset, explique qu’un double vieillissement, « c’est l’expérience ultime d’un grand champagne, celle où l’effervescence s’efface pour laisser le vin s’exprimer pleinement. » Une expérience permise par cet assemblage de grands crus – Avize, Cramant, Mesnil-sur-Oger et Oger pour les chardonnays (46 %), Ambonnay, Aÿ, Bouzy et Vernezay pour les pinots (54 %) – de la récolte 1995, année marquée par des températures dépassant 37° à la fin du mois de juillet (« soit une chaleur presque comparable à celle obtenue en 1983 et 1976 qui furent deux années caniculaires », rappelle la maison). Après une décennie sur lies, à plus de dix-huit mètres sous terre, suivie d’un long repos supplémentaire après dégorgement, ce millésime ancien est proposé dans une édition limitée à un millier d’exemplaires.
Champagne Gosset, “Les Célébrissimes”, Celebris 1995, 500 euros (prix conseillé)
Généreux nature
Un jéroboam au design métallique et contemporain, c’est la belle édition limitée que la maison Ayala, fondée à Aÿ en 1860, a réservé en cette fin d’année à son emblématique cuvée non dosée, assemblage de 40 % de chardonnay, 40 % de pinot noir et 20 % de meunier. Baptisée “Silver Edition”, cette série de coffrets dont les lignes aiguisées et les tons inox « font écho au processus même de vinification du Brut Nature » est numérotée de 1 à 200. Pas plus.
Champagne Ayala, Brut Nature Silver Edition, 320 euros le jéroboam (prix conseillé)
Vendanges d’août
Interprétation du millésime 2007 par le chef de cave de la maison, Frédéric Panaïotis, le nouveau millésime de Dom Ruinart rosé est le fruit d’une année atypique, « l’une des rares en Champagne où les vendanges ont débuté en août. » Cuvée unique livrant l’expression sublimée du goût Ruinart, ce prestigieux champagne dosé à 5 grammes par litre est issu de l’assemblage de 80 % de chardonnay issu des grands crus de la côte des Blancs (Avize, Chouilly, Le Mesnil-sur-Oger) et de la montagne de Reims (Sillery et Verzenay) et de 20 % de pinot noir vinifié en rouge issu du seul grand cru d’Aÿ. Il a vieilli en cave une douzaine d’années avant un dégorgement suivi de dix ans de maturation sur lies.
Champagne Ruinart, Dom Ruinart Rosé, 270 euros (prix conseillé)
Généreuse nature
En précisant que cette cuvée ne pouvait pas « tourner le dos à une année comme 2004, où tout lui était prédestiné », la maison Pommery rend à nouveau un bel hommage à cette Louise à qui elle doit d’exister. Uniquement élaboré quand l’année en est digne, ce champagne est issu des meilleures parcelles de trois grands crus (Avize, Cramant et Aÿ), d’une belle dose de patience avant de vendanger « en ne cueillant que les plus belles grappes » et d’une sélection des jus les plus purs lors du pressurage. Cette matière noble fournie par la nature, l’assemblage, le passage du temps et l’expérience de l’œnologue et chef de cave de la maison, Thierry Gasco, l’ont transformée en « un vin d’une absolue pureté » qui sait se faire apprécier seul et peut aussi accompagner « une tourte aux fruits de mers, ou une truffe en croûte et, pourquoi pas, un bon quatre quarts breton moelleux à souhait. »
Champagne Pommery, Cuvée Louise 2004, 155 euros (prix conseillé)
Blanc de blanc vêtu
Dirigée depuis le début de l’année par Benjamin Fourmon, qui représente la sixième génération à la tête de cette entreprise familiale créée en 1825, la maison Joseph Perrier propose une édition limitée (1 500 magnums) née de la rencontre de ce dernier avec l’artiste Lauren Collin, qui crée des “papiers sculptés” sur la base d’une technique unique qu’elle a développée et consistant à inciser le papier dans son épaisseur à l’aide de scalpels. L’œuvre née des émotions qu’elle a ressenties lors de la dégustation de cet assemblage 100 % chardonnay – Chouilly, Avize, Le Mesnil sur Oger, Cumières et Epernay – issu du millésime 2014 (« Ce vin m’a fait voyager dans un champ de fleurs blanches enivrantes par leurs parfums suaves et délicats », dit-elle) a été transposée sur le verre de ces flacons numérotés par le biais d’une sérigraphie à froid de couleur blanche.
Champagne Joseph Perrier, Tout de blanc by Lauren Collin, 150 euros le magnum (prix conseillé)
Un grand rêve pour l’amateur
Au début du XXe siècle, à contre-courant de la tradition champenoise de l’assemblage, Eugène-Aimé Salon décide de créer un vin unique, issu d’un seul cépage (le chardonnay), d’un seul cru (Le Mesnil-sur-Oger) et d’un seul millésime. Cette émancipation lui permet, dans des années exceptionnelles, de révéler la complexité du terroir et l’aptitude au vieillissement du champagne. Un siècle après lui, la maison qui porte son nom réaffirme sa position de pionnier avec la sortie de son 2008 – la plus petite vendange jamais récoltée chez Salon – élevé uniquement en magnum. Ce grand flacon est proposé au sein d’une caisse déployant quatre millésimes : 2004 (deux bouteilles), 2006 (deux bouteilles), 2007 (deux bouteilles) et 2008 (un magnum), champagnes respectivement surnommés par la maison “La Sérénité”, “Le Romantique”, “La Lumière vive” et “Le Rêve”.
Champagne Salon, Caisse œnothèque, 7 500 euros (prix conseillé)