En 1944, Maurice Drouhin échappa à la police allemande grâce à la protection des sœurs de l’Hôtel-Dieu de Beaune. Après la Guerre, il leur témoigna sa reconnaissance en léguant le tiers de son domaine viticole aux Hospices.
Un don de 2,5 ha en beaune premier cru
C’est l’une des belles « petites » histoires qui jalonnent la « grande » histoire des Hospices de Beaune. En 1947, Maurice Drouhin, à la tête de la maison créée en 1880 par son père Joseph, fait don d’un tiers de son domaine. Un total de 2,5 hectares en beaune premier cru. Une donation qui ne doit rien à un coup de tête. Elle découle directement des soubresauts de la guerre qui vient tout juste de s’achever.
Au cœur de la grande Histoire
Le 7 juin 1944, au lendemain du débarquement, Maurice Douhin échappe à la police allemande en s’enfuyant par le réseau de caves dont le sous-sol de Beaune est parsemé. Il se sait recherché : ses activités de résistance ne sont pas un mystère. Il a fait déjà sept mois de prison pendant l’occupation, ne devant qu’une relative clémence germanique à un acte de bravoure pendant la première guerre mondiale. Il avait reconduit un soldat allemand blessé dans ses lignes. Une guerre pendant laquelle il fera la connaissance du général Mc Arthur qui eut recours à ses services comme interprète. C’est donc assez naturellement qu’il devint officier de liaison clandestin pendant le conflit mondial suivant.
Sauvé par les sœurs
Maurice Drouhin trouva refuge à l’Hôtel-Dieu de Beaune, caché et nourrit par les sœurs. Se terrant dans un réduit de quelques mètres carrés et communiquant avec sa famille par l’intermédiaire d’une religieuse qui se plaçait opportunément près de la femme du fugitif pendant les offices. Il faudra attendre la libération de la ville, trois mois plus tard, pour qu’il puisse sortir de sa cachette.
Ses petits-enfants, aujourd’hui à la tête de la Maison, tiennent à prolonger cette histoire en achetant tous les ans aux enchères une partie au moins de la cuvée de beaune premier cru « Maurice Drouhin ».
En 2017, pour le soixante dixième anniversaire de la donation de parcelles, la famille Drouhin a acheté l’intégralité des 23 pièces (fûts de 228 litres) mises en ventes. Une cuvée vinifiée sur-mesure par la régisseur Ludivine Griveau dans le style Drouhin, tout en finesse et en élégance.
La famille avait réuni le 18 juin dernier, des clients, des amis, quelques journalistes pour rendre hommage à leur grand-père ou arrière-grand-père.
Par Laurent Gotti