Au large de Livourne, Gorgona est la plus petite des sept îles de l’archipel toscan. Ici pas de touristes en goguette, mais des prisonniers. Et pour cause, c’est un pénitencier.
Depuis 2012, Frescobaldi, producteur toscan historique, a relevé le défi, en liaison avec les autorités pénitentiaires, d’une viticulture visant à favoriser la réinsertion sociale. 2,3 hectares de vignes sont ainsi cultivés par des prisonniers de Gorgona qui élaborent et élèvent un vin que, dans un autre contexte, on assimilerait à un « vin de garage ». Celui-ci est ensuite mis en bouteilles sur le continent : 9 000 flacons en 2018. Par tradition et respect pour les détenus, les premières bouteilles du nouveau millésime sont dégustées exclusivement sur place. En l’occurrence, un blanc à base de vermentino et d’ansonica, au caractère salin bien affirmé, insularité oblige et un concentré d’émotions.
Le taux de récidive passe de 85 % à 10-15 %
Comme le souligne Lamberto Frescobaldi, le président de l’entreprise éponyme, « En Italie, le taux moyen de récidive des délinquants est de 85 %. Cependant, ce taux tombe à 10 – 15 % pour les travailleurs détenus ». Des statistiques qui donnent à réfléchir.
En son temps, Napoléon, qui sans doute n’appréciait guère les vins de l’île d’Elbe (autre île toscane), avait choisi pour sa part de s’échapper et de récidiver. Normal, il avait un penchant pour le chambertin.
Par Raoul Salama