Voilà que le grand groupe Bollinger rebat les cartes de sa gouvernance. C’est toujours passionnant. Comme souvent, tout commence par le désir d’un président de se retirer. Ce qui fait que, telles des chaises musicales, tout le monde monte d’un cran et libère son fauteuil. Mais là, puisque Jérôme Philipon, président de Champagne Bollinger, rejoint Étienne Bizot, (nouveau président de Société Jacques Bollinger en remplacement du très actif et très discret Jean-Marc Courau, démissionnaire) au poste de directeur général de cette holding familiale, il va falloir trouver un remplaçant à Jérôme Philipon. On se souvient que celui-ci, à son arrivée en 2007, avait passé une longue période en double commande avec son glorieux prédécesseur, Ghislain de Montgolfier. C’est une vertu de cette maison que de donner à ses dirigeants toutes les chances de réussir, ce que Jérôme Philipon n’a pas manqué. Il en sera de même, n’en doutons pas, pour le prochain, encore inconnu (de nous, au moins, mais de Bollinger aussi, j’ai l’impression).
Allo, Jérôme ?
Jean-Marc Courau s’en va et tout change ?
Je crois que vous n’avez jamais rencontré Jean-Marc Courau (en effet, NDLR). Il dirigeait le groupe très activement, mais en toute discrétion. Il n’était pas un homme du vin ou un communiquant, mais il a parfaitement bien mené le groupe. Il a émis le souhait de passer la main et, bien sûr, l’organigramme change. Étienne Bizot le remplace à la présidence et ils m’ont proposé la direction opérationnelle du groupe.
Et c’est plus intéressant pour vous que la présidence des Champagnes Bollinger ?
C’est plus large. Il y a deux maisons de champagne, deux maisons de vins, deux sociétés de distribution importantes. Et me mettre au service du développement de sociétés de premier plan est absolument enthousiasmant. Quand je vois le succès des champagnes Ayala, maison acquise par la famille Bollinger juste avant que j’arrive dans le groupe, c’est encourageant pour envisager une croissance organique. Cela dit, tant que mon remplaçant ne sera pas recruté et prêt, je conserve la présidence des champagnes.
Depuis Ayala, rien ?
Non, pas « rien ». C’est sans doute moins amusant à raconter, mais la famille a consenti des investissements importants dans le nouveau site d’habillage et de conditionnement d’Oger. C’était indispensable pour assurer le succès de la nouvelle bouteille et des grands contenants qui l’accompagnent. La famille a également acquis huit autres hectares de vignes, portant le total « domaine » à 170 hectares. On ne peut pas dire qu’il ne s’est rien passé. Mais pour la politique de développement externe du groupe, je vous recommande de poser les questions à Étienne Bizot.
Ce qui fut fait l’après-midi même au siège de la Société Jacques Bollinger, à quelques mètres des bureaux de Bettane+Desseauve.