Avec ses 288 hectares, la maison Taittinger représente le troisième vignoble champenois en terme de surface. Largement de quoi pouvoir dresser un constat fiable sur cette année 2012, très éloigné des sempiternels «on n’a jamais vu ça ! ». Certes, les volumes sont plutôt faibles (et cependant cohérents par rapport à l’estimation moyenne faite par le CIVC pour l’ensemble de la Champagne, soit 8 500 kg/ha), mais c’est sans surprise après une telle succession d’aléas climatiques : gel d’hiver, gel de printemps, grêle, coulure, millerandage, mildiou, oïdium et, enfin, échaudage. Si la maison tient un discours très optimiste, c’est d’abord parce que les Champenois ont une réserve qui sera automatiquement débloquée si les viticulteurs n’ont pas atteint le plafond 2012 de l’appellation, fixé à
11 000 kg/ha (pour plus de précisions, voir cet article). De quoi rester confiant, donc. C’est ensuite, et surtout, parce que la qualité de la récolte est formidable. Et qu’on ne le dit pas assez ! Vincent Collard, directeur des vignobles Taittinger, n’hésite pas à afficher son enthousiasme : « Qualitativement, la récolte 2012 me semble exceptionnelle, qu’il s’agisse de l’état sanitaire des grappes apportées au pressoir ou du degré potentiel des marcs que nous avons pressurés. Tous pressoirs confondus, le degré moyen est de 10,47 %. Il faut remonter à des années telles que 2002 ou 1996 pour retrouver un degré si élevé. ». Les autres paramètres œnologiques sont également favorables : l’acidité totale atteint 7,9 g/l et le pH de 3,02 est au-dessous de la moyenne décennale. Au terme d’une campagne viticole qui a mis les nerfs des vignerons à rude épreuve, tout laisse à penser que les vins qui seront dégustés
dans quelques semaines feront preuve de finesse, de fraîcheur et de complexité aromatique.