Les grands vins sont devenus un actif financier au même titre que les actions, les obligations ou l’immobilier. Cela n’affranchit pas pour autant l’investisseur de respecter quelques règles de prudence. Ce qui explique les avertissements collés par le régulateur boursier français, L’AMF (Autorité des Marchés Financiers), sur le prospectus de souscription au fond Uzès Grand Cru. « Il ne doit s’agir que d’un axe de diversification de ses avoirs : la part allouée aux grands crus ne doit pas dépasser 30 % des actifs investis » insiste un gérant de fortune.
De même, il s’agit d’un placement de long terme, de trois à cinq ans minimum. Ensuite, il faut définir le rôle de cette poche vins au sein du patrimoine, défensif ou offensif ? « Dans le premier cas, la gestion sera dite Value et conviendra à un investisseur faisant la part belle à des actions présentant un profil de risque plus fort que des valeurs dites de fond de portefeuille. Les millésimes constitueront un matelas de sécurité. Une gestion Growth dopera les performances d’un patrimoine investi en obligations » insiste Jean-Marie Godet.
Autre point cardinal à surveiller de très près, la domiciliation du fonds. Sur la centaine de véhicules identifiés ici et là, une écrasante majorité a jeté l’ancre dans des paradis fiscaux et des pays dits Low Rules. Si l’absence de taxe peut séduire l’investisseur, elle a pour contrepartie l’absence de garantie sur sa mise en cas de tempête financière. Et des informations pour le moins parcellaire quant à la solvabilité des promoteurs. Bien que plus lourdement taxés, les OPCVM de droit français ou européen labélisés UCITS restent les plus protecteurs du monde. Les plus audacieux se rabattront sur des fonds luxembourgeois, à la condition expresse qu’ils affichent au moins un visa FIS (Fonds d’Investissement Spécialisé).
Un dernier point : cet investissement a un coût. Les sociétés de gestion prélèvent des droits d’entrée, des frais de gestions, de sortie, voire des commissions de surperformance, si la valeur du fonds grimpe plus que celle d’un indicateur de référence. Autant de ponctions qui mises bout à bout amputent d’autant les plus-values escomptées. Et ce, avant le passage du fisc.
Vincent Bussière