Sancerre blanc 1989 Prestige

On boit les grands sancerres toujours trop jeunes : contrairement à ce qu’on pense on était capable (en petite quantité hélas) d’en produire dans les années 1980/1990, et le millésime 1989 au cycle de maturité idéal a permis l’élaboration de quelques chefs d’œuvre comme ce vin de l’épatant Gilles Crochet. Rien dans la perfection de sa robe d’un doré vert incroyablement lumineux et dans celle de ses extraordinaires arômes de truffe blanche, fougère, tilleul, ne rappelle les caractères variétaux du sauvignon et encore moins les réductions stéréotypées auxquels les vins du nouveau monde nous ont habitué. Rien ne fait non plus penser aux notes épicées et musquées des sauvignons bordelais qui d’ailleurs ne sauraient rivaliser en richesse de sève et en éclat de rétro olfaction avec un tel produit, né des grands terroirs de Bué. L’élan, le corps et la fastueuse fin de bouche seraient plutôt le pendant des grands crus de Chablis, avec encore plus de séduction et d’universalité d’emploi. J’ai beau chercher mais aucun blanc français sec, à ma connaissance, dans ce millésime, jusqu’à ce jour, ne m’a fait une telle impression.

19/20

On peut faire un rapprochement de style entre Gilles Crochet, le vinificateur de ce domaine d’excellence, et Christophe Roumier en Bourgogne, dans le raffinement des tannins de leurs vins rouges. C’est Lucien Crochet qui a largement développé l’exploitation, la portant à sa superficie actuelle de 38 hectares. Son fils Gilles est maintenant à la tête du domaine, avec 29 hectares de sauvignon, et 9 hectares de pinot noir pour les rouges et les rosés. Les vignes sont principalement situées sur le village de Bué mais également sur les communes voisines de Sancerre, Crézancy et Vinon, sur des sols et sous-sols à dominante argilo-calcaire.