Un échec, le mot est assez vite lâché et figure en édito du guide Loi Evin, Enjeux et perspectives pour la filière viticole réalisé par Vin & Société, structure représentant 500 000 acteurs de la vigne et du vin en France. Notant qu’en 1991 « l’intention du législateur était d’autoriser la publicité pour les vins tout en limitant ses excès et en assurant le principe de protection de la jeunesse », Vin & Société constate que la consommation de vin a chuté fortement (-20% sur les 10 dernières années) pendant que « les conduites à risque des jeunes se sont inversement accrues. »
Aujourd’hui, 17 % des Français sont des consommateurs réguliers de vin, soit tous les jours ou presque. Les autres, bien plus nombreux, sont ce qu’on appelle des consommateurs occasionnels qui boivent du vin une à deux fois par semaine ou plus rarement (45 % des Français), ou des non-consommateurs, sauf en de très rares occasions (38 % des Français). En 20 ans, la part des consommateurs réguliers de vin a diminué de plus de 30 % (depuis 1960, la baisse est de 70 %).
Parallèlement à cette consommation de vin modérée, par ailleurs prônée par Vin & Société via différentes actions de prévention et d’éducation, on constate une hausse des épisodes d’ivresse, dans toutes les tranches d’âge, et chez les hommes aussi bien que chez les femmes. Quant au binge-drinking chez les jeunes, il est devenu un vrai sujet de société. Ainsi, la loi Evin n’aurait que peu d’effet sur les pratiques à risque et les excès qu’elle souhaitait combattre. « Serait-il temps de repenser une politique de santé publique visant en particulier les comportements à risque, sans stigmatisation du vin, très peu consommé par les jeunes générations ? »
Vin & Société pose la question dans ce guide très complet qui détaille le contexte de l’adoption de la loi Evin, ses effets sur la santé publique, mais aussi les abus liés à son interprétation, ou comment l’approche « mesurée » du législateur a créé une insécurité juridique. Bref, une indispensable piqûre de rappel à l’heure où consommation excessive et responsable ne sont plus distinguées et où la volonté d’« encadrer la publicité » s’est bien transformée, exemples de condamnations à l’appui (illustrés par les images censurées), en une quasi-interdiction de transmettre la culture du vin.
Loi Evin, Enjeux et perspectives pour la filière viticole est à télécharger au bas de cette page.