Vendredi 21 février, une audition de Fadi Chéhadé, président de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers aura lieu au Sénat dans le cadre d’une mission d’information (pour comprendre à quoi sert l’ICANN, cliquer ici). La Confédération nationale des producteurs de vin et eaux-de-vie de vin à appellation d’origine contrôlée (CNAOC) a donc décidé d’interpeller à nouveau les pouvoirs publics sur le dossier de l’ouverture des noms de domaine “.vin” et “.wine”. Sur la base d’un franc
« Nos AOC ne sont pas à vendre », les producteurs de vins réclament de la fermeté. Au-delà de la question de la protection des appellations d’origine et des indications géographiques, c’est plus largement celle du respect de la propriété intellectuelle qui est en jeu à l’occasion de l’ouverture de ces nouveaux noms de domaine (lire ici un rappel des faits)
Cela fait plusieurs mois que le secteur du vin, et notamment la CNAOC et sa fédération européenne EFOW (European Federation of Origin Wines), s’opposent à la délégation de ces “.vin” et “.wine”. Rien d’étonnant quand on sait que les sociétés candidates à leur exploitation ont d’ores et déjà annoncé leur intention de vendre aux enchères les noms de domaine de second niveau (le second niveau, c’est ce qui est indiqué avant le .fr, .com ou, bientôt .vin). Ainsi un nom de domaine contenant un nom d’AOC, par exemple champagne.vin ou bordeaux.wine, pourraient être cédé au plus offrant, n’importe où dans le monde. Une aberration géographique, économique et culturelle, et in fine, une tromperie du consommateur si ce qui lui est proposé n’a aucun lien avec l’appellation concernée. Les risques sont bien identifiés, et parmi eux la spéculation et la contrefaçon, et grâce aux actions engagées par la France et la Commission Européenne, l’ICANN n’a pas pris de décision pour l’instant.
Cependant la pression exercée par certains gouvernements est de plus en plus forte. Ainsi les USA défendent-ils un Internet libre et la délégation des “.vin” et “.wine” sans condition. C’est pourquoi la CNAOC et l’EFOW tiennent à ce que le gouvernement et le Parlement profitent du déplacement à Paris du président de l’ICANN pour envoyer un signal fort à l’organisme en charge de la gestion d’Internet. Par la voix de son président, Bernard Farges, la CNAOC rappelle que « le débat qui se pose est plus large que le débat sur la protection des indications géographiques et de la propriété intellectuelle. » Il s’agit d’un débat de société. Il s’agit « de savoir quel Internet nous voulons demain. Un Internet respectueux des traditions et savoir-faire, mais surtout des règles, et dont la gestion et le contrôle doivent être confiées à une autorité indépendante. Ou un internet où presque tout est permis et dont le peu de règles est établie par quelques personnes ? Notre choix est fait et nous attendons de la France qu’elle fasse entendre la voix de notre secteur et, plus largement, de beaucoup de nos concitoyens. »