Santenay, à l’extrême sud de la côte de Beaune est une des communes les plus attachantes et aussi une des plus injustement méconnues du vignoble bourguignon. Comme beaucoup d’autres, elle a pâti de l’instauration des appellations contrôlées qui a favorisé quelques communes aux dépens des autres.
Pendant longtemps la solidité de constitution de ses vins a permis d’améliorer les crus de longue garde comme Corton et Pommard et, particulièrement, les cuvées destinées à l’exportation et qui devaient donc supporter mieux les voyages.
Quand l’appellation d’origine est devenue la loi, les négociants locaux, assez stupidement (ils ne s’en rendent compte hélas que plus de soixante ans plus tard), ont créé une hiérarchie de prix entre les différentes communes et ont décidé que Santenay serait, quelle que soit la qualité de ses produits, le Pommard du pauvre, ce qui n’encourageait guère les vignerons locaux à être perfectionnistes en matière de viticulture ou d’élaboration du vin.
Ils oublièrent qu’un de leurs collègues installé à Santenay fut considéré pendant toute sa vie comme le plus célèbre de Bourgogne. Il y avait de quoi. Imaginez la réunion des vignes du domaine de la Romanée-Conti et du domaine de la Pousse d’Or, sans parler d’autres crus prestigieux et devinez où tous ces crus étaient vinifiés et élevés.
Certainement pas là où ils le sont aujourd’hui, mais au cœur justement de Santenay dans les caves du Passe-Temps et celles qui abritent aujourd’hui la maison Prosper Maufoux. L’illustre Albert Duvault-Blochet s’y était installé et encore aujourd’hui un de ses descendants directs fait du vin dans le Haut-Village. On peut le comprendre.
Le paysage si étroit de la côte s’élargit ici magnifiquement avec les perspectives très ouvertes des coteaux de la montagne de Chassey-le-Camp, de l’autre côté de la vallée de la Dheune qui déploie de ravissants méandres en contre bas du coteau viticole, lui-même adossé et protégé par les monts des Trois-Croix.
L’existence de nombreuses sources d’eaux aux vertus médicinales multiples y a favorisé l’implantation humaine et l’une d’entre elles est toujours exploitée par un établissement thermal qui se double, pour attirer le public, d’un casino fréquenté par beaucoup de vignerons du secteur.
Le village se subdivise lui-même en trois secteurs. Le bourg avec ses belles maisons cossues, mais sans grand cachet. Les habitations plus anciennes du haut-village. Le quartier Saint-Jean au cachet inégalable qui symbolise toute la force et l’attraction de l’ancienne Bourgogne.
Le château de Philippe le Hardi, aux bâtiments d’exploitation gigantesques, fait admirer les arbres les plus vieux du département et mérite le détour. Mais la vraie force du village tient à la valeur de ses vignerons.
Leur gentillesse, leur solidarité interne, renforcée par la bonne santé de leur confrérie vigneronne, les Grumeurs de Santenay, leur générosité, leur idéalisme, sont si différents de l’auto satisfaction permanente de tant de vignerons des communes voisines, pervertis par un enrichissement trop rapide au cours des trente dernières années.
La nouvelle génération aux commandes du syndicat continue la tradition et compte bien imposer à tous une nouvelle charte de production qui rend les contrôles plus intelligents et efficaces et surtout responsabilise tous les vignerons en leur demandant de s’engager individuellement à travailler selon les règles de l’art.
Il nous a semblé particulièrement d’actualité de procéder, comme nous l’avons fait à Gevrey-Chambertin, à un état des lieux de la viticulture actuelle à Santenay. Michel Bettane
Les terroirs de Santenay
– Les premiers crus
– Les crus d’appellation Santenay-village
Crédit photo: BIVB/Monnier H.