En partant, on laisse une trace, une résonance dont l’ampleur célèbre l’œuvre accomplie. À l’heure de la mort, il n’y a plus d’égalité devant le souvenir et les grands sillages imposent qu’on les suive. En épousant Benjamin de Rothschild, Ariane a vite compris vers quoi son destin l’emmenait. Il fallait continuer. La disparition de son beau-père, le baron Edmond, a précipité les choses. La mort n’arrive jamais à point nommé, toute disparition est prématurée. Devant l’ampleur des responsabilités, Ariane n’a pas choisi, elle s’est organisée.
Parmi les joies du baron Edmond, le vin. « Plus je connais le vin, plus il m’aime », disait-il. Sur sa tombe, une émouvante épitaphe rappelle cette passion devenue une entreprise, bien sûr. La Compagnie vinicole Baron Edmond de Rotschild avait déjà vu le jour. À une époque où l’on avait le sens de la mesure, il avait refusé d’acquérir Château Margaux, lui préférant une délicieuse et discrète villégiature, le château Clarke, à Listrac. Ne pas prêter le flanc à la critique, ne pas aiguiser de jalousies. Ses cousins Rothschild déjà propriétaires de Mouton pour les uns et de Lafite pour les autres, il a choisi de ne pas en rajouter. Clarke, donc et quelques autres dans des appellations périphériques, des étiquettes inconnues. Et comme il était également co-propriétaire de Lafite, la qualité de sa cave ne faisait aucun doute. Ariane dit de cette cave qu’« elle est immense ». Sans doute. Immense aussi, l’ambition vinicole de la famille. « Je dois poursuivre et amplifier l’œuvre entreprise, rappelle-t-elle, ces vignobles ne sont pas de simples actifs capitalistiques. Nous prolongeons l’histoire viticole de la famille en gardant bien présent à l’esprit que nous devons transmettre plus que ce que nous avons reçu. » Il y a quelques années, dans un silence feutré, toujours, Ariane et Benjamin de Rothschild ont tissé…lire la suite
Photo : Mathieu Garçon