La place du Rhône

En 2012, le vignoble de la vallée du Rhône a franchi, avec 900 000 hectolitres, la barre des 30 % de volume exporté (sources : douanes françaises/Inter Rhône), avec une progression de 5,5 % en volume et de 10 % en valeur. Cette valorisation des vins vient compenser la baisse volumique de la récolte. Affirmant une stratégie en phase avec le positionnement de leurs appellations d’origine contrôlée, négociants et producteurs travaillent à rendre leurs vins fortement présents sur le milieu et le haut de gamme et ceci sur les segments de marchés correspondant à toutes les couleurs des vins.

Pour Christiant Paly, le président d’Inter Rhône, les efforts du vignoble, notamment en terme de campagne de communication, « ont été récompensés par une forte progression des vins à plus de 3 € en GMS française et par la croissance des exportations sur des marchés valorisants comme les USA (+ 43 % entre 2009 et 2011) et l’Asie (+ 125 % entre 2009 et 2011). Avec une qualité croissante, une offre jugée très compétitive et un millésime 2012 déjà encensé, les appellations de la vallée du Rhône construisent leur avenir avec sérénité et optimisme. »

Les chiffres

Le vignoble de la vallée du Rhône est le 2e vignoble français en superficie et en production (conventionnelle et bio).

Produits sur 6 départements, les vins de la vallée du Rhône représentent la première activité économique de la région avec 390 millions de bouteilles commercialisées dans 155 pays en 2011-2012.

2,9 millions d’hectolitres ont été produits en 2012, sur 71 000 hectares et par 5 000 exploitations viticoles.

98% des consommateurs de vins en France connaissent les appellations d’origine contrôlées de la vallée du Rhône. Celles-ci ont généré 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires et 46 000 emplois directs ou induits.

Les côtes-du-rhône régionaux, villages et crus représentent 79 % des exportations. Les blancs sont de plus en plus appréciés à l’export et atteignent cette année 7 % des exportations.

Les marchés

Dans un contexte mondial de forte concurrence sur les bas prix en vrac entre l’Italie, l’Espagne, le Chili et l’Australie et face au développement des vins sans indication géographique en France, les AOC de la vallée du Rhône ont fait le choix de la qualité et de la valorisation. Ces efforts se sont traduits, d’une part, par une meilleure rémunération du vin vendu en vrac dans le vignoble et, d’autre part, par une progression des ventes sur les circuits et marchés valorisés au détriment des marchés premiers prix. En France, sur le circuit de la grande distribution, les ventes de vins rouges d’AOC de la vallée du Rhône ont diminué de 2,3 % par rapport à 2011 tout en progressant, en valeur, de 1,7 %. En fait, les ventes de bouteilles dont le prix est inférieur à trois euros diminuent (- 6 %) pendant que celles des vins vendus plus chers progressent (+ 3 %).

Du coté des exportations, les AOC de la vallée du Rhône continuent de progresser sur les marchés porteurs. L’augmentation est de 7,9 % en Allemagne par rapport à 2011 et les expéditions vers la Chine restent dynamiques avec + 55 %. Entre 2003 et 2012, le repositionnement s’est traduit par une forte baisse des exportations vers les marchés de premiers prix (- 109 000 hl sur la Suisse et les Pays-Bas) au profit des marchés valorisants (+ 130 000 hl aux USA, Canada, Chine et en Asie). Aujourd’hui, le grand export (USA, Canada, Chine et Japon) représente 35 % du volume des exportations rhodaniennes contre 65 % pour les destinations plus proches et les marchés historiques, qui connaissent des évolutions reflétant la morosité économique de la zone euro.




Les vins

Côté récolte, la baisse est de 6 % en moyenne par rapport à 2011, avec des disparités selon les AOC. Les côtes-du-rhône régionaux essuient une baisse de volume de 9,6 % (1, 459 million d’hectolitres), pendant que le volume des côtes-du-rhône villages progresse de 12 % et que celui des luberon restent stable (+ 1 %). Ceci s’explique par des conditions difficiles très localisées (gel) mais aussi par le fait qu’une partie des surfaces des vignobles est en phase de restructuration. Ainsi, plus de 1200 hectares ont été «rajeunis» en Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages entre 2009 et 2012 en favorisant des cépages qualitatifs comme la syrah et le viognier.

En parallèle, on observe une diversification des modes de production dans le vignoble. Si le rouge reste majoritaire avec 80 % des volumes récoltés en 2011, le rosé est passé de 8 % (récolte 2004) à 14 % (récolte 2011). Les AOC costières-de-nîmes et luberon produisent une forte proportion de rosé (40 % pour la première et 49 % pour la seconde) et les AOC ventoux (91 000 hl en 2012) et côtes-du-rhône régionaux (102 000 hl en 2012) ont également fortement développé leurs volumes dans cette couleur. Il s’agit désormais de s’imposer en France comme à l’export à coté des leaders historiques de Provence et de Loire.

Pour ce qui concerne le bio, l’enquête Inter Rhône sur les récoltes 2011 faisait apparaître un potentiel important avec 8 % des surfaces cultivées en bio ou en conversion (dont une grande partie en 3e année). Les premières estimations 2012 laissent envisager un volume de 10 % de la récolte certifiée bio pour les côtes-du-rhône régionaux, ce qui en fait l’une des appellations les plus importantes sur ce mode de production en France. A elles deux, côtes-du-rhône et côtes-du-rhône villages totaliseraient cette année plus de 150 000 hectolitres en bio, soit une augmentation de 30 à 40 % en volume par rapport à l’année précédente.

Les amateurs

Au Royaume Uni, 73 % des professionnels interrogés connaissent la campagne marketing Côtes du Rhône et 68 % la jugent « plutôt efficace » (Panel Wine Intelligence). Aux Etats-Unis, la Vallée du Rhône est spontanément citée en quatrième position parmi les régions de vins importés (Wine Opinions, 2012). Le marché chinois est le plus dynamique. Les vins de la vallée du Rhône y connaissent une croissance de notoriété exponentielle depuis 2003. En 2012, elle est deux fois plus forte que la moyenne des vins français (+ 67 %). Les vins du Rhône sont désormais la troisième région citée (après qui on sait, ça commence par B, et par B) selon une étude Daxue datée de novembre 2012. En France, cette région viticole est la deuxième la plus représentée en restauration avec une présence dans 75 % des établissements. Depuis 2011, on assiste à une progression de la consommation du vin au verre qui favorise tous les vignobles. Selon un panel CHD Expert, 97,5% des établissements proposent en moyenne trois références. Là, selon une récente étude Ipsos, les appellations de la vallée du Rhône font la course en tête en étant proposées dans 66 % des cas. L’appellation côtes-du-rhône est la première AOC en bars à vins.




En tête de cet article, la couverture du livre Les Vins du Rhône – Côtes & Vallée, de Jean Serroy, paru le 8 avril dans la collection “Le Verre et l’assiette” des éditions Glénat. 232 pages, également disponible en anglais et en mandarin.

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