L’or du Rhône

Il n’y a qu’un seul endroit sur cette planète où la syrah est capable d’atteindre de tels niveaux d’émotion. Notre expert nous guide dans le nord de la vallée du Rhône, entre les sommets de finesse et d’élégance


Retrouver cette sélection  dans En Magnum #38. Vous pouvez l’acheter en kiosque, sur notre site ici, ou sur cafeyn.co.


Hermitage
Domaine Jean-Louis Chave, hermitage 2021
Même si l’œuvre de sa vie restera l’aménagement du coteau des Chalaix et du clos Florentin à la sortie sud de Mauves, le domaine Chave incarne depuis plusieurs générations les grands vins de l’Hermitage, tant par son magnifique parcellaire en Bessards, Méal, Ermite, Rocoules ou Maison Blanche que par sa volonté farouche de ne proposer qu’un seul vin, harmonieuse et profonde synthèse des différentes expressions de la colline. Ici pas de cuvée parcellaire, donc, Jean-Louis Chave défend fièrement ses convictions. Pourtant, dans des millésimes encore plus brillants que la moyenne, il cède à la tentation en réalisant un second assemblage baptisé Cathelin, issu de lieux-dits en proportions secrètement gardées, mais marqué par les granites des Bessards. S’il est commercialisé un jour, le 2020 entrera dans la grande légende. En 2021, seule la cuvée normale a été produite. Elle présente un joli toucher de bouche, plus raffiné que celui des vins de Saint-Joseph également produits au domaine. Une texture qui va s’affiner avec le temps et fondre ses petits amers, le franc fruit rouge de la syrah (cassis, pêche de vigne) est déjà bien en place.
97/100
Prix NC

Domaine de la Chapelle, La Chapelle 2022
Désormais, la maison Paul Jaboulet Aîné isole La Chapelle du reste de la gamme. Un nouveau chai doit d’ailleurs être destiné à cette cuvée iconique, au pied de la fameuse colline. La cuvée tire son nom de la petite chapelle perchée sur la partie haute du coteau de Saint-Christophe, aujourd’hui mentionné sous le nom de Bessards. La maison Jaboulet en est propriétaire, et l’a fort joliment restaurée d’ailleurs, mais la cuvée n’est pas issue des vignes alentours. Traditionnellement, La Chapelle était un assemblage de Méal et de Bessards, dans cet ordre, puisque Jaboulet a toujours eu un parcellaire de premier plan sur le coteau de galets du Méal. Toutefois ce 2022 incorpore en plus un peu de Rocoules, uniquement dans la partie des hauts de coteaux, les vignes plantées dans le bas de la pente étant destinées à Maison Bleue, le second assemblage. Bien que très jeune, ce 2022 affiche déjà un nez complexe (fruits rouges et noirs, nuances grillées et balsamiques, pointe d’épices douces). En bouche, les tannins sont enrobés, avec un moelleux de texture qui signe les grandes réussites modernes de cette cuvée. La finale est portée par les granites des Bessards et demande du temps en bouteille.
96/100
264 euros

M. Chapoutier, Monier de la Sizeranne 2021
Plus important propriétaire en Hermitage, Michel Chapoutier s’est fait connaître dès les années 1990 avec ses fameuses sélections parcellaires. Si en rouge, Le Pavillon (issu des Bessards) et L’Ermite tutoient régulièrement le firmament des très grands vins, à des prix eux aussi très élevés, nous avons retenu cette cuvée plus abordable. Issue exclusivement des vignes du domaine Chapoutier, elle est un modèle d’hermitage d’assemblage, brillante synthèse des différents quartiers de la colline, entre le gourmand fruité d’une syrah bien mûre et la profondeur musclée de tannins caressants. Sous l’influence de l’actuel maître de chai Clément Bärtschi, cette cuvée affiche des progrès significatifs depuis plusieurs millésimes. Par le passé, elle résultait parfois d’une construction par défaut, une fois définis les lots destinés aux sélections parcellaires. Aujourd’hui, c’est un assemblage à part entière, construit comme un grand vin. Avec le millésime 2021, l’apport de 15 % de vendanges entières permet encore de gagner en profondeur. Ce 2021 déploie un fruité mûr et sans opulence, gourmand (cassis), avec une entame de bouche crémeuse, des tannins onctueux, une allonge élégante et équilibrée. La finale monte en puissance, sans forcer.
95/100
Prix NC

Delas, Ligne de Crête 2022
La maison a toujours produit deux cuvées de haut vol, La Landonne en côte-rôtie et Les Bessards en hermitage. Ces deux expressions différentes disent tout du potentiel de la syrah sur ces coteaux granitiques. Depuis le millésime 2015, elle propose cette nouvelle cuvée issue d’un quartier de la colline de l’Hermitage où elle est en situation de quasi-monopole (Les Grandes Vignes), situé tout en haut du coteau de Saint-Christophe, avec une vue à 180° sur le vignoble et la vallée du Rhône qui serpente au pied. C’est le secteur le plus élevé de la colline (320 mètres), sur un substrat de granite à feldspath. Il s’agit là d’une autre expression de la syrah sur granite, les principaux éléments de différenciation étant l’altitude et l’orientation, avec des conséquences sur l’ensoleillement et les températures moyennes. Les syrahs y sont souvent les dernières à être vendangées. Ce 2022 offre un nez plus floral que la cuvée Les Bessards, avec une touche fumée. Le tannin encore un peu ferme va demander de la patience, mais la finale fraîche et élégante permet d’envisager un avenir radieux. Les 80 % de vendanges entières apportent une trame tannique serrée et dense.
97/100
175 euros

E. Guigal, Ex-Voto 2020
Dans un tel dossier, il aurait été trop facile de citer un côte-rôtie de la maison Guigal, ou même de citer ses très réussis saint-joseph. Nous avons fait le choix de partir en hermitage, une appellation où peu de consommateurs attendent la famille Guigal, pourtant l’un des plus importants propriétaires sur la colline. Depuis le rachat des vignes De Vallouit en 2001, Guigal exploite près de deux hectares en rouge, sur les lieux-dits Les Bessards, L’Ermite, Les Murets et Les Greffieux, à partir desquels cette cuvée est produite. Une vinification et un élevage à la Guigal, c’est-à-dire 40 mois dans les fûts neufs de la tonnellerie maison, produisent lorsque le millésime en est jugé digne un vin puissant et aux tannins crémeux, richement élevé, équilibré et de grande garde. Lorsqu’il fait déguster sa gamme dans son intégralité, Philippe Guigal présente toujours Ex-Voto en dernier, après ses parcellaires en Côte-Rôtie. Au nez comme en bouche, ce 2020 offre une expression plus solaire, plus sudiste que les côte-rôtie de la maison. L’intensité fruitée, les parfums savoureux de prune et de cassis, les tannins ultra fins et la persistance ultra fraîche en font un grand vin, où l’élevage vient en accompagnement même s’il est encore un peu perceptible.
98/100
350 euros

Domaine Sorrel, Le Gréal 2022
Ne cherchez pas où se situe Le Gréal sur une carte de l’appellation, il s’agit d’une astucieuse construction à partir des lieux-dits Les Greffieux (10 %) et Le Méal (90 %), deux quartiers de la colline où le domaine possède une grande partie de ses vignes. Greffieux est situé juste en dessous du Méal, avec un sol un peu plus épais. La cuvée existe depuis le millésime 1984, à l’initiative de Marc Sorrel (tout juste arrivé au domaine alors) et de son père Henri. Elle a toujours incorporé 7 à 8 % de raisins blancs, puisqu’une terrasse entière du Méal est plantée en blancs. Les vieilles vignes plantées sur le coteau entre 1927 et 1928 ont été bien rebrochées avec l’arrivée de Guillaume, la nouvelle génération, qui a également affiné le travail en cave. Un grand gréal mérite de patienter une vingtaine d’années en bouteille et ce 2022 n’y dérogera pas. Nez de fruits noirs et d’épices douces, tannins crémeux, ce grand hermitage en construction demande que sa générosité alcoolique s’intègre, même si elle n’est pas immédiatement perceptible.
98/100
250 euros

Cave de Tain, Epsilon 2020
Grâce au legs Gambert de Loche, le fondateur et premier président de la cave, cette structure coopérative jouit d’une diversité de terroirs sur la colline de l’Hermitage qui rivalise avec les plus grands domaines privés. Aujourd’hui les 22 hectares sur la grande colline sont cultivés en bio. Suite à l’extension de la cuverie, qui a connu ses premières vinifications avec le millésime 2014, Xavier Frouin, l’œnologue de la cave depuis deux décennies, dispose enfin d’un outil lui permettant de vinifier au plus près de la parcelle et de proposer des assemblages qui gagnent en précision depuis quelques millésimes pour désormais égaler les tout meilleurs avec ses cuvées hauts de gamme. Justement, cette cuvée Epsilon, qui n’est pas produite tous les ans, est une construction savante issue, dans ce millésime, d’un assemblage de terroirs, entre les sables granitiques d’Ermite (85 % de l’assemblage), les galets du Rhône de Méal (7 %) et les galets et poudingues de Rocoules (8 %). Le vin est un absolu en termes de fraîcheur et de velouté de texture, l’alcool est brillamment contenu par des tannins de grande finesse, glissant sur la langue. Les parfums de fruits noirs sont frais, la finale intense et persistante, sur des senteurs de graphite. Déjà étonnamment bon à boire, même s’il va bien vieillir vingt ans et plus.
97/100
278 euros

Côte-rôtie
Domaine Graeme et Julie Bott, côte-rôtie 2021
Ce couple de jeunes vignerons a créé son propre domaine en 2015 et sa gamme s’est depuis bien étoffée. En appellation côte-rôtie, le domaine exploite un hectare en propriété (aux lieux-dits Semons, Lancement, Tartaras et Fongeant), complété par des locations et quelques achats de vendange (notamment en Côte-Bodin). Toutes les parcelles sont récoltées et vinifiées séparément. Graeme aime égrapper les raisins des terroirs de la côte Blonde, mais apprécie une part variable de rafles pour ceux de la côte Brune. Comme les assemblages sont réalisés juste avant la mise, cette cuvée représentative du style du domaine incorpore en moyenne 20 à 30 % de vendange entière. Dans le millésime 2021, cette syrah fruitée donne un vin à la bouche dense et construite avec sérieux par des tannins encore un peu fermes qui demandent de patienter encore.
93/100
76 euros

Domaine Bonnefond, Côte Rozier 2021
Avec leur domaine situé sur le plateau qui surplombe l’appellation côte-rôtie, les Bonnefond connaissent bien ce terroir dit Côte-Rozier dont la pente vertigineuse plonge vers le village d’Ampuis, au cœur du secteur de la côte Brune, au nord du Reynard, le ruisseau qui sépare l’appellation en deux. Le sol, composé de schistes et de micaschistes, y est plus riche en oxydes de fer, ce qui confère un caractère plus corsé et salin au vin que les secteurs plus au sud. Plusieurs producteurs exploitent une vigne sur ce terroir réputé et recherché, mais rares sont ceux à l’isoler dans une cuvée dédiée, ce qui ne permet pas aux amateurs de découvrir le vin donné par ce lieu-dit singulier. Encore très jeune, ce 2021 puissant et corseté par des tannins fermes, séduit par son allonge et sa longueur, avec un retour plaisant sur les fruits noirs frais.
94/100
60 euros

Domaine Duclaux, Coteaux de Tupin 2020
Lieu-dit cadastré, Coteaux de Tupin est situé au sud de l’appellation, dans la commune de Tupin-et-Semons qui borde l’appellation condrieu par le nord. La roche-mère de gneiss y procure des vins aux senteurs de fruits rouges et des notes florales plus marquées que dans les terroirs du nord de l’appellation, sur des schistes et des micaschistes. Outre ce terroir de premier ordre, la vinification pour une bonne partie en vendange entière et les 26 mois d’élevage en barrique expliquent sans doute le succès de cette cuvée, toujours la plus aboutie du domaine. Ce 2020, aux tannins nombreux et au toucher subtil et savoureux, offre une belle persistance sur les notes de fruits rouges et noirs. Les fleurs se bousculent dans le verre. Bien en place, cette cuvée se bonifiera pendant une ou deux décennies.
95/100
126 euros

Dauvergne-Ranvier, Grand vin 2020
Le duo de vinificateurs-éleveurs François Dauvergne et Jean-François Ranvier ne possède pas de vignes en côte-rôtie, mais s’y approvisionne avec les mêmes exigences que dans le sud de la vallée du Rhône où ils sont implantés. Cette cuvée, qui contient un petit peu de viognier (2 %) est issue de raisins éraflés en totalité. Elle assemble des terroirs d’origine éparses, répartis dans les trois communes de l’appellation (Ampuis, Saint-Cyr et Tupin-et-Semons), ce qui explique sa dimension gourmande et sa grande lisibilité. Le vin est élevé intégralement en pièces bourguignonnes durant 18 mois, avant une maturation en bouteille d’une année supplémentaire. Ce 2020 déploie des senteurs de fruits rouges et noirs (framboise et cassis), avant de dévoiler une bouche aux tannins tendres et ronds. Un côte-rôtie harmonieux et à apprécier jeune.
90/100
45 euros

Domaine Corinne et Jean-Paul Jamet, La Landonne 2019
Vieille famille d’Ampuis, les Jamet exploitent un remarquable vignoble regroupant pas moins de quinze lieux-dits différents, principalement implantés dans les parties schisteuses du cœur et du nord de l’appellation. Jean-Paul Jamet et aujourd’hui son fils Loïc sont des inconditionnels de la vendange entière, ce qui explique pour partie l’incroyable potentiel de garde de leurs vins. Outre la cuvée d’assemblage, la réputation du domaine a longtemps été incarnée par la très recherchée cuvée Côte-Brune, micro-production de 2 500 à 3 000 bouteilles issues d’un demi-hectare, élaborée presque chaque année depuis 1976. Depuis le millésime 2018, avec une réussite au moins égale, le domaine a cédé à la tentation d’isoler une autre parcelle de son vignoble, situé sur le prestigieux lieu-dit La Landonne. Cette cuvée grandiose offre des parfums d’encre et de fruits noirs, ainsi que des tannins bien gainés dont la fermeté actuelle s’assouplira après une bonne garde en bouteille. La persistance intense et fraîche révèle la splendeur des grands vins de syrah sur schistes.
98/100
Prix NC

Domaine Levet, La Péroline 2021
Il s’agit peut-être du dernier petit domaine familial à recevoir les clients dans son caveau situé au bord de la route, en plein cœur d’Ampuis. Et les visiteurs pourraient être encore plus nombreux au regard des tarifs raisonnables des vins proposés. Agnès Levet est cousine des grandes familles de l’appellation et possède un parcellaire incroyable, réparti dans le cœur de l’appellation. Son joyau, qui représente le tiers de ses vignes, reste incontestablement le lieu-dit Chavaroche, intercalé entre les secteurs de la côte Brune et de la côte Blonde, bordé par le Reynard, ce fameux ruisseau. Goûter cette cuvée Péroline, issue exclusivement de ce Chavaroche (non revendiqué sur l’étiquette), est une occasion unique de découvrir ce terroir très représentatif de la côte Brune par la puissance de sa sève. Ce 2021, au nez intense et complexe, entre notes de fruits noirs (myrtille), notes minérales, notes végétales (fougère), propose en bouche des tannins satinés. La vendange entière apporte un supplément de raffinement et de fraîcheur en finale.
96/100
65 euros

Domaine Stéphane Ogier, La Belle Hélène 2019
Stéphane Ogier est l’une des figures montantes de l’appellation depuis le début de ce siècle. Il s’est révélé comme un spécialiste des vins de Côte-Rôtie, se permettant même de bousculer quelques pratiques bien établies en proposant, quand le millésime le permet, une caisse de ses meilleurs terroirs – rarement les mêmes d’une édition à l’autre. Une innovation quand la plupart des domaines proposent une cuvée d’assemblage des différents secteurs de l’appellation ou mettent en avant un parcellaire bien délimité. Cette cuvée avait été initiée par Michel, le père de Stéphane, en hommage à son épouse Hélène. Issue exclusivement du lieu-dit Côte-Rozier (mais non revendiquée comme tel), elle révèle avec le vieillissement la splendeur et la race du terroir de la côte Brune. Avec une matière encore plus concentrée et structurée que Lancement, l’autre grande cuvée du domaine, le bouquet de ce 2019 a besoin de temps, mais son toucher de bouche comme du velours laisse entrevoir un grand potentiel. Il faudra patienter une quinzaine d’années, peut-être plus encore.
97/100
340 euros

Domaine Pichon, La Comtesse en côte Blonde 2022
En côte-rôtie, rares sont les cuvées au nom amusant. Celle-ci, proposé par le domaine Pichon, est depuis le millésime 2005 un clin d’œil appuyé à un fameux cru classé de Pauillac. Évidemment, pour revendiquer la fameuse côte Blonde, la vigne doit s’y trouver selon les critères du cadastre. Christophe Pichon exploite 4 500 m² sur ce secteur au cœur d’Ampuis. Les raisins qui composent cette cuvée sont égrappés en totalité, ce qui confère un supplément de velouté et de gourmandise dans le toucher, caractéristiques que l’on ne retrouve pas dans un vin de la côte Brune, par exemple. Un élevage de 22 mois permet ensuite d’apprécier ce millésime 2022 qui illustre à lui seul en quoi le terroir de Côte-Rôtie produit des syrahs différentes de celles des autres crus du nord de la vallée du Rhône, à commencer par ceux de l’appellation voisine, saint-joseph. Grâce tactile inégalée, senteurs de mûre, tannins délicats, il offre beaucoup de raffinement quand les terroirs de la côte Brune offrent plus de muscle et de saveurs corsées.
94/100
130 euros

Domaine Georges Vernay, Maison Rouge 2021
Reconnu déjà à l’époque de Georges Vernay pour la brillance et la pureté de ses vins en Condrieu, le domaine a acquis les mêmes lettres de noblesse avec ses côte-rôtie sous la direction de Christine Vernay, épaulée désormais par sa fille Emma. Des deux côte-rôtie produits au domaine, Maison Rouge est sans réserve le plus abouti. Il s’appuie sur des vieilles vignes, pour certaines plantées dans les années 1950 sur le secteur de Maison Rouge, situé au sud de l’appellation, dans la commune de Tupin-et-Semons, sur des sols de granite et de gneiss, différents de ceux de micaschistes que l’on retrouve dans les secteurs du nord de l’appellation, mais aussi à Condrieu. Trente pour cent de vendanges entières et deux ans d’élevage ont permis à ce 2021 de développer un nez davantage sur les arômes de sous-bois et de cacao que sur les notes fruitées. Belle matière en bouche, de la profondeur et un équilibre frais et savoureux. Ces éléments continueront de se mettre en place avec le temps.
95/100
147 euros

Domaine Pierre-Jean Villa, Fongeant 2021
Depuis ses débuts, Pierre-Jean Villa a toujours isolé cette parcelle de Fongeant, qu’il commercialisait jusqu’au millésime 2015 sous le nom de Belle de Maïa. Depuis, d’autres producteurs ont adopté cette démarche, comme Stéphane Ogier et Graeme Bott, ou bientôt Guigal avec la nouvelle cuvée La Reynarde. Les 70 ares qu’il exploite sont divisés en deux : 55 ares sur le plateau plantés entre 1954 et 1955 et 15 ares plantés en 2015 sur le coteau, un peu plus haut en altitude. Jusqu’à maintenant, seules les vignes du plateau ont donné cette cuvée en général issue exclusivement de 100 % de vendanges entières. Dans ce millésime 2021 que nous avons retenu, Pierre-Jean n’a pas voulu tenter le diable et a réduit cette proportion à 50 %. Assemblée à un peu de viognier et élevée dans des cuves de 500 litres pendant deux ans, la syrah du grand terroir de Fongeant se distingue toujours par son ampleur en bouche et ses senteurs florales marquées. Le toucher de bouche de ce 2021, tout en finesse et en délicatesse, demande un peu de temps pour s’épanouir.
95/100
130 euros

Cornas
Domaine Auguste Clape, cornas 2019
Avec Pierre-Marie puis Olivier, les générations se sont succédé depuis Auguste. Et cela fait des décennies que ce domaine incarne comme nul autre le style traditionnel du vin de Cornas tel qu’on aime le retrouver sur les cartes des vins des vrais bons bistrots. Le vignoble couvre les principaux secteurs de l’appellation, tandis que la vinification est la plus traditionnelle possible, en grappes entières. Si les vieux foudres qui servent à l’élevage paraissent hors d’âge, tous les millésimes produits sont autant de valeurs sûres. La cuvée vendue sous la seule mention cornas est le grand vin du domaine. Cet assemblage où tous les terroirs s’affirment lentement (15 à 20 ans minimum) permet d’apprécier le muscle que les coteaux de granite confèrent à la syrah. Dans ce vin profond et intense au nez, on devine la belle maturité du raisin avec lequel, dans ce millésime solaire, on a évité le piège du surmûr et du confituré. Sur le même registre (fruits noirs, myrtilles, encre), la bouche est profonde, avec des tannins mûrs qui laissent la place à une grande fraîcheur finale, sur la feuille de menthe. Ce 2019 racontera la grandeur du terroir de Cornas, mais il faudra être patient.
96/100
132 euros

Jean-Luc Colombo, La Louvée 2021
Jean-Luc et Anne Colombo n’ont vinifié leur premier millésime qu’en 1987, avant d’être rejoints par leur fille Laure. Pourtant, en presque quarante années, les Colombo, tous œnologues de formation, ont affirmé un style qui s’est depuis diffusé à bon nombre de producteurs dans le secteur. Autrefois qualifié de rustique, le vin de Cornas offre aujourd’hui des tannins élégants, musclés mais bien enrobés. Un style que l’on retrouve dans chacune des cuvées produites par la famille. La cuvée La Louvée est issue de vignes situées sur la côte de Cornas, juste au-dessus du village, exposées à l’est et sud-est. Elle se situe au sommet de la gamme, lorsque le millésime ne permet pas la production de la cuvée Vallon de l’Aigle. Dans le millésime 2021, elle offre une matière tannique et une densité agréable, avec un parfum un plus floral que fruité, avec une fraîcheur réglissée en finale.
94/100
90 euros

Domaine Vincent Paris, La Geynale 2022
Installé depuis 1997, Vincent Paris est le neveu d’une figure locale, Robert Michel, dont il a repris la fameuse parcelle étiquetée La Geynale, même si cette dernière est cadastrée au lieu-dit Reynard. Au pied de ce coteau, juste au-dessus du village de Cornas, la vigne, qui regarde vers le sud-est, est plantée sur un sol de granite altéré qui donne tout son sel au vin qui y est produit. Vincent a commencé à travailler les sols après plusieurs décennies d’usage de désherbants. Si la viticulture va encore progresser dans le temps, la dégustation révèle déjà toute la sève de ce grand terroir. Plantées en 1910, les vignes ont belle allure et la vinification intégralement en vendange entière apporte un supplément de corps et de fraîcheur, à l’image de ce 2022 au fruité gourmand, aux saveurs de gelée de myrtille. On aime la concentration, la densité, l’intensité, la profondeur et la persistance apportées à ce vin par les vignes centenaires.
94/100
45 euros

Domaine Alain Voge, Les Vieilles Vignes 2021
Le domaine porte encore le nom d’Alain Voge, l’homme qui lui a fait prendre le virage de la mise en bouteille à la propriété à partir de 1965 et qui en a lâché les rênes au début des années 2000. Aujourd’hui, Alain Voge n’est plus et la direction du domaine est assurée par Lionel Fraisse et Laurent Martin. Voge a marqué des générations d’amateurs en étant pionnier dans la mise en valeur des terroirs des deux villages contigus de Cornas et Saint-Péray, quand les autres stars de Cornas (Clape, Allemand, Colombo, etc.) devaient leur réputation aux seuls cornas rouges. Dans la gamme des quatre cornas, les cuvées Les Vieilles Vignes et Les Vieilles Fontaines sont au sommet. Issue du lieu-dit La Fontaine, cette dernière n’est pas produite tous les ans (2015, 2016, 2019 récemment). Ce vieilles-vignes 2021 offre un exquis fruité noir (cassis frais) et des tannins onctueux structurant une texture veloutée. Raffiné et profond, il déploie une magnifique fraîcheur finale.
95/100
54 euros

Crozes-hermitage
Domaine Les Bruyères, Les Croix 2021
Inconnu du grand public jusqu’à ce qu’il sorte de la coopération en 2003, David Reynaud a depuis fait un bon bout de chemin. L’essentiel de son vignoble est situé à l’extrémité sud de l’appellation crozes-hermitage, sur les terres sableuses et alluvionnaires de Beaumont-Monteux. Élaborés à partir de raisins égrappés, ses vins sont devenus une référence par leurs gourmands parfums de pêche de vigne, de figue et de quetsche. La belle qualité de cette matière première s’explique aussi par la mise en place de la biodynamie et d’un travail au cheval des parcelles de vieilles vignes. Obtenue à partir de vignes de plus de 60 ans vendangées à la main, cette cuvée bénéficie d’un élevage de 18 mois alternant entre barriques âgées et cuves béton. Depuis le millésime 2022, le domaine y incorpore un peu de vendanges entières. Fruité rouge et gourmand, senteurs de cassis et d’épices douces, bouche sphérique avec des tannins harmonieux et une rondeur finale, ce 2021, moins long que d’autres millésimes, donne un vrai plaisir.
91/100
34 euros

Domaine Laurent Combier, Clos des Grives 2022
Sous l’impulsion de Laurent Combier, ce domaine s’est hissé aux premières places de l’appellation crozes-hermitage. Installé dans la plaine des Châssis, il a profité de son intégration dans l’aire délimitée en 1952. Avant de se spécialiser dans la vigne, les Combier étaient arboriculteurs, comme souvent dans la Drôme à cette époque, et leurs modes de culture ont toujours respecté les préceptes de l’agriculture biologique, avant même les labels officiels. La gamme s’est élargie, aujourd’hui complétée par un négoce intelligent auprès de vignerons partageant la même sensibilité. Cuvée haut de gamme du domaine, le clos-des-grives (dans les deux couleurs) est commercialisé depuis le millésime 1990 et différentes verticales montrent le potentiel de garde permis par son terroir de galets du Rhône. Supplément de finesse et de profondeur dans ce 2022 par rapport à la cuvée domaine, avec des tannins ultra soyeux et un élevage qui apporte son élégance.
94/100
45 euros

Domaine Alain Graillot, La Guiraude 2022
Il s’agit sans doute de la première cave particulière qui a contribué à faire connaître les vins de Crozes-Hermitage en dehors de la région. Le regretté Alain Graillot s’est installé dès la vendange 1985 dans la plaine des Châssis. En prenant sa suite, ses fils Maxime et Antoine n’ont pas renié ses principes, notamment celui de vinifier les rouges avec la vendange entière. Quand le millésime le permet, ils isolent les meilleures pièces de la cave pour élaborer la cuvée La Guiraude, qui n’est donc pas issue d’une sélection parcellaire. Elle affiche toujours un supplément de profondeur et de densité par rapport au reste de la gamme, la rafle apportant un complément de muscle dans le tannin, à l’image de ce 2022 encore porté par les arômes vanillés de l’élevage et à la bouche souple, mais bien constituée. Élégant, fin et droit, doté d’une agréable persistance, il évoluera bien pendant dix ans et plus.
91/100
50 euros

Saint-joseph
Ferraton Père et Fils, Lieu-dit Bonneveau 2022
La maison Ferraton appartient depuis plus de vingt ans à Michel Chapoutier, mais continue à proposer un style qui lui est propre même si ce sont les mêmes terroirs. Celui de Bonneveau se situe sur la commune de Tournon, à 350 mètres d’altitude, ce qui apporte un peu plus de fraîcheur au raisin et permet de préserver une partie de son acidité lors de sa maturation. La vendange est ici égrappée et la vinification en cuve béton souligne la pureté de ces sols de granite. Ce 2022 est caractéristique d’une syrah bien typée, entre parfums de tige de tomate, de fruits rouges et de poivre noir pour épicer le tout. La bouche n’est pas la plus puissante ni la plus concentrée, mais l’on aime son glissant de tannins et sa finesse qui font retendre le verre. Voilà un vin rouge plus adapté aux viandes blanches et aux volailles qu’aux viandes rouges. Délié, souple et bien en place, c’est tout ce qu’on attend d’un joli saint-joseph.
91/100
32 euros

Domaine Pierre Gaillard, Clos de Cuminaille 2022
Pierre Gaillard éprouve un attachement particulier pour ce clos puisqu’il s’agit de sa première plantation lorsqu’il se met à son compte et défriche ses premières parcelles. Nous sommes en 1981, il ne vinifiera son premier millésime qu’en 1984, et à l’époque il est encore chef de culture chez Vidal-Fleury, avant de basculer chez Guigal puis de s’installer à temps plein dès 1987. Cuminaille, ce sont trois hectares de coteaux sur sable granitique à Chavanay, orientés vers l’est, ce qui évite au raisin de rôtir durant les chauds mois d’été. Contrairement à de nombreuses parcelles du secteur, où l’on plante sur échalas (ces grands piquets en bois qui permettent à la vigne de s’élever à la verticale), la vigne est ici palissée et taillée en cordon de Royat. Le soleil du millésime 2022 a permis au raisin de bien mûrir, ce qui donne des parfums puissants de violette et de pêche de vigne, un toucher onctueux et caressant et une belle finale suave et harmonieuse, moins veloutée mais plus saline que celle d’un côte-rôtie.
92/100
29 euros

Domaine Pierre Gonon, saint-joseph 2022
Peut-être le domaine le plus emblématique de toute l’appellation saint-joseph, la plus étirée du Rhône-nord. Il faut dire que Pierre et Jean Gonon n’ont pas de vignes en cornas, en hermitage ou en côte-rôtie. Ici, que du saint-joseph et une même réussite en blanc et en rouge avec des vins qui vieillissent parfaitement pendant dix, voire vingt ans. Sur leurs terroirs de Mauves, Tournon et Saint-Jean-de-Muzols, le granite du sol combiné à la différence de microclimat par rapport à Chavanay, situé 50 kilomètres plus au nord, confère à la syrah une chaleur particulière dans les parfums de fruits mûrs ainsi qu’un velouté de tannin plus élégant et moins poivré ou corsé qu’au nord de l’appellation. Ce 2022 est aujourd’hui en retenue, avec une belle concentration en bouche, des tannins très fins et une magnifique fraîcheur. Il n’est pas prêt à boire aujourd’hui et ce serait dommage de l’ouvrir trop vite. Ce vin propose une brillante interprétation de la finesse des beaux coteaux de Saint-Joseph.
95/100
132 euros

Domaine André Perret, Les Grisières 2020
Réputé pour ses deux condrieux (Clos Chanson et Coteau de Chery), le domaine propose aussi des saint-joseph tout en finesse. Contrairement à tant de domaines du secteur, les Perret n’ont jamais cherché à vinifier de vins de Côte-Rôtie, pourtant toute proche. Cette cuvée porte le nom d’une ancienne vigne de la famille, aujourd’hui disparue. Seule sa dénomination survit à travers cet assemblage de deux parcelles de vieilles vignes de plus de 70 ans situées à Chavanay (75 % provient des Rivoires et le reste, du terroir de Chanson). Les rouges de ces secteurs pourtant largement plantés en blanc se distinguent par des tannins de grande finesse. André Perret a initié en 1986 cette cuvée dont quelques millésimes manquent à l’appel (2002, 2008 ou 2021). Encore disponible à la vente, ce 2020 soyeux et caressant s’appuie sur des tannins très fins, sans doute dus à l’âge vénérable des vignes. Le fruité est gourmand, sans lourdeur, l’alcool est contenu et le boisé intégré.
93/100
Prix NC

Tardieu-Laurent, Le Goût du Lieu 2020
Michel Tardieu et Bastien, son fils, ont toujours acheté des raisins dans le nord de la vallée du Rhône. Cet adroit vinificateur-éleveur en propose régulièrement une interprétation faite de senteurs de fruits noirs et rouges et d’olive noire, avec des bouches sculptées par des tannins bien élevés, les senteurs boisées des jeunes années s’estompant rapidement. Ce saint-joseph provient du terroir particulier de Chanson, à Chavanay, un sol de granite à muscovite bien exposé au sud qui permet à la syrah de bien prendre le soleil. On apprécie dans ce 2020 une belle trame structurante et de gourmands parfums de pêche de vigne. L’élevage a juste affiné la matière tout en respectant bien les qualités natives du raisin. Les fins amers apportés par les sables granitiques lui permettront un bel accord avec le gras d’une viande rouge grillée.
91/100
70 euros

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