Fettercairn, une collection et des projets

Avec des flacons uniques destinés à des collectionneurs, la distillerie écossaise Fettercairn présente un coffret exclusif qui célèbre 200 ans de savoir-faire

Située en Écosse sur un domaine historique, Fettercairn est bien plus qu’une simple marque de whisky. La distillerie est un témoin vivant de l’histoire et de l’évolution de la législation sur la production de whisky. Son histoire remonte au début du 19e siècle, lorsqu’elle s’établit sur des terres vastes et fertiles appartenant à Sir Alexander Ramsay, un homme dont le blason familial arborait fièrement une licorne, l’animal national du pays. Une histoire séculaire que la maison célèbre cette année avec un coffret prestigieux. « Nous nous inspirons des 200 dernières années pour façonner les 200 prochaines. Les whiskies de ce coffret marquent les étapes de notre histoire et reflètent notre quête d’expressions singulières. Ils représentent l’esprit de Fettercairn dont nous sommes particulièrement fiers », explique Gregg Glass, le master whisky maker de la distillerie.

200 ans en un coffret
Pour fêter cet anniversaire comme il se doit, la distillerie a imaginé ce coffret artisanal qui rassemble six whiskies millésimés inédits (1964, 1973, 1988, 1995, 1998 et 2021). Du plus vieux flacon, âgé de 60 ans, au plus jeune, âgé de trois ans, ces single malts totalisent ensemble 200 ans d’âge et de savoir-faire. Fabriqué à partir de bois sélectionnés sur le domaine de la distillerie, le coffret a été imaginé par John Galvin dans son studio-atelier de Glasgow. Le designer, spécialisé dans l’art sculptural et la création de mobilier en bois, explore à la fois les motifs, les couleurs et les textures complexes des différentes essences ainsi que différentes techniques de fabrication.
L’armature du coffret, composé de couches de chêne, de laiton et de cuivre, s’inspire de la lumière qui perce à travers la canopée des majestueux chênes plantés autour de la distillerie. Une sorte de vision prémonitoire de la future « Fettercairn Forest », vaste projet de plantation de chênes dont le bois permettra un jour de fabriquer les barriques utilisées au vieillissement de l’eau-de-vie. Chaque bouteille affiche des teintes subtiles qui évoquent la couleur des alambics de Fettercairn, altérée par l’eau de source qui coule dans les anneaux de refroidissement, facilitant ainsi la condensation et une collecte des vapeurs les plus légères, clé du style raffiné de Fettercairn.

200 ans en six années

Fettercairn 1964
Le plus ancien de cette collection et le plus vieux whisky produit par la distillerie. C’est aussi l’année de naissance de Stewart Walker, le directeur de Fettercairn depuis 35 ans.

Fettercairn 1973
L’année marque un tournant pour la distillerie avec la construction de son chai de vieillissement. Un investissement audacieux en pleine période de récession industrielle.

Fettercairn 1988
En 1988, Fettercairn voit partir Douglas Cooper, le plus ancien directeur de la distillerie. C’est lui qui a introduit l’anneau de refroidissement en cuivre sur les alambics, conférant ainsi aux whiskies leur profil unique.

Fettercairn 1995
Le fruit du travail de Gregg Glass, master whisky maker et pionnier de Fettercairn. Il reflète son expertise dans la sélection des fûts pour créer un spiritueux d’une grande finesse en utilisant plusieurs types de fûts (classiques et rares) qui remontent aux années 1990.

Fettercairn 1998
Le reflet de ce style tropical, signature de Fettercairn, et du travail pointu de la distillerie pour obtenir des whiskies équilibrés.

Fettercairn 2021
Il y a trois ans, Fettercairn a lancé le « Scottish Oak Cask Programme », une initiative innovante dans l’univers du whisky écossais. Ce programme vise à instaurer une économie circulaire en utilisant du chêne écossais pour fabriquer les fûts de vieillissement. La plantation de la « Fettercairn Forest » représente un premier pas vers l’objectif ultime de vieillir les whiskies dans des fûts en chêne écossais plantés autour de la distillerie.

Coffret collector Fettercairn, 120 000 euros
10 exemplaires dont un seul disponible en France.


Pour aller plus loin

« Nous nous projetons
pour les 200 prochaines années »

Enfant des Highlands, Gregg Glass a commencé à travailler très jeune dans l’industrie du whisky, avant de rejoindre la maison Fettercairn en 2016 dont il est le « master whisky maker and blender », c’est-à-dire l’homme qui crée et assemble les spiritueux.
Propos recueillis par Julia Molkhou

Gregg Glass, « master whisky maker and blender ». Photo : Mathieu Garçon


Fettercairn est la deuxième distillerie la plus ancienne du pays. Elle est située dans une région que beaucoup considèrent comme « le jardin de l’Écosse », tant son climat, sa proximité avec la montagne et ses sources d’eau fraîche en font l’endroit idéal pour faire du whisky. Pourtant, la distillerie a mis du temps à s’imposer comme un acteur incontournable.

Malgré tout ce qui la rend unique, Fettercairn a pendant longtemps été une sorte de diamant brut qu’on ne parvenait pas à polir. Sa naissance aux yeux du public est en réalité très récente, de l’ordre de quatre ou cinq ans, alors que cette maison a plus de 200 ans d’histoire. L’une des particularités de Fettercairn, c’est sa tradition bien particulière lors de la fabrication du whisky. Aujourd’hui encore, c’est la seule distillerie d’Ecosse où les alambics sont équipés d’anneaux de refroidissement qui laissent couler de l’eau fraîche sur leurs cols, permettant de ne capter que les esthers les plus fins.

Vous êtes aussi en charge des cinq autres distilleries du groupe Whyte and Mackay Ltd. Mais c’est à Fettercairn que vous êtes le plus présent. On imagine que c’est toujours un moment d’excitation de voir où en sont les futurs blends et singles malt de la distillerie.
C’est mon moment préféré et c’est une surprise à chaque fois. Bien sûr, je suis parfois trop pressé et ce que je goûte n’est pas encore prêt. Mais ça me permet d’avoir en tête le whisky dont j’ai envie même s’il ne sera prêt que dans dix ans. Goûter régulièrement me permet aussi d’ajuster les choses.

En Écosse, peu d’artisans sont spécialisés dans la coupe du bois pour faire des barriques. Et les tonneliers du pays sont plus habitués à les réparer plutôt qu’à les fabriquer. Le programme que vous avez mis en place vise à changer cette situation.
Si l’orge que nous utilisons provient de 200 agriculteurs tous situés à moins de 75 kilomètres de la distillerie et que l’eau provient directement des montagnes qui l’entourent, les futs ne venaient pas du pays. Ce qui est habituel et historique pour les distilleries écossaises, qui préfèrent utiliser des barriques ayant contenu des vins de Xérès espagnols et/ou des bourbons américains.
J’ai décidé d’utiliser des chênes écossais pour fabriquer les barriques. Le projet paraissait simple au départ, mais il s’est révélé semé d’embûches. D’abord, il y a eu des problèmes liés au manque de bois. Il a donc fallu planter des arbres, ce que nous avons fait. Il faudra attendre au moins un siècle pour utiliser le bois qu’ils donneront. Cet ancrage territorial est important pour nos consommateurs. Aujourd’hui, ils veulent savoir ce qu’ils boivent et qui sont celles et ceux qui le fabriquent. C’est formidable pour nos métiers et c’est une reconnaissance de la qualité de notre travail.

Le 18 ans d’âge de Fettercairn connaît un vrai succès. C’est le premier whisky produit par la distillerie à être affiné dans des fûts neufs d’origine écossaise, construits avec du bois de la région par des tonneliers locaux.
Le chêne écossais apporte des notes inhabituelles et intéressantes à ce whisky, plus vanillées et miellées. Être « master maker and blender », c’est assembler les meilleurs éléments avec l’eau la plus pure et délicate possible, pour obtenir le meilleur whisky. C’est un équilibre entre nature and nurture, c’est-à-dire entre ce que nous donne la nature et ce que nous en faisons.

Quelles sont aujourd’hui les qualités d’un bon whisky maker ?
Enfant, j’ai beaucoup voyagé avec ma famille, notamment en France où j’ai eu la chance de découvrir le vignoble, ce qui a enrichi mon goût. Ensuite, je suis entré en apprentissage auprès de grands whisky makers, pour parfaire ma formation. La nouveauté de notre métier, c’est qu’il faut savoir communiquer. Avec ses équipes, mais aussi avec le public. Il faut être capable de lui transmettre ce qu’on a voulu exprimer dans tel ou tel whisky et lui offrir la meilleure expérience de dégustation. Enfin, il faut aussi penser au futur. En plantant ces chênes qui feront un jour des tonneaux pour les whiskies écossais, nous nous projetons pour les 200 prochaines années. Ce sont celles et ceux qui goûteront alors notre whisky qui profiteront des fruits de cette démarche.

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