Gautier Capuçon : « Mon initiation au vin, je la dois à des musiciens »

Quand il n’est pas sur scène, Gautier Capuçon aime la compagnie des belles bouteilles. Ça tombe bien, il en a plein sa cave


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Qui vous a initié au vin ?
Mon initiation, je la dois à des musiciens. Elle a commencé avec les vins du Bordelais. Saint-Émilion, Pomerol, Pauillac, j’y suis beaucoup allé dès mes 20 ans et c’est au chef d’orchestre Hans Graf et au pianiste Myung-Whun Chung que je dois mes premières dégustations. Après, j’ai découvert la Bourgogne avec deux autres grands parrains, toujours musiciens, le chef d’orchestre Charles Dutoit et le pianiste Jean-Yves Thibaudet. Sans oublier bien sûr Bernard Hervet, qui lui n’est pas musicien, mais qui est un grand homme du vin et notamment des vins de Bourgogne. J’étais dans de très bonnes mains.

Profitez-vous de votre festival Un été en France pour découvrir des vignobles ?
Je n’ai pas le temps d’aller me balader dans les vignes et de faire des dégustations dans les chais parce que nous voyageons le matin et donnons un concert le soir. Mais j’aime bien goûter les vins des régions que je traverse, comme j’aime goûter les spécialités culinaires et les produits du terroir.

Qu’est-ce qu’on trouve dans votre cave ?
La moitié des bouteilles viennent de Bordeaux. On trouve des pomerols, des pauillacs, des saint-émilion, dont quelques bouteilles de 1981 (son année de naissance, NDLR), même si ce n’est pas une très bonne année. J’ai des lynch-bages, des mouton-rothschild, quelques sauternes. Le dernier château dans lequel je suis allé, c’est à Figeac. C’est là que j’ai été intronisé au sein de l’académie des Grands vins de Bordeaux.

Et l’autre moitié ?
De Bourgogne. J’ai été intronisé chevalier du Tastevin. En rouge, j’ai des vosne-romanée du domaine Grivot, des clos-des-lambrays et des charmes-chambertin de Bichot. En blanc, des bouteilles du clos-des-mouches de Drouhin. J’ai aussi quelques grands vins du Rhône, comme des condrieux de chez Colombo ou des hermitages La Chapelle de chez Paul Jaboulet Ainé. Enfin, pas mal de champagnes et peu de vins étrangers. Pourtant j’ai goûté des vins assez formidables récemment en Californie et en Australie, à Margaret River. Et quand je suis en Allemagne, j’ai beaucoup de plaisir à boire leurs blancs.

Avec qui aimeriez-vous boire un verre ?
Tous les grands compositeurs, les grands violoncellistes que j’aurais adoré rencontrer et connaître. Si je devais n’en choisir qu’un, je dirais Antonín Dvorák, puisque je suis en pleine tournée et que je joue tous les soirs son concerto, le plus grand concerto pour violoncelle selon moi. J’adorerais un soir en sortant de scène déguster un grand vin avec lui.

Votre plus grand souvenir de dégustation ?
C’est en 2018, au domaine de la Romanée-Conti avec Aubert de Villaine. Il m’a fait goûter un bouleversant grands-échezeaux 1943. Puis il a sorti une bouteille, évidemment sans étiquette, et il m’a demandé de deviner ce que l’on était en train de boire. J’avais peur de dire une énorme bêtise. J’ai réussi à reconnaître que c’était un romanée saint-vivant. En revanche, je n’ai pas pu donner le millésime, c’était nettement trop complexe pour moi.

Votre définition d’un grand vin ?
Celui qui reste gravé dans notre mémoire sensorielle. Il est souvent lié à un moment, à des amis, à des gens qui comptent pour vous. 

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