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Retrouver cet éditorial dans En Magnum #36. Vous pouvez l’acheter en kiosque, sur notre site ici, ou sur cafeyn.co.


Les professionnels du vin ont toujours aimé opposer la logique marketing, certes tournée vers le consommateur, mais vite soupçonnée de faire perdre l’âme du vigneron, à celle du terroir, censée représenter la vérité du sol, du ciel, de la plante et des « usages constants et loyaux ». Plus constructif à notre sens serait d’associer une analyse historique de l’évolution du monde du vin à sa classique vision géographique. Avec cette double optique, on comprendra que certains vignobles sont naturellement consacrés à tel ou tel type de vin, mais que l’évolution des marchés, du goût ou des consommateurs donne, un temps, la primauté à une catégorie plutôt qu’à une autre. Les rouges tanniques ont dominé le monde au cours du dernier demi-siècle, puis sont apparus sur le devant de la scène d’autres couleurs, d’autres styles. Les prescripteurs de tout poil – nous en faisons partie – ont mis du temps à comprendre, voire à accepter, que le rosé pâle, peu vineux mais aromatique, acquérait des lettres de noblesse qu’il était vain de négliger à l’aune des notes de vernis à ongle ou de pamplemousse que certains représentants de la catégorie développaient abondamment. Le rosé est aujourd’hui une réalité de l’univers des grands vins, il faut l’observer avec justesse et intérêt. Plus fluide, plus souple, plus transparent et plus allègre, le rosé annonce à notre sens une autre évolution profonde de l’histoire contemporaine du vin que nous analysons en profondeur dans le dossier de ce numéro, celle de l’avènement du blanc. Longtemps circonscrit à certaines régions, soit fameuses depuis des siècles, soit vouées à produire des « p’tits blancs secs », le vin blanc s’universalise aujourd’hui, témoignant avec un certain panache de codes qui ont assurément changé. Les blancs qui excitent et interpellent ne sont plus des versions non colorées de vins généreux et lourdement boisés, mais sont au contraire porteurs des mêmes valeurs de fraîcheur, de parfum et de pureté que les rosés. Dans cet univers en pleine transformation, la France a plusieurs cartes à jouer, car elle est, comme pour tous les autres vins, le pays qui
possède la plus grande diversité de terroirs, de cépages et de style.

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