Trois questions à Elise Lemaire-Lanoe, la co-propriétaire de cette nouvelle cave. Son parcours nous passionne
Cet article a été publié dans En Magnum #31. Vous pouvez l’acheter en kiosque, sur notre site ici. Ou sur cafeyn.co.
Pourquoi créer une cave ?
Je suis née dans une famille de vignerons. Ma famille (famille Caslot) possède le domaine de la Chevalerie dans la Loire. J’ai fait des études de neuropsychologue. Avec le temps, je me suis rendu compte que ce n’est pas fait pour moi, même si dans ma famille on est neuropsychologue de mère en fille. Comme j’avais toujours fait un peu de restauration en parallèle de mes études, je suis retournée vers mon premier amour. J’ai longtemps travaillé dans un restaurant pas très loin d’ici dans l’espoir d’ouvrir un jour mon propre établissement ou une cave à vin. Je me suis entraînée en demandant aux clients de choisir un plat, me donner une couleur, un prix, pour leur suggérer un vin. J’ai fait ça pendant sept ans. Personne n’a été déçu de mes choix. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré mon associé, un passionné de vin avec qui j’ai ouvert cette cave juste après l’obtention d’un diplôme d’œnologie.
Comment avez-vous fait ?
J’avais déjà construit une bonne partie de ma clientèle. Essentiellement de bureau, des personnes qui travaillent dans la finance ou des professions libérales. Je voulais aussi apporter un renouveau dans le quartier avec une cave qui propose des bouteilles avec un bon rapport qualité-prix. L’endroit était une crêperie. Tout a été changé de A à Z en se posant beaucoup de questions. La déco ? L’aménagement ? Le choix des références ? Les activités à proposer ? Il s’agit de dissocier ce qu’on aime des goûts des clients et de proposer une gamme suffisamment large, à l’image de la demande. Je connaissais bien le quartier, mais je n’avais pas une idée précise des bouteilles appréciées par les clients, à part ceux qui fréquentaient le restaurant dans lequel je travaillais. Je me suis nourrie des recommandations de professionnels et j’ai fait ma propre enquête auprès des habitants et des commerçants des alentours. J’ai également fait appel à des petits agents qui mettent en avant le travail qualitatif d’une poignée de vignerons.
On trouve quoi chez vous ?
Les clients n’ont pas de région de prédilection. Ils veulent un vin pour un moment plaisir ou pour un accord gastronomique. Leurs attentes et mon amour pour mes racines m’ont finalement poussée à faire de la Loire la région fétiche de la cave. Grâce à la reconnaissance et à l’aide de ma famille, j’ai pu avoir beaucoup de vins en direct des producteurs. Ce focus sur la Loire est complété par une petite sélection de la vallée du Rhône, du Languedoc-Roussillon, de la Bourgogne, de Bordeaux et du Beaujolais avec, par exemple, le domaine de Mont Joly. Une bouteille vendue à 15 euros. Un vin très bien fait, joliment vinifié, à un prix intéressant. Une aromatique sur des fruits frais, sans acidité, tout ce qu’on attend d’un gamay. Il est représentatif des vins que je veux, que je peux vendre. Nous avons au total 450 références françaises, spiritueux compris. Quelques vignerons stars comme Jean-Louis Chave dans le Rhône donnent un coup d’éclat à l’ensemble.
Les prix ?
Il y a deux genres de budget. Celui des professionnels oscille entre 20 et 50 euros pour une bouteille alors que les habitants du quartier cherchent des références entre 10 et 20 euros.
D’autres activités ?
Nous avons la chance d’être dans un quartier avec d’excellents métiers de bouche. Un fromager-affineur, un traiteur italien, un primeur, une boulangerie, etc. Nous avons donc conçu un petit espace cosy avec des couleurs chaudes et une dizaine de tables, à l’image d’un bistrot. Les clients ont la possibilité de manger sur place et de se laisser guider pour le vin. Cet espace peut aussi être privatisé.
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Le + : Des pépites de la Loire, un accueil chaleureux.
Le choix de la caviste : L’anjou blanc Pavillon 2019, de Terra Vita Vinum, 38 euros.
« Un chenin précis, droit, linéaire, minéral. »
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6, rue Corvetto
01 40 17 08 93