Portée par un volume généreux mis aux enchères, la 62e vente des Hospices de Nuits enregistre une hausse de 45 % de son chiffre d’affaires. Une confirmation du retour en grâce de l’événement et aussi de la qualité du millésime 2022, par Laurent Gotti
Beaune n’a pas le monopole des records. Après un gros trou d’air, la traditionnelle vente des Hospices de Nuits a affiché une progression de son chiffre d’affaires de 45 %, dimanche 12 mars au clos de Vougeot. Un chiffre en hausse de près de 2,5 à 3,6 millions d’euros d’une édition à l’autre, porté par une récolte de grande qualité généreuse en volume. La période de morosité, qui avait atteint son paroxysme en 2019, parait loin. Le prix moyen des vins est en très légère baisse (-0,73 %) par rapport à l’an dernier. Au catalogue de la vente cette année, 160 pièces (NDLR, une pièce équivaut à un fût de 228 litres), essentiellement des premiers crus de Nuits-Saint-Georges dans le millésime 2022. La pièce mise en vente au profit d’une association caritative, Les Blouses Roses, a été adjugée 64 580 euros, nouveau record également. Une belle revanche pour les Hospices de Nuits dans la mesure où certaines pièces n’avaient pas trouvé acquéreur il y a quatre ans, ce qui confirme aussi de l’attrait pour le millésime 2022. Parmi les principaux acheteurs, on retrouve les noms bien connus de l’événement beaunois, Albert Bichot en tête. Mais aussi des acteurs plus locaux comme la maison Dufouleur Frères, Faiveley, Henri Gouges, Hubert Lignier, Thibault Liger-Belair. Dans cette liste de locaux décidés à accompagner le dynamisme retrouvé, la maison Edouard Delaunay a acquis dimanche une dizaine de pièces, dont l’une en provenance du premier cru sur le climat Les Didiers, monopole des Hospices de Nuits,
Retour aux sources pour Delaunay
« Nous avons de très bonnes relations avec les Hospices de Nuits. Le régisseur, Jean-Marc Moron, nous a préparé des échantillons pour des clients étrangers qui ne pouvaient pas se déplacer » souligne Laurent Delaunay, à la tête de la maison du même nom. Autres raisons du renouveau, la démocratisation de la vente (avec la possibilité de n’acheter qu’une pièce dans un lot) mais aussi une plus grande communication à l’internationale, via le web. La maison Edouard Delaunay propose à ses clients de mutualiser leurs achats. Certains particuliers peuvent acquérir seulement 24 bouteilles, tout en bénéficiant d’un étiquetage nominatif à l’issue de l’élevage. Une sorte de retour aux sources pour la maison, elle-même en plein renouveau après sa reprise par Laurent Delaunay en 2017 (NDLR, la famille avait dû vendre au début des années 1990). « Entre les années 1940 et 1950, avant même la tenue des enchères, il est arrivé que la maison achète la totalité de la récolte. La transaction se faisait alors de gré à gré. Nous conservons d’ailleurs une collection de vieux millésimes dans nos caves, les plus vieux datent de 1937 ». Ce partenariat est peut-être reparti pour de longues décennies.