Oreilles tirées ou tapes dans le dos ? Chaque jeudi, le billet de Nicolas de Rouyn. Cette semaine, le plaisir lui fait tourner la tête sans faire grimper les prix
Quiconque dispose d’un budget normal s’agace un peu de l’envolée des prix des vins, les champagnes en ouvreurs de piste noire quoique rattrapés et dépassés par une foule de compétiteurs no-limit. Pour autant, personne n’est disposé à tomber dans les rets des rayons d’une certaine grande distribution et de ses vins affligeants à 1,99 euro.
C’est pour prouver qu’il existe une troisième voie que Bettane+Desseauve organise depuis onze années le concours Prix Plaisir. Le principe est désarmant de simplicité et de transparence. Ne peuvent concourir que les vins tranquilles et les crémants à moins de 18 euros et les champagnes à moins de 30 euros. Chaque année, entre 1 000 et 1 500 vins s’alignent au départ. Moins de la moitié seront distingués par nos jurys de consommateurs. Qui sont ces consommateurs ? Un beau contingent d’un peu plus de cent amateurs choisis parmi ceux qui ont fait acte de candidature sur le site enmagnum.com et reçus par nos experts. Ensemble, experts et amateurs, ils passent trois jours à tout goûter. Nos experts n’interviennent que pour éviter de petits naufrages qui écarteraient indûment tel vin mal compris ou, au contraire, encenseraient tel autre mal foutu. Ces jurys distribuent des médailles d’or, d’argent, de bronze que les producteurs apposeront sur le col de leurs bouteilles, une chance de plus de convaincre le chaland des rayons.
Il se trouve que je suis tombé sur une bouteille de champagne médaillée Or à ce concours Prix Plaisir. Un champagne signé André Fays dont je n’avais jamais entendu parler. 15,76 euros la quille, l’aubaine du siècle. Et c’est bon, très bon même. Une rectitude bienvenue, des arômes et une structure bien en place, une belle persistance, le rapport qualité-prix-plaisir au top. Bravo.