Avec Anthony Barton, qui vient de nous quitter dans sa quatre-vingt-douzième année, c’est tout une époque à la fois héroïque, raffinée et flamboyante des vins de Bordeaux qui disparaît. Descendant de l’illustre lignée des Barton, marchands irlandais devenus négociants à Bordeaux dès le XVIIIe siècle et propriétaires de deux crus majeurs de Saint-Julien – Langoa et puis une part du domaine de Léoville qui deviendra vite Léoville-Barton, respectivement en 1821 et 1826 –, Anthony Barton a connu le parcours des jeunes gens bien nés de ce pays : étude en Irlande puis en Angleterre, avant de faire carrière dans le négoce familial avant de succéder à son oncle Ronald à la tête des deux propriétés en 1983. Avec beaucoup de finesse mais aussi d’opiniâtreté, il fit de ces crus d’absolues valeurs sûres, d’une régularité au plus haut niveau effectivement sans faille depuis cette date. Toujours tiré à quatre épingles, d’une modestie jamais prise en défaut, il racontait volontiers les grands moments comme les plus difficiles d’une carrière exemplaire dans un français parfait toujours teinté d’un délicieux accent british qui ne l’a jamais quitté.
J’avais eu la chance, il y a quelques années, de recueillir quelques-uns des souvenirs de ce gentleman attachant, chez lui, à Léoville, dans ce Médoc où il s’était installé et qu’il aimait tant. On peut retrouver ces échanges ici :
À sa fille Lilian, à son gendre Michel Sartorius et à ses petits-enfants Mélanie et Damien qui poursuivent aujourd’hui avec une belle énergie l’œuvre familiale, nous adressons nos plus sincères condoléances.