Non, ce n’est pas d’alcoolisme ou de soirées « festives » (ce mot atroce) dont il s’agit. L’alcoolisme est une maladie ; l’ivresse, un état. Un léger dérèglement des sens qui permet de franchir d’un pas alerte les portes de la perception, comme nous le promettait Jim Morrison, en regardant ailleurs, autre chose. Voilà à quoi nous nous sommes attachés dans ce numéro avec la contribution lumineuse d’esprits bien tournés. C’est Julia Molkhou et son talent qui interviewent Raphaël Enthoven et lui tire l’ivresse dans le meilleur sens. C’est Laurence Zigliara, chercheuse universitaire brillante, qui interroge l’histoire de l’humanité. C’est Michel Bettane qui lit et relit les grands vins pour son plus grand plaisir et le nôtre. Gilles Durand-Daguin a ouvert des livres et nous en présente une recension singulièrement brillante. Thierry Desseauve lui-même apporte sa pierre à cet édifice dont on peut être fier. Et parce que nous ne négligeons rien, jamais, Louis-Victor Charvet a rencontré la directrice de Vin et Société. Ensemble, ils ont tenté de détricoter le mythe de l’alcoolisme pinardier, de séparer le vin de l’alcool. Le sujet ne se laisse pas faire.
Tous, ils sont avec nous pour donner du sens à notre penchant marqué pour les grands vins, les vins fins, les vins de lieux. Pour célébrer l’élégance, le goût, la beauté, se laisser emporter sur les rivages enchantés de cette ivresse-là. Loin des débordements, des excès, des anathèmes et des querelles obsessionnelles des tenants d’un hygiénisme qui l’est bien peu.
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