Soyons clairs. La dégustation des crus bourgeois procure une grande satisfaction. Parce qu’elle réunit à la même table toutes les appellations du médoc, elle nous apprend que le Médoc change mais ne se renie pas, pour notre plus grand plaisir et celui des amateurs.
Bordeaux nouveau
Avant de rendre compte de l’intégralité de cette dégustation, j’ai choisi quarante crus qui ont semblé se démarquer de l’ensemble et qui montrent la voie d’un bordeaux nouveau, charmeur et séducteur sans rien renier de sa structure, de sa puissance tannique, de son intensité colorante et de ses aptitudes à la garde.
Les fondamentaux du médoc
Les crus que j’ai préférés proposent aujourd’hui des vins typiquement médocains au fruit parfaitement mûr, emmené par des touchers de bouche magnifiques et crémeux, amples et suaves. Beaucoup réjouissent par des finales toniques, aériennes et par une gestion du bois remarquable et intelligente.
Certains continuent de faire des vins qui ne plairont peut-être pas au goût des nouveaux consommateurs mais qui, avec le temps, développeront leur charme.
D’autres, assez rares, continuent d’extraire de manière excessive des matières pourtant excellentes jusqu’à fatiguer les vins, les rendre durs voire indigestes. Il faudra les revoir en bouteille.
Malgré ses désaccords, malgré ses différences, la grande famille des bourgeois réunit des propriétés qui ont le même objectif pour leurs vins : donner du plaisir à qui les dégustera demain. Après tout, c’est l’essentiel.
L’exercice de Louis-Victor
Sur l’ensemble des propriétés du classement établi au début de l’année, 180 avaient joué le jeu. Deux jours durant, ils ont été dégustés à l’aveugle et par appellation. Ces crus ont parfois été dégustés par d’autres experts Bettane+Desseauve et pour cette raison, vous trouverez un commentaire parfois différent sur l’appli Le Grand Tasting. Ceux-là ont été dégustés par Louis-Victor Charvet.
Crus bourgeois, mes préférés
Château Bellegrave du Poujeau, haut-médoc
Dans un registre accessible, fruité immédiat, excellente construction pour ce vin qui prend de l’ampleur en milieu de bouche. Tannins polis et sans dureté. Bien fait.
Château Bernadotte, haut-médoc
Joli crémeux, bon corps, de la tonicité dans le fruit. On remarque l’excellent maintien tannique du vin et son aptitude certaine à une belle garde. Notes réglissées en finale.
Château Le Crock, saint-estèphe
Peut-être le plus noble de saint-estèphe lors de cette dégustation et le plus apte à une très grande garde. Balance aujourd’hui entre les petits fruits rouges, la rose et le cèdre. Superbe.
Château Doyac, haut-médoc
Fruit large fruit en bouche, dense, puissant et intense. Très conforme à ce qu’on peut attendre d’un haut-médoc avec ce toucher de bouche soyeux et civilisé.
Château Laffitte-Carcasset, saint-estèphe
Dimension saline qui vient dès le milieu de bouche donner une énergie et un supplément de longueur à un fruit ample et charnu. Grand potentiel.
Château Lamothe-Bergeron, haut-médoc
Remarquable travail d’extraction pour des tannins fins et délicats. Beaucoup d’amplitude et de la longueur, c’est très gourmand.
Château Larose-Trintaudon, haut-médoc
Excellent fruit lumineux et étiré, des jolies notes d’épices viennent donner du relief, tannins solides. Assez classique et irréprochable.
Château Les Anguilleys, médoc
Légèrement sur le cèdre, avec des notes de fruits noirs et ce léger retour mentholé et réglissé dans la finale. Nez classique mais sans austérité en bouche. Beau médoc de garde.
Château Malescasse, haut-médoc
Remarquablement élégant par son joli nez expressif et floral. Attaque crémeuse en bouche, bon soyeux de tannins. Il charme par ses notes poivrées dans la finale. Joli vin.
Château de Malleret, haut-médoc
Beau nez de cèdre avec de fines notes de havane, assez distingué er sérieux au nez. On prend beaucoup de plaisir en bouche avec sa matière juteuse et sanguine et son tannin énergique.
Château du Moulin Rouge, haut-médoc
D’intenses notes de fruits rouges acidulés, bien tenu en bouche par des tannins fins et serrés d’excellente facture. Il évoluera très bien.
Château Ramafort, médoc
Bien structuré, de la finesse dans le tannin, bien fait. Typiquement médocain et qui évoluera vers un registre plus floral.
Château Reverdi, listrac-médoc
Se démarque par beaucoup d’énergie et de dynamisme dès l’attaque sur les petits fruits rouges jusqu’à la finale salivante. Ce petit supplément de vitalité le rend très digeste.
Château La Tour de Mons, médoc
Epices, réglisse, poivre, il faut féliciter le vigneron pour son travail d’extraction qui permet de garder un tannin dense, serré et une grande expression du fruit. Belle réussite.
Château Tour de Pez, saint-estèphe
Assez noble avec son parfum séveux et ses arômes fins de petits fruits rouges, Beau tannin dense et civilisé. Un vine avec une belle harmonie.
Château La Valière, médoc
Grand corps, grand volume en bouche bien redressé d’abord par une attaque nette et un toucher de bouche tonique puis par une finale racée. Beaucoup de plaisir.