Le Covid, indirectement, aura abrégé les jours d’un des plus remarquables vinificateurs du Bordelais, Denis Durantou. Esthète associant confiance dans la science et la technique à condition d’avoir une vision du grand vin et doté d’une sensibilité hors norme vis à vis des équilibres et des saveurs liés au millésime et au terroir, il a accumulé une série admirable de réussites dans sa propriété de Pomerol Château l’Église-Clinet.
Une partie de son savoir provenait des conseils de son mentor, Pierre Lasserre. Celui-ci possédait un vignoble réputé à Pomerol, Clos-René, et avait l’Église Clinet en fermage avant de le transmettre à Denis Durantou. Il avait aussi participé, je crois, à la vinification de millésimes mythiques de Cheval Blanc comme 1947. Son sens des équilibres de maturité du raisin a beaucoup inspiré son élève.
Denis avait en propre un don unique de dégustation, lié à un grand sens du commerce et de la communication qui en faisait un viticulteur et un négociant complet. J’avais pour l’homme une admiration et une affection qui me font amèrement regretter l’espacement de nos rencontres depuis quelques années. Ses grands vins serviront avec éloquence sa mémoire. Toute notre équipe transmet à Marie, son épouse, peintre remarquable, notre immense tristesse.