Michel Bettane dévoile son point de vue sur le Dry January, littéralement le mois sobre, lancé en 2014 au Royaume-Uni et qui consiste à ne pas boire une goutte d’alcool pendant un mois.
Je préfère largement l’adjectif dry quand il qualifie un humour corrosif à l’anglaise plutôt qu’un mois de janvier sans alcool. Nous y avons échappé de peu, mais je crains que ce ne soit que partie remise. Ce retour en force de la prohibition sous le masque de la défense de la santé publique est, hélas, un signe majeur du trouble de notre époque. Confusion des valeurs et mensonges dans les mots. Gouverner, rappelons-le aux pouvoirs publics, c’est trancher entre les intérêts particuliers au bénéfice de l’intérêt général et ne surtout pas habiller les premiers dans les costumes du second.
Le vin, de qualité s’entend, première victime visée et potentielle de ce que serait la chose, est un produit de haute civilisation, chanté et révéré comme tel par deux millénaires au moins de traditions gréco-romaine et judéo-chrétienne réunies. Cela devrait faire taire les adorateurs du médicament. Que nenni. Ils repartent chaque année de plus belle, se cachant derrière le principe de précaution, si malheureusement inscrit dans notre constitution par un Président qui ne le pratiquait guère dans sa vie privée, mais couramment dans son action publique. Principe de gangrène dans la société quand il n’est pas accompagné de son contre poison, le principe de responsabilité pourtant tout autant inscrit dans notre droit.
Tout être majeur est tenu en principe pour responsable de ses actes devant la loi, sauf comme par hasard quand la médecine s’en mêle, on voit à certains faits divers récents à quoi cela peut conduire. L’addiction ne relève pas uniquement de la médecine, mais de la morale du comportement et, donc, du droit public. Il ne faudrait pas faire croire que la molécule d’alcool est le seul coupable. Les faiblesses humaines le sont tout autant et on les soigne mieux par l’éducation que par le médicament. Cela doit sans doute coûter trop cher quand les caisses de l’État sont vides.
Les gribouilles politiques préfèrent donc ne pas voir les méfaits à moyen et long terme de la panurgisation du cheptel et n’hésitent pas à mentir pour arriver à faire de petites économies. Le principal de ces mensonges est la manipulation volontaire de statistiques. Par exemple, faire croire que le Français avale davantage de litres d’alcool par an que ses proches voisins en lui faisant boire chaque bouteille vendue ou consommée en France par les millions de touristes que nous accueillons. Un crétin finira toujours par coûter plus cher à la société qu’un citoyen bien éduqué.