Préoccupé par le dépérissement prématuré des vignobles et un environnement défavorable à une viticulture pérenne, le pépiniériste Lilian Bérillon vient de franchir un grand pas en se portant acquéreur d’une propriété de plus de 80 hectares à Villeneuve-lès-Avignon. Outre le fait de montrer l’exemple (Lilian et ses équipes n’ont de cesse de tirer la sonnette d’alarme face à la perte de la biodiversité et considèrent urgent que « les vignerons investissent massivement dans leurs vignobles pour y installer une viticulture durable »), il se dote de l’indépendance indispensable pour livrer aux vignerons un plant d’excellence : « Dans le modèle de pépinière viticole que j’ai mis en place dès 2003, il manquait encore une pièce à mon puzzle : l’autonomie totale. Je souhaite arriver à produire l’intégralité de nos besoins en matière première (greffons et porte-greffes) afin d’atteindre une autonomie complète tout en assurant une traçabilité exemplaire sur la création de nos plants greffés-soudés et racinés. C’est du jamais vu dans une filière où le négoce de plants occupe encore une part importante des transactions. »
Un écrin pour répondre à la viticulture de demain
Sur ces 80 hectares de terres situés sur une une île, environnement protégé qui n’a jamais vu un plant de vigne, des parcelles de porte-greffes palissées et des conservatoires de sélections massales, riches de diversité et dans un état sanitaire exceptionnel, seront implantés dès l’année prochaine. La bâtisse du XVIe siècle abritera quant à elle les nombreux ateliers nécessaires à la création des plants. « Nous disposons désormais d’un écrin à la hauteur de nos très grandes ambitions pour continuer à garantir la livraison d’un matériel végétal exceptionnel au plus grand nombre de viticulteurs. Nous nous apprêtons à écrire une autre page de l’histoire de la pépinière viticole », se réjouit Lilian Bérillon. Outre le projet de faire de ce site exceptionnel un outil de travail unique pour répondre aux besoins et aux efforts du vignoble et les accompagner durablement, l’investissement réalisé par la pépinière permettra aussi de servir de vitrine à ce métier peu connu. Une expérience autour du végétal est d’ores et déjà au programme et des activités annexes devraient vite s’ajouter à ce dispositif événementiel.
A propos de Lilian Bérillon
Une production dont l’intégralité est greffée en fente et traitée à l’eau chaude et un cahier des charges qui va au-delà des exigences règlementaires, voilà qui pourrait résumer la démarche de ce pépiniériste passionné et engagé. La liste des exigences de son protocole est longue (vignes-mère de porte-greffes palissées, tout en bio et biodynamie, aucun négoce de plants) et le positionnement combatif, l’urgence sanitaire n’étant pas forcément comprise par tous. Souvent présent lors de dégustations, « pour prendre la dimension de ce que le vigneron souhaite exprimer à partir de son matériel végétal », c’est la finalité de son travail, le pépiniériste considère son savoir-faire comme la partie cachée de l’iceberg du monde de la viticulture et estime nécessaire d’ouvrir les portes de ce métier au plus grand nombre.