Dire que le compétition fut rude est un euphémisme. Lors du Concours du Meilleur sommelier du monde, tout est fait pour maintenir les candidats dans un état de stress que le commun des mortels aurait du mal à supporter. Sur 66 candidats qualifiés, dont six femmes, 19 ont accédé à la demi-finale qui avait lieu le mercredi 13 mars. Ceux-là ont dû attendre le vendredi 15 mars, jour de la finale, pour savoir s’ils y étaient, justement, en finale. En début d’après-midi, dans l’auditorium d’Elisabeth Hall à Anvers, devant une salle remplie par les supporters des différents candidats, le président de l’ASI (Association de la Sommellerie Internationale), Andrès Rosberg, a fait monter les 19 candidats sur scène. Être appelé sonnait le glas de l’aventure.
Aucun Français en finale
Quelle ne fut pas la déception des Français quand le nom de David Biraud fut prononcé. La brillante Julia Scavo, les Français Julie Dupouy et Antoine Lehebel, qui concourraient l’une pour l’Irlande, l’autre pour la Belgique, étaient éliminés également. Les qualifiés étaient Raimonds Tomson (Lettonie), la surprenante Nina H. Jensen (Danemark) et le chouchou de ceux qui avaient assisté aux épreuves de la semaine, Marc Almert (Allemagne) qui allait finalement l’emporter. L’émotion fut aussi palpable lors de l’hommage rendu à Gérard Basset, meilleur sommelier du monde 2010, en présence de tous les précédents lauréats et de sa famille. Son fils, Romanée (ça ne s’invente pas) était extrêmement ému. Mais pas le temps de souffler, c’était l’heure de la finale.
Le moment où le plateau tombe par terre
La première à passer fut Nina Jensen. Sûre d’elle, elle a dû faire face à un accident classique de restaurant quand une technicienne l’a bousculé et renversé son plateau. C’est là qu’on pouvait mesurer l’état de tension de la candidate, contrainte de quitter la scène quelques instants pour se calmer et terminer les épreuves : service, analyse sensorielle, identifier des vins à l’aveugle, les accommoder avec un plat, classer les cépages de vins imposés, identifier dix boissons (en 3 mn) et enfin servir 16 verres sans revenir en arrière. Raimonds Tomson s’acquitta de ces tâches avec sérieux et assurance. C’est semble-t-il la fraîcheur et la spontanéité du jeune Marc Almert, alliées à une performance impeccable, qui ont emporté l’adhésion du jury.
Titre suprême
Marc Almert est le deuxième Allemand à remporter le titre suprême de meilleur sommelier du monde et surtout plus jeune lauréat devant Enrico Bernardo, qui avait 28 ans lorsqu’il arracha le titre mondial en 2004. Sommelier au Baur au Lac à Zurich, il avait déjà emporté les titres de Sommelier international Gaggenau 2016, de Sommelier international Vins d’Afrique du Sud 2016, et de Meilleur jeune sommelier Chaine des rôtisseurs Allemagne 2015. Le voilà, à 27 ans, sur le toit du monde de son métier.