Dans le cadre du Grand Tasting qui se tiendra au Carrousel du Louvre (Paris) vendredi et samedi, l’amateur pourra se faire expliquer précisément par les équipes du domaine la façon dont les 300 hectares du vignoble libanais de Château Kefraya sont cultivés. Rangs enherbés, présence d’oliviers et autres espèces méditerranéennes entre les parcelles, talus plantés pour éviter l’érosion des sols, bêchage à la main, interdiction des herbicides, cette terre millénaire est conduite de façon aussi précise que respectueuse. L’œnologue de la propriété, Fabrice Guiberteau, s’émerveille des spécifités de ce lieu : « Ici, tout est extraordinaire. Nous sommes sur la faille tectonique de Yammouneh, une cassure vieille de plusieurs millions d’années et donnant lieu à une diversité énorme de micro terroirs. Nos vignes sont plantées sur le plateau de la Bekaa à plus de mille mètres d’altitude, le climat y est idéal. En été, les journées sont chaudes à près de 30°, avec des nuits à 18°, une amplitude thermique parfaite pour la maturation des raisins. Un vent ventile tout au long de l’année les vignes, les protégeant de l’humidité et des maladies. La plupart des maladies comme le mildiou, le black-rot n’existent même pas. »
En matière d’élevage du vin, la propriété a décidé de renouer avec une une très ancienne tradition, celle de l’amphore. Cette invention phénicienne qui a permis « de transporter les liquides dans des jarres en argile plutôt que dans des tonneaux, alors que la région était en proie à un déboisement » a évidemment été modernisée et c’est dans des amphores faites d’argile hautement sélectionnées et cuites à très hautes températures, résultats de longues recherches, que Kefraya entreprend une fermentation qui donnera le jour à une production d’environ 5 000 bouteilles. Extrêmement fragiles, ces amphores exigent un maniement délicat, en termes de réglage mais aussi d’étanchéité. Fabrice Guiberteau a décidé de se limiter à l’élevage et de ne rien ajouter au vin, qui vieillira pendant une période encore indéfinie, seule la dégustation pouvant déterminer la suite. Selon ses prévisions, la couleur du vin ne devrait pas changer, mais sa structure sera plus fondue : « Cela va apporter une signature particulière. Un vin qui n’est pas marqué par le goût du bois est forcément plus rond, plus intense et sauvage, moins apprivoisable. »