Avant son coup de cœur en 2013 pour le domaine viticole californien dont elle présente ces jours-ci les toutes premières cuvées, Béatrice Cointreau a acquis son savoir-faire en France. Diplômée de l’institut d’œnologie de Bordeaux, elle débute à 24 ans auprès de la maison de Cognac Frapin, qu’elle dirigera ensuite durant 23 ans avant de se charger de Champagne Gosset, maison dont la production est passée de 350 000 à un million de bouteilles sous sa direction. Chevalier de l’ordre du Mérite agricole et de la Légion d’honneur, l’arrière-petite-fille du créateur de la liqueur Cointreau est également membre de l’Académie du vin et auteur. Outre le travail mené sur son blog, elle a publié différents ouvrages parmi lesquels Le Paradoxe du vin bio, sorti en France en avril 2014 et tout juste paru aux Etats-Unis. A Malibu, Béatrice Cointreau gère les trois hectares du domaine Admirable Family Vineyards avec son fils Alexandre, en charge de la commercialisation des vins, qui l’a rejoint il y a un an.
Planté de chardonnay, syrah et viognier* face à la mer et de cabernet, merlot et petit verdot côté vallée, ce vignoble est situé à Kanan Dume, au cœur des 80 hectares de l’appellation Malibu Coast AVA (American Viticultural Area) officialisée en 2014. Béatrice Cointreau s’est beaucoup investie pour cette reconnaissance des qualités d’un terroir longtemps éclipsé selon elle par « l’image glamour, sea, surf and sun » de Malibu. Elle prédit que les vins de cette appellation dont les origines viticoles remontent au début du XIXe siècle seront bientôt aussi réputés que ceux issus des vallées de la Napa et de la Sonoma et compare l’endroit à la Provence, les montagnes de Santa Monica en lieu et place du massif des Maures : « Les deux régions font face à la mer. Le sol et le sous-sol sont similaires. La vigne se développe bien car ses racines peu gourmandes en eau s’enfoncent profondément dans le sol pour trouver des nutriments. (…) Nous n’avons pratiquement pas d’hiver non plus, ou alors ceux-ci sont très doux. »
Protégées durant les périodes chaudes par les brises venues de l’océan, les vignes restent en pleine activité végétative, le brouillard et les nuits fraîches évitant la déshydratation des plants. Sous ce climat et sur la base de principes vinicoles et de pratiques familiales solides (illustrées par le dicton « le grand-père plante les vignes, son fils fait le vin, son petit-fils saura pourquoi »), les vignes sont menées selon les règles de la viticulture bio. Un respect pour le terroir et sa transmission d’ores et déjà relayé par Alexandre Cointreau qui explique que, pour jeune, héroïque et pionnière qu’elle soit, la viticulture de la maison est « guidée par les connaissances acquises au fil des siècles. » Ainsi, la restauration de vignes abandonnées va de pair avec les défis posés par de nouvelles situations qui exigent « des choix clairs et précis (…), la qualité reposant sur les détails : choix du porte-greffe, taille Guyot, exploitation équilibrée et durable des plants et soin méticuleux du vignoble. » Les trois cuvées ci-après sont là pour en témoigner.
*Béatrice Cointreau rappelle qu’au milieu des années 80, il ne restait que 32 hectares de viognier dans le monde, presque tous à Condrieu, et constate que ce cépage se plaît beaucoup à Malibu « grâce à sa brume matinale, au brouillard de ses nuits fraîches et à sa brise océanique rafraîchissante. »