2014, plus rive gauche que rive droite

On s’est désormais habitué à des années climatiquement hétérodoxes : dans ce registre, 2014 n’échappe pas à cette règle débutée avec notre décennie. Si le printemps fut beau et le mois de juillet pas exceptionnel mais satisfaisant, c’est cette fois le mois d’août qui désespéra les vignerons. Triste comme un été sans lumière, parfois pluvieux, jamais très chaud, il fit prendre à la vigne un retard de maturité qui n’annonçait rien de folichon. Mais, là aussi, on connait maintenant des mois de septembre ouvrant en Gironde un été indien. Celui-ci fut exceptionnel : chaud, ensoleillé, avec juste ce qu’il faut d’ondées permettant à la vigne de reprendre ses forces, et remarquablement long puisque la première moitié du mois d’octobre fut encore plus chaude et lumineuse que la quinzaine d’avant. Les cépages bordelais, merlot mais surtout les tardifs cabernet franc (à Saint-Emilion et Pomerol) et cabernet sauvignon (en Médoc et dans les Graves) ont pu atteindre leur parfaite maturité en sucre comme en tanin. Dans une telle configuration, ce sont les grands terroirs médocains, aidés par des cabernets sauvignons qu’on n’a pas goûté aussi bien depuis le millésime 2010, qui imposent leur intensité, leur maturité et leur profondeur. Les grands mais aussi bon nombre de « classiques » de Margaux, Saint-Julien, Pauillac et Saint-Estèphe tirent superbement leur épingle du jeu : ce seront des vins de grande garde. Leur profil peut rappeler 2005 : de la puissance, de l’énergie et surtout beaucoup de fond. Bref, des vins que l’on peut longuement oublier en cave pour fêter plus tard de grands moments. Le paysage est plus disparate sur la rive droite, où les tanins de beaucoup de crus notamment à Saint-Emilion sont apparus revêches. Les meilleurs ont su ne pas trop extraire pour produire de jolis vins fins et veloutés.
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