Certainement un des secteurs les plus qualitatifs du Bordelais dans le millésime. Le secteur nord, à partir de Saint-Julien a eu un peu plus de chance avec une meilleure régulation de la pluviométrie et une maturité plus régulière et plus aboutie du cabernet-sauvignon, avec moins d’échaudage et de dessiccation brutale du raisin que dans les secteurs plus au sud. Quelques vins du Haut-Médoc ont encore conservé des tannins un peu austères, les saint-julien ont un fruit mieux dégagé et des tanins mieux intégrés. Les meilleurs d’entre eux sont brillants. Léoville-las-cases et ducru-beaucaillou (ce ne sera une surprise pour personne) ont même des arguments solides pour prétendre au titre de meilleur vin du millésime, chacun dans son style.
Les pauillacs sont encore plus homogènes avec un presque sans faute chez les crus classés. Certains ont fait le vin le plus distingué de leurs dix dernières années (2009 et 2010 compris) comme à Pontet-Canet (merveilleux dès sa naissance, mais qu’il faudra savoir élever pour préserver son génie aromatique et sa texture de rêve), à Grand-Puy-Ducasse ou Haut-Bages-Libéral. Les grands classiques, premiers, seconds ou cinquième crus n’égalent naturellement pas 2009 ou 2010, mais ont fait le vin qu’on attend d’eux, dense, racé avec une générosité unique dans ce millésime.
Saint-Estèphe n’est pas en reste avec quelques colosses dont le retour de cos-d’estournel au plus authentique style médocain. Pour calon, montrose ou latour il faudra attendre demain.