Monbazillac et pas Sauternes ?

Pour faire une suite au débat ouvert sur l’idée portée par trois producteurs majeurs de l’appellation Sauternes qui consiste à mettre du Perrier dans le sauternes pour séduire une population qui serait avide d’émotions nouvelles, je me suis intéressé à d’autres vins issus de raisins botrytisés, les monbazillacs. C’est une comparaison valide dans la mesure où le voisinage géographique la permet.
Et voilà que la lettre d’information professionnelle VSB publie les chiffres de la coopérative de Monbazillac. D’intéressant, le débat passe au passionnant. Qu’apprend-on ?
Ceci :
« Les ventes en bouteilles ont atteint 1 460 000 cols, dont 1 230 000 en monbazillac. »
Bref, les coopérateurs sont ravis, ils engagent des travaux d’extension de leur cuverie, l’appellation va bien, le monbazillac se vend. La seule coop doit vendre à peu près autant de bouteilles que tout Sauternes et Barsac réunis.

Quelle est la différence entre un monbazillac et un sauternes ?

1. L’assemblage. Un peu de muscadelle accompagne le sémillon et le sauvignon, ce qui vaut au monbazillac une structure aromatique un poil différente de celle du sauternes.
2. La gloire. Un sauternes, c’est plus chic qu’un monbazillac. C’est plus cher aussi.
Pour le reste, l’exigence de l’appellation est à peu près la même qu’à Sauternes. Recherche d’une botrytisation poussée des raisins, vendanges manuelles en plusieurs tries, rendements très bas. Ce qui signifie une production aussi coûteuse et difficile qu’à Sauternes. Le tournant stylistique qui rapproche les monbazillacs des sauternes a été pris au milieu des années 90, une fois actée l’interdiction des vendanges mécaniques en 1993.

Alors, quoi ?
Si l’on en croit les grands amateurs, un sauternes, c’est bien meilleur qu’un monbazillac. Pourtant quelques producteurs (Tirecul-La Gravière, Vari) sortent des cuvées « prestige » à plus de 60 euros les 50 centilitres quand leurs cuvées plus classiques trouvent un marché entre 18 et 30 euros. On est là dans les prix du peloton sauternais.

Pourquoi le monbazillac marche et pas le sauternes ?
J’ai posé la question à Bernard Magrez, nouvel arrivant à Sauternes avec son Clos Haut-Peyraguey. Il met 30 000 bouteilles en marché sous deux étiquettes et assure les vendre sans difficulté via ses forces de vente. Même si c’est un bulldozer, Magrez ne peut obliger personne à boire ses vins. Alors, si le goût ne semble pas un problème, le genre (sucré) non plus et le prix pas davantage, que se passe-t-il avec les propriétés qui n’y arrivent pas ?

Si vous avez une idée sur la question, la page « commentaires » de cet article est faite pour accueillir votre avis.

L’affaire du sauternes allongé de Perrier, ici :

http://bonvivantetplus.blogspot.fr/2015/03/du-perrier-dans-mon-sauternes-pardon.html

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