Faut-il vraiment mettre la presse du vin et ses commentateurs aux cent coups sous prétexte que tel vin n’est pas agréé par l’organisme d’appellation ? Ce qui est arrivé à Mélanie et Alfred Tesseron avec le second vin de Pontet-Canet, « les hauts de Pontet-Canet ». Bon. Dans la mesure où cela n’a aucun impact sur les ventes de ce vin au négoce, que reste-t-il à dire ? Et, d’ailleurs, s’agit-il vraiment d’une « affaire » ?
Il y a dix ans que Pontet-Canet a introduit la biodynamie dans ses vignes, premier cru classé du Médoc à le faire. À l’époque, on prenait Tesseron pour un illuminé, au mieux. Aujourd’hui, ses voisins se pressent pour essayer de comprendre ce qui rend les vins si bons. Le blogueur Vincent Pousson avance un certain nombre d’hypothèses, parmi lesquelles une légère augmentation de l’acidité volatile due à l’emploi d’amphores et à la biodynamie. Peut-être bien et c’est une piste intéressante, mais dans la mesure où les Tesseron ne répondent pas (et ils ont bien raison, never explain, never complain, hein), on n’en sait rien encore.
D’autres en profitent pour enterrer aussitôt le système des AOC, jugé obsolète. N’exagérons rien, surtout.
Moi, je me souviens que chaque fois qu’on apprend qu’un vin a été refusé à l’agrément, c’est toujours les meilleurs des appellations qui trinquent. Dürrbach à Trévallon, Richaud et ses cairannes, Bressy et ses rasteaus, les Tari et leurs bandols, d’autres encore, un peu partout. Peut-on se demander pourquoi ? Laissons les jalousies de village, aucun intérêt. Mais pourquoi les organismes de gestion des appellations ne sont pas des moteurs de progrès, d’innovation ? Pourquoi ne portent-ils pas très haut le flambeau de la grande qualité des vins ? Ces sempiternelles arguties sur la « typicité » sont des batailles périmées ou, c’est pire, un épouvantable nivellement par le bas
La vérité est dans le verre. Et c’est là qu’on se dira si les-hauts 2012 est un bon vin ou une pâle copie de ce qu’il était. Je ne suis pas très inquiet, je dois l’avouer.