2014 vu par Frédéric Drouhin

Président de la Maison Joseph Drouhin, mais également de l’Union des Maisons de vins de Bourgogne depuis le printemps dernier, Frédéric Drouhin revient sur 2014, cette « étonnante » année.

Chaleur et précocité
« 2014 a démarré en fanfare. Très vite, la météo a basculé de l’hiver à quasiment l’été. Les températures, très clémentes début mars, ont favorisé un démarrage de la végétation dans tous les secteurs viticoles de Bourgogne. Début avril, les bourgeons s’ouvraient et l’on pouvait même voir déjà certaines pointes vertes. A ce stade, 2014 se plaçait déjà parmi les années les plus précoces.
Très vite, mi-avril, on pouvait voir plusieurs feuilles étalées et, début mai, on a pu constater dans les zones les plus précoces, une dizaine de feuilles étalées. Nous étions quinze jours en avance par rapport à une année normale.

Les quelques pluies ont même boosté la végétation, mais n’ont pas favorisé l’apparition et le développement de maladies. Le risque de mildiou était particulièrement faible en début de campagne. Début juin, beaucoup de parcelles ont montré leurs premières fleurs et si les températures inhabituellement élevées ont permis à celles-ci de se dérouler très rapidement, elles ont également stressé la vigne et entraîné beaucoup d’avortements des jeunes baies. Mi-juin, la floraison était terminée sur bon nombres de secteurs. A Chablis et dans les Hautes Côtes de Beaune et de Nuits, la floraison était encore en cours. »

Orages et effeuillages
« Le 28, un orage de grêle s’est abattu sur le secteur de la Côte de Beaune, en particulier Beaune, Pommard, Volnay, Meursault, touchant plusieurs centaines d’hectares avec des dégâts parfois très conséquents. La vigne était pourtant si belle… Le nord du Mâconnais a lui aussi été touché, avec des dégâts un peu moindres. Le 4 juillet, un nouvel orage de grêle a touché plus précisément le secteur de Pouilly et Solutré.

Les mois de juillet et août ont été étonnamment frais et humides, ce qui n’a que très sensiblement ralenti le développement de la vigne. A la mi-juillet, on constatait la fermeture de la grappe, qui marque aussi la fin de la sensibilité de celle-ci au mildiou. La pluviométrie de ces deux mois a représenté près du double de la normale, avec des températures fraîches. Il a fallu remettre en pratique l’effeuillage. L’état sanitaire est cependant resté satisfaisant, même si sont apparus ça et là des débuts de pourriture sur quelques baies. »

Douceur et vendanges

« Enfin un temps merveilleux, idéal, qui fera tout le millésime. Lumineux, doux, vent du nord, journées chaudes, nuits fraîches, harmonieuses conditions pour finir de porter la maturité à des niveaux souhaités. Les rendements sont très contrastés d’un vignoble et d’une parcelle à l’autre. Pour les vignes touchées par la grêle, les rendements sont situés entre 5 et 10 % d’une récolte normale. Les grappes des vignes ayant passé fleur au moment du pic de chaleur de juin étant très millerandées, les volumes sont en baisse de 30 % par rapport à la normale. Pour toutes les autres vignes, la charge était correcte. La particularité des raisins de l’année est une peau très épaisse, plutôt facteur de qualité mais également signe de rendements en jus faibles.

Les vendanges en Côte d’Or ont démarré le 12 septembre et se sont étalées sur quinze jours, les excellentes conditions climatiques ayant permis un report pour certaines parcelles. A Chablis, elles ont démarré le 15 septembre et se sont aussi étalées sur plus d’une quinzaine de jours. Les premiers décuvages des vins rouges de la Côte d’Or sont en cours et on trouve des vins plutôt équilibrés, d’une jolie couleur, sans être trop intense, et d’une structure tannique fine. Les vins blancs, qui terminent leur fermentation, ont des arômes fruités, nets, des degrés naturels plutôt dans la fourchette basse et une fraîcheur très gourmande. 2014 devrait donc être un très joli millésime dont le niveau de récolte global, supérieur aux trois dernières récoltes déficitaires, s’inscrit dans la moyenne décennale. »

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